dimanche 13 mai 2018

CONTES D'AMIS - 27e Festival de Maisons-Laffitte

POÉTIQUE HOMMAGE A ERIC ROHMER




"Margot, Blanche, Gaspar et Fabien sont tout droit sortis des films d'Eric Rohmer. Avec des scènes tirées de "L'ami de mon amie" (1987) et de "Contes d'été" (1996), le spectacle offre une typologie des relations amoureuses complexes, légères, hésitantes. L'amitié fille-garçon, l'importance du physique, la rupture au téléphone, l'amour non réciproque, la solitude et le célibat sont autant de thèmes abordés tout au long de la pièce." (Extrait du dossier de presse).

FRAÎCHEUR ET POÉSIE

Il y a deux ans 4 élèves de l'école d'Asnières se voient proposer deux thèmes de travail : Marivaux ou Eric Rohmer. Tous leurs camarades ayant choisi Marivaux ils se démarquent en choisissant le cinéaste Eric Rohmer. Après des heures de visionnage de films et plusieurs résidences, sans aide extérieure, ils construisent un spectacle plein de fraîcheur qui reprend des scènes de deux films.

On l'a vu à plusieurs reprises dans ce 27e festival, il n'est pas aisé de réussir à combiner plusieurs textes pour n'en faire qu'un. La compagnie Les Écriés ajoute un paramètre au défi: là où certains veulent mettre une dimension cinématographique dans le théâtre ces quatre jeunes artistes se démarquent une fois de plus et font le choix inverse : rendre théâtrales des scènes écrites pour le cinéma. 

Je le reconnais aisément, je ne suis pas fan de l'univers d'Eric Rohmer. La naïveté, les hésitations de ses personnages à tendance à m'agacer. Mais au-delà du sujet il faut reconnaître la qualité du travail présenté par Les Écriés. Avec peu de moyens ils ont réussi à restituer parfaitement l'univers du cinéaste. Sans chercher à l'imiter ils se l'approprient. Brouillant les pistes en gardant les noms des personnages des deux films références, les quatre comédiens et comédiennes ont toute la fraîcheur et le naturel des personnages de Rohmer. Outre une interprétation très juste ils nous offrent de très jolis tableaux avec des accessoires sortis de leur imagination et créent des visuels d'une grande beauté et d'une jolie poésie.

Un spectacle très maîtrisé avec à son actif moins de 10 représentations. Bravo.

En bref : La compagnie Les Écriés fait souffler un vent de fraîcheur sur ce 27e festival de Maisons-Laffitte avec une belle et poétique évocation de l'univers d'Eric Rohmer. Une compagnie à suivre.

Contes d'amis, d'après Eric Rohmer, mise en scène collective, avec Eléonore Alpi, David Brémaud, Manon Preterre, Quentin Van Eekho

LA COMPAGNIE
Les Écriés ce sont des comédiens amoureux des textes.
Les Écriés ce son des comédiens qui placent la poésie au plus haut, qui pensent qu'il existe une poétique politique. 
Les Écriés se sont des comédiens inscrits dans le temps présent, qui s'émerveillent, découvrent et s'insurgent.
Les Écriés ce sont des comédiens qui invitent le spectateur au rêve, à l'évasion, au plaisir premier du théâtre
Les Écriés ce sont des comédiens qui partent à l'abordage d'une histoire nouvelle, d'une histoire qui s'écrit et s'écrie

Retrouvez toute l'actualité de la compagnie sur sa page Facebook en cliquant ICI



C'EST OU ? C'EST QUAND ?
Festival de Maisons-Laffite
Salle Malesherbes
Samedi 12 mai 2018 - 21h

POUR UN THÉÂTRE SOLIDAIRE

On ne peut pas parler du Festival de Théâtre de Maisons-Laffite sans parler de PSE - Pour un sourire d'enfant. Association d'intérêt général, reconnue de bienfaisance, apolitique et non confessionnelle, PSE défend les Droits des Enfants.

Depuis 20 ans elle agit au Cambodge pour sortir les enfants de l'extrême misère et les mener jusqu'à un métier. Reconnue par les autorités cambodgiennes, l'Association intervient dans le respect du pays, en collaboration avec les cambodgiens. Elle est lauréate du Prix des Droits de l'Homme de la République Française.

La famille Biessy et l'équipe du Festival soutiennent son action depuis de nombreuses années. Si le Festival ne sert pas à lever des fonds pour l'association PSE c'est néanmoins pour moi une occasion idéale de signaler son action et de vous inviter, si vous souhaitez participer à cette aventure, à faire un don en cliquant ICI



JEAN ET BEATRICE - 27e Festival de Maisons-Laffitte

UN DUO D'UNE GRANDE SENSIBILITÉ



La jeune femme parle de séduction et d'amour, lui parle de récompense et de billets de vingt. Ces deux-là peuvent-ils se comprendre ? Béatrice impose à Jean trois épreuves pour révéler le prince charmant qui sommeille - peut-être ! - en lui. (extrait du dossier de presse).

ENTRE JEU ET RÉALITÉ

Il arrive essoufflé à la porte de cet appartement du 33e étage. Béatrice, la jeune femme qui lui ouvre la porte se prétend riche héritière. Jean est chasseur de primes et ne tarde pas à venir à bout des trois épreuves qu'elle lui impose : l’intéresser, l'émouvoir, la séduire. Passé la fascination, l'émotion et la séduction  une autre partie s'engage. Béatrice retient Jean prisonnier dans cet appartement de cette tour fantôme. S'engage alors un duel où les deux vont tenter d'inventer l'amour en mettant en scène les moments d'une vie de couple. Ils basculent entre réalité et fiction et balaient ce qui pourrait être leur vie : l'usure du quotidien, les confidences, les disputes, les réconciliations. A ce jeu du "faisons comme si" ils livrent alors bien plus d'eux-même qu'ils ne le voulaient. Mais cela suffira-t-il à créer les conditions de l'épanouissement de l'amour ?

Dans la première partie Béatrice semble mener la danse tandis que Jean multiplie les artifices pour gagner les défis. Dans la seconde les résistances finissent par tomber, révélant les vérités et les blessures de ces deux êtres solitaires en manque d'amour et dans l'impossibilité de le laisser éclore tant ils ont peur d'aimer.

La mise en scène de Jean-François Lecomte et Pierre-Olivier Scotto est rythmée, dosant avec efficacité les moments intenses en énergie ou en émotion. Jean-François Lecomte, qui a déjà démontré par le passé dans ce festival (et ailleurs) ses grandes qualités de comédien, est éblouissant dans le rôle de Jean. Tout à tour déterminé, rusé, séduisant, violent, attentif, brusque, sensible il déploie une large palette d'émotions. S'il domine la pièce sa partenaire Marie Lardanchet n'est pas en reste. Elle est une Béatrice d'une grande justesse, énergique comme un ouragan mais aussi fragile et sensible.

En bref : En ce dernier jour de compétition le Festival nous offre une très belle mise en scène du texte de la québécoise Carole Fréchette, portée par deux admirables interprétes. Du beau théâtre

Jean et Béatrice, de Carole Fréchette, mise en scène Jean-François Lecomte et Pierre-Olivier Scotto, avec Jean-François Lecomte et Marie Lardanchet

LA COMPAGNIE
Théâtre sur Cour est né en 2008 et s'appuie sur de solides comédiens expérimentés et récompensés à de multiples reprises. La compagnie s'attache à produire des textes souvent contemporains qui fédèrent les comédiens sur l'humanité qui s'y cache pour en révéler la complexité et la richesse. 

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C'EST OU ? C'EST QUAND ?
Festival de Maisons-Laffite
Vieille Eglise
Samedi 12 mai 2018 - 17h30

POUR UN THÉÂTRE SOLIDAIRE

On ne peut pas parler du Festival de Théâtre de Maisons-Laffite sans parler de PSE - Pour un sourire d'enfant. Association d'intérêt général, reconnue de bienfaisance, apolitique et non confessionnelle, PSE défend les Droits des Enfants.

Depuis 20 ans elle agit au Cambodge pour sortir les enfants de l'extrême misère et les mener jusqu'à un métier. Reconnue par les autorités cambodgiennes, l'Association intervient dans le respect du pays, en collaboration avec les cambodgiens. Elle est lauréate du Prix des Droits de l'Homme de la République Française.


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SURPOP' - 27e Festival de Maisons-Laffitte

BON SENS OU  NON-SENS ?



"A l'horizon 2050 les démographes prévoient que la terre devra accueillir près de 10 milliards d'individus. Selon leurs études, cela engendrera une multitude de catastrophes (pollution, pénurie de ressources naturelles, pandémies, conflits...). Un obscur consortium est officieusement en charge de régler le problème. Pour cela il vont faire appel à 7 personnes tirées au sort. Des gens ordinaires. Enfermés dans un lieu inconnu, dirigés par une mystérieuse voix, ils vont devoir se mettre d'accord sur une solution commune. Entre manipulations, négociations, alliances et conflits ces sept individus ne seront libres que s'ils sauvent l'espèce humaine et la Terre". (extrait du dossier de presse)

COMÉDIE DÉMAGO ET DÉCALÉE

La scène est divisée en deux espaces. D'un côté un ouvrier en bleu de travail installe son espace avec du matériel "vintage". Sur l'autre moitié 7 individus vêtus de combinaisons blanches de laboratoire entrent les yeux bandés. Ils se découvrent les uns les autres avant d'être guidés par une voix qui rapidement leur donne pour mission de trouver une solution pour éliminer un milliard d'êtres humains. Comment choisir ? Qui sacrifier ? Faut-il s'attaquer à la cause ou aux symptômes ?

Les personnages sont des clichés. Chacun représente un des sept péchés capitaux et le vice de chacun apparaît clairement dans le comportement et les dialogues. Quant à l'ouvrier qui est la voix et l'organe du consortium à l'origine de ce mystérieux protocole , il tient d'un mix entre Brazil et Mister Bean. Nous sommes clairement dans une comédie qui prend prétexte d'une problématique réelle et sérieuse pour créer un spectacle drôle, décalé et bon enfant. 

Dans une démarche complètement démagogique clairement assumée par le metteur en scène tout y passe : les scénarii les plus cyniques, les hypothèses les plus folles, les théories les plus ubuesques, les méthodes les plus populistes. Les codes de la comédie sont utilisés avec réussite. Le public est réactif et prend autant de plaisir au spectacle que les comédiens sur scène, dans une ambiance détendue. 

La mise en scène est dynamique, le décor simple et cohérent, le texte drôle et parfois caustique. Quant à la distribution elle est très homogène. Les huit comédiens et comédiennes sont justes et montrent une énergie et un enthousiasme qui fait qu'on pardonne aisément les petites erreurs ou approximations. N'oublions pas que c'est un travail de troupe amateur.

En bref : La Compagnie Les Horloges Lumineuses s'empare d'une problématique sérieuse pour une comédie qui bascule dans le non-sens. Les comédien.ne.s s'amusent et le public suit. 


Surpop', écrit et mis en scène par Brice Ledoyen, avec Philippe Briouse (le banquier / l'avarice), Joss Aceval (le boucher / la gourmandise), Adèle Delouche (la call girl / la luxure), Lorène Verdeil (la chirurgienne / l'orgueil), Simon Weil (L'étudiant / la paresse), Gaëlle Monard (la musicienne / la colère), Michèle Terdiman-Pire (la retraité / l'envie), Olivier Pasquier (la voix)


LA COMPAGNIE
Créée en 2008 la Compagnie Les Horloges Lumineuses crée un ou 2 projets par an. Elle travaille avec deux auteurs et metteurs en scènes. Ses projets vont de "La mouette" de Tchékhov à des création originales.

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C'EST OU ? C'EST QUAND ?
Salle Malesherbes
Samedi 12 mai 2018 - 14h30

POUR UN THÉÂTRE SOLIDAIRE

On ne peut pas parler du Festival de Théâtre de Maisons-Laffite sans parler de PSE - Pour un sourire d'enfant. Association d'intérêt général, reconnue de bienfaisance, apolitique et non confessionnelle, PSE défend les Droits des Enfants.

Depuis 20 ans elle agit au Cambodge pour sortir les enfants de l'extrême misère et les mener jusqu'à un métier. Reconnue par les autorités cambodgiennes, l'Association intervient dans le respect du pays, en collaboration avec les cambodgiens. Elle est lauréate du Prix des Droits de l'Homme de la République Française.

La famille Biessy et l'équipe du Festival soutiennent son action depuis de nombreuses années. Si le Festival ne sert pas à lever des fonds pour l'association PSE c'est néanmoins pour moi une occasion idéale de signaler son action et de vous inviter, si vous souhaitez participer à cette aventure, à faire un don en cliquant ICI


samedi 12 mai 2018

CAPRICE(S) - 27e Festival de Maisons-Laffitte

MUSSET's MEDLEY


"Naples, été 2017, un bar dans une rue près d'une église. Perdican et Camille s'aiment mais elle refuse de s'engager avec lui. Il séduit Rosette pour la rendre jalouse. Octave plaide auprès de Marianne, sa cousine par alliance, la cause de Coelio, éperdument amoureux d'elle bien qu'elle soit l'épouse de Claudio, un grand magistrat de la ville. Henri néglige Mathilde qui lui confectionne un cadeau pour le séduire à nouveau. Comment faire des choix et assumer ses responsabilités quand la relation est pervertie ? De jeunes adultes s'enlacent et se déchirent pour nous laisser découvrir l'ambivalence des sentiments, la difficulté d'être avec l'autre" (extrait du dossier de presse)

MODERNISER OR NOT MODERNISER ?

Pour sa mise en scène Marie Burel a pioché dans trois pièces d'Alfred de Musset : "On ne badine pas avec l'amour", "Les caprices de Marianne" et "Un caprice". Elle justifie ses choix par son "engouement pour l'oeuvre d'Alfred de Musset" et adopte le parti pris d'une mise en scène qui se veut moderne.

Cette création dans le cadre des projets de l'école de théâtre amateur "In family school" pose la question de la difficulté de donner un contexte de modernisation des textes classiques. Un pari toujours risqué et difficile à relever. Car qu'est-ce que "'moderniser" un texte ? Suffit-il de transposer l'action dans une autre époque ? un autre lieu ? De mettre un décor et des costumes correspondant à cette époque différente ? Faut-il / Peut-on modifier le texte ?

Autant le dire clairement, je n'ai pas été convaincue par les partis pris de mise en scène de ce spectacle. Ainsi les choix de chansons qui pour moi constituent un contresens total par rapport au texte d'Alfred de Musset, pour ne citer qu'un exemple. Je n'ai pas non plus été convaincue par la nécessité de juxtaposer ces extraits de trois textes qui à aucun moment ne se rencontrent. Enfin je n'ai pas été convaincue non plus par le dispositif scénique qui comporte des chaises sur les côtés sur lesquels les comédiens passifs passent de longs moments d'attente sans que cela n'apporte rien au spectacle, ou par la présence de portants pour des changements de costumes à vue (pour les hommes uniquement, les comédiennes se changeant dans les coulisses) sans justification dans la dramaturgie.

Si ce spectacle n'a pas su me séduire la faute n'en revient pas aux jeunes comédiens qui font de leur mieux avec énergie et engagement. Ainsi Cedric Obstoy relève-t-il haut la main le défi du grand monologue de Perdican face à Louise Battini qui sur cette même scène campe une solide et déterminée Camille.

En bref : le parti pris de la modernisation des textes classiques est un défi difficile à relever. Cette création regroupant trois textes d'Alfred de Musset peine à relever ce défi, malgré de jeunes comédiens volontaires et dynamiques.

Caprice(s), d'après Alfred de Musset, mise en scène Marie Burel, avec Louise Battini (Camille, Mme de Blainville), Manon Dussap (Mathilde de Chavigny), Laetitia Franchitti (Rosette / Ernestine de Léry) Edouard Licoys (Octave / Henri de Chavigny), Cédric Obstoy (Perdican / Claudio), Mélanie Thiriet (Marianne)

LA COMPAGNIE
La Compagnie "Comme c'est bizarre" existe depuis plus de 10 ans. De l'absurde au contemporain, en passant par du classique, elle marche aux coups de cœur. Création de son école de théâtre INFAMILYSCHOOL avec des élèves qui, au-delà des cours, font des représentations sur des scènes parisiennes toute l'année et dans le festival Off d'Avignon.



C'EST OU ? C'EST QUAND ?
Festival de Maisons-Laffite
Salle Malesherbes
Vendredi 11 mai 2018 - 21h

POUR UN THÉÂTRE SOLIDAIRE

On ne peut pas parler du Festival de Théâtre de Maisons-Laffite sans parler de PSE - Pour un sourire d'enfant. Association d'intérêt général, reconnue de bienfaisance, apolitique et non confessionnelle, PSE défend les Droits des Enfants.

Depuis 20 ans elle agit au Cambodge pour sortir les enfants de l'extrême misère et les mener jusqu'à un métier. Reconnue par les autorités cambodgiennes, l'Association intervient dans le respect du pays, en collaboration avec les cambodgiens. Elle est lauréate du Prix des Droits de l'Homme de la République Française.


La famille Biessy et l'équipe du Festival soutiennent son action depuis de nombreuses années. Si le Festival ne sert pas à lever des fonds pour l'association PSE c'est néanmoins pour moi une occasion idéale de signaler son action et de vous inviter, si vous souhaitez participer à cette aventure, à faire un don en cliquant ICI




LA PETITE SECONDE D'ETERNITE - 27e Festival Maisons-Laffitte

RE-DÉCOUVRIR PRÉVERT



"L'histoire est celle de Marie, une femme que l'on pourrait croiser rue de Seine ou ailleurs, et qui, devant nous, découvre ce qui la construit, ce qui la déchire, ce qui la sauve. C'est l'histoire d'une vie, comme tant d'autres, rêvée et bousculée, l'histoire d'une femme qui se dessine grâce aux seuls mots de Prévert. Des mots que l'on connaît tous un peu, déjà, des mots qui se raccrochent au monde actuel et à nos vies". (extrait du dossier de presse)

Seule en scène Marie (Marie Emilie Michel) s'approprie des textes de Jacques Prévert, sélectionnés soigneusement dans "Paroles", "Histoires" et "Spectacles" pour construire une histoire. Dans son appartement une jeune femme qui s'apprête à déménager range ses biens et ses souvenirs. A l'aide d'une caméra / appareil photo elle fait défiler bons et moins bons moments.


Nous avons tous en mémoire les poèmes enfantins et légers de Jacques Prévert. On se remémore son style plutôt joyeux, assez iconoclaste. On a en tête ses textes sur les bonheurs simples de la vie, sur l'amour mais aussi sur la révolte. On se souvient qu'il a été l'un des scénaristes les plus importants du cinéma français. Certains poèmes nous reviennent aux lèvres lorsque Marie les dits. Et on se surprend à (re)découvrir une autre face du poète, plus profonde, plus grave, tant on a oublié qu'il était un artiste engagé. Le spectacle nous le rappelle ou nous l'apprend dès le premier texte, "La lessive", où un salarié modèle de la classe moyenne va tranquillement vaquer à ses occupations après avoir torturé à mort sa fille enceinte d'un inconnu.

La mise en scène fait un usage modéré de la vidéo. Tantôt un film tourné volontairement avec une esthétique imparfaite accompagne un texte, tantôt la comédienne se filme avec projection en direct sur un mu- écran, renforçant l'intimité et la transmission des émotions que ressent son personnage. Il règne sur l'ensemble du spectacle un sentiment nostalgique, parfois lourd, loin des mes souvenirs de poésie légère, de textes ou l'humour était capital, quitte à être parfois noir, et c'est peut-être ce qui m'a manqué pour être tout-à-fait séduite.


Le jardin

Des milliers et des milliers d'années
Ne sauraient suffire
Pour dire
La petite seconde d'éternité
Où tu m'as embrassé
Où je t'ai embrassée
Un matin dans la lumière de l'hiver
Au parc Montsouris à Paris
A Paris
Sur la terre
La terre qui est un astre

Jacques Prévert

En bref : un spectacle qui jette un regard grave et sombre sur l'oeuvre de Jacques Prévert et qui donne envie de se replonger dans ses poèmes et autres écrits.

La petite seconde d'éternité, d'après Jacques Prévert, adaptation Nathalie Matti, Irène Barriquault, Marie-Emilie Michel, mise en scène Nathalie Matti,  avec Marie-Emilie Michel. 


LA COMPAGNIE

Le collectif Lilalune etc. s'intéresse particulièrement aux questions de l'identité à travers des textes qui mettent en jeu le féminin, tels que l'Inattendu de Fabrice Melquiot, Autoportraits ou monologues iraniens, pièce pour 8 comédiennes sur la vie, les désirs, les colères et les secrets des femmes en Iran. La Petite seconde d'éternité est jouée depuis 2012 par Marie-Emilie Michel

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C'EST OU ? C'EST QUAND ?
Festival de Maisons-Laffite
Vieille Eglise
Vendredi 11 mai 2018 - 17h30

POUR UN THÉÂTRE SOLIDAIRE

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METRO, HUIS CLOS, DODO - 27e Festival de Maisons-Laffite

VOYAGE AU BOUT DE L'ENFER DU RER



"Des visages anonymes : un couple (Yves et Sarah) qui peine à trouver son équilibre, une mère et sa fille (Marie) en dissonance à cause d'un père absent...Des inconnus qui rejoignent la ligne ayant pour terminus Denfert-Rochereau et se confondent avec des personnages étranges qui occupent le quai. Très vite l'environnement devient abscons et la RATP se révèle être un ordre secret vivant depuis des temps immémoriaux". (extrait du dossier de presse)

FANTASMAGORIE SOUTERRAINE

Quand commence "Métro, Huis-clos, Dodo", on pense avoir affaire à une comédie satirique des transports en commun. Dans le contexte des grèves SNCF du printemps 2018 cela prend une certaine saveur. Les annonces des agents de la RATP sont tout d'abord classiques et virent rapidement au loufoque : imaginez que l'on vous mette en garde avec un ton décalé contre le risque de viol ! Encore un message qui fait écho avec l'actualité entre le mouvement #Metoo et le harcèlement de rue.

Deux groupes entrent en scène : un couple et un duo mère/fille tout aussi en crise l'un que l'autre. Survient un personnage énigmatique. Est-il un contrôleur ? un aiguilleur ? un conducteur ? Très vite on bascule dans une satire qui emprunte à la culture jeune avec ses références aux jeux vidéo et à Star Wars. La pièce bascule. Les 4 passagers en perdition se retrouvent à errer dans les souterrains du métro, égarés dans un monde ou règnent un maître et ses disciples. Une secte dont on ne perçoit pas vraiment les motivations.

Entre jeux de mots et plaisanteries potaches ou premier degré, combat de Jedi et psychologie de comptoir ("je ne pense pas me tromper je suis abonné à Psychologie Magazine"), on navigue dans une fantasmagorie aux contours flous.

La compagnie Faits d'Art Scéniques aurait tout aussi bien pu s'appeler "fêtards scéniques". "Métro, huis clos, dodo" est né il y a 4, du désir de théâtre de copains qui se sont connus au cours de leurs études en école de commerce. Et c'est effectivement à un spectacle de fin d'études dans lesquels une bande de copains prend plaisir à jouer un projet personnel. Je suis pour ma part restée en dehors de ce texte qui démarrait plutôt bien mais qui à mon sens manque de maturité et n'exploite pas suffisamment sa référence à Jean-Paul Sartre. Si l'enfer c'est les autres, l'utilisation des souterrains du métro pour explorer le subconscient n'est pas exploité et je n'ai pas réussi à monter à bord de ce métro d'enfer ou le maître est l'aiguilleur, le guide qui va aider les passagers à accoucher de leurs craintes et de leurs rancœurs. Dommage car il y avait du potentiel.

En bref : un projet très personnel d'un groupe de copains d'école, qui part d'une situation du quotidien pour se transformer en fantasmagorie floue.

LA COMPAGNIE
Faits d'Art Scénique est un collectif d'auteur(e)s, de metteur(e)s en scène, de comédien(ne)s qui défendent des projets artistiques variés. "Métro, huis clos, dodo vit sa 4ème saison en 2017/2018. Les autres projets sont "Populonicratie", créée et jouée en 2016 et reprise en 2018 et "Théocapitaucratie", une création de l'année 2018.

Retrouvez toute l'actualité de la compagnie sur leur site internet en cliquant ICI

Métro, huis clos, dodo, écrit et mis en scène par Arnaud Patron, avec (nom des comédiens non communiqués - le spectacle tourne avec une dizaine de comédien.nes)


C'EST OU ? C'EST QUAND ?
Salle Malesherbes
Vendredi 11 mai 2018 - 14h30

POUR UN THÉÂTRE SOLIDAIRE

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vendredi 11 mai 2018

HABITER LE TEMPS - 27e Festival de Maisons-Laffitte

FAMILLE JE VOUS HAIS-ME



"Les choix que vos grands-parents ont faits dans le passé vous influencent-ils aujourd'hui ? Héritons-nous nos facultés sociales, nos blessures, notre comportement des générations passées ? Imaginez-vous assis en face de vos parents ou de vos grands-parents alors qu'ils ont le même âge que vous. Quelles questions leur poseriez-vous ? Que voudriez-vous leur dire ?" (extrait du dossier de presse)

Pour cette création originale présentée en compétition dans le 27e festival de théâtre de Maisons-Laffitte, la jeune compagnie Les Poupées Russes a choisi de monter un texte inédit en France d'un jeune auteur suédois. Ce dernier s'inscrit dans la tradition des écrivains nordiques qui posent la question de la filiation, de la transmission, des drames familiaux cachés, de la construction de l'individu dans le non dit.

THRILLER PSYCHOLOGIQUE ET TEMPORALITÉ

L'action prend place dans une maison de famille. Trois générations, trois époques, trois destins. En 1913 Christine et Eric traversent une crise. Leur fils Stéfan dort dans son berceau. En 1968 il revient dans cette maison accompagné de sa thérapeute. Le moment est venu pour lui de se confronter à son passé une fois pour toute pour en finir avec ce drame qui l'a défiguré. En 2014 Myriam, la fille de Stéfan, découvre cette maison où rôdent les fantômes du passé. Avec Hameule, sa compagne enceinte, elle va devoir conjurer le sort et rompre avec la malédiction familiale.

Dans une très belle scénographie et un décor vaporeux où les murs sont des voiles qui créent les différentes dimensions spatiales et temporelles, trois générations se racontent en parallèle. Construite comme un thriller la pièce brouille les pistes du drame familial en juxtaposant les époques. Les mots rebondissent d'une génération à l'autre (un effet un peu trop utilisé) imprimant une cadence rapide, tentant de noyer le spectateur dans des dialogues qui bousculent la temporalité.

La mise en scène de Salomé Elhadad Ramon est très cinématographique. A commencer par l'introduction chorégraphiée par Léandre Ruiz Dalaine. La dramaturgie est soutenue par une très belle création musicale de Lucien Zerrad qui crée une BO digne d'un film.

La construction atypique voulue par l'auteur impose aux comédiens un travail particulier. Les couples sont presque constamment en même temps sur scène et pourtant chaque génération ne peut voir que son partenaire. Un travail qui nécessite une grande concentration et une grande précision de jeu pour donner au spectateur cette impression de superposition. On peut regretter que les costumes ne marquent pas suffisamment les générations, notamment entre 1968 et 2014, ce qui ne facilite pas le travail du spectateur, et que le texte traîne un peu en longueur.

"Aucune cicatrisation n'est possible quand on essaie de camoufler une plaie"

En bref : Une création originale qui permet de découvrir un jeune auteur étranger à l'écriture atypique. Une fresque familiale, un drame et ses répercussions sur plusieurs générations. Une mise en scène et une interprétation qui suscitent beaucoup d'émotions.

Habiter le temps, de Rasmus Lindberg, traduit du suédois par Marianne Ségol Samoy, mise en scène Salomé Elhadad Ramon, avec Lucie Contet, Caroline Gozin, Charlotte Roulland, Adrien Rummler, Louise Termois, Quentin Voinot, Chorégraphie Léandre Ruiz Dalaine, Composition musicale Lucien Zerrad, Composition chant et travail vocal Louise Ternois, Création lumière Eliah Ramon, Production Les Poupées Russes


LA COMPAGNIE
La compagnie Les Poupées Russes est née sur l'intiative de Caroline Gozin, Salomé Elhadad Ramon et Lucie Contet. Réunissant des élève d'une même école de comédie elle veut défendre la place du théâtre dans la cité et porter sur scène des projets participant au Vivre Ensemble.
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C'EST OU ? C'EST QUAND ?
Festival de Maisons-Laffite
Salle Malesherbes
Mercredi 9 mai 2018 - 21h

POUR UN THÉÂTRE SOLIDAIRE

On ne peut pas parler du Festival de Théâtre de Maisons-Laffite sans parler de PSE - Pour un sourire d'enfant. Association d'intérêt général, reconnue de bienfaisance, apolitique et non confessionnelle, PSE défend les Droits des Enfants.

Depuis 20 ans elle agit au Cambodge pour sortir les enfants de l'extrême misère et les mener jusqu'à un métier. Reconnue par les autorités cambodgiennes, l'Association intervient dans le respect du pays, en collaboration avec les cambodgiens. Elle est lauréate du Prix des Droits de l'Homme de la République Française.

La famille Biessy et l'équipe du Festival soutiennent son action depuis de nombreuses années. Si le Festival ne sert pas à lever des fonds pour l'association PSE c'est néanmoins pour moi une occasion idéale de signaler son action et de vous inviter, si vous souhaitez participer à cette aventure, à faire un don en cliquant ICI



Crédit photo @Harold Passini, Renaud Mouronval

PÉDAGOGIE DE L’ÉCHEC - 27e Festival de Maisons-Laffitte

CHAOS OR NOT CHAOS ?




Troisième à entrer en lice dans la compétition du 27e Festival de Théâtre de Maisons-Laffite, la Compagnie Très en Scène s'attaque à un texte de Pierre Notte, auteur bien connu des spectateurs du Théâtre du Rond Point.

Dans La Pédagogie de l’Échec il met en scène le monde du travail après un chaos. S'agit-il d'un tremblement de terre, d'un conflit ? Au fond peu importe. On sait juste que tout a été détruit, qu'il ne reste rien sauf ce bureau du 7ème étage. Dans cette situation de destruction et de désolation un chef de service et son assistante vont continuer à travailler comme si rien n'était arrivé. Une situation incongrue comme les aime l'auteur.

DÉSTABILISANT

Pour l'assistante (Marie Devaud) et son supérieur (Jean-François Carette), la situation pourrait être critique. Autour d'eux le monde n'est que chaos. Mais malgré le vide qui entoure ce bureau du 7e étage, seul à tenir debout, pas question de se laisser abattre. Il faut maintenir les conventions, les apparences. Dans un équilibre instable incarné par deux escabeaux de hauteurs différentes, la violence des rapports hiérarchique et l'absurdité de certaines tâches restent de rigueur. Au travers cette critique du monde du travail c'est une satire globale de la société qui est faite. Avec ses jalousies, ses rancœurs, ses obsessions, ses petites vexations du quotidien.

Le texte de Pierre Notte est ardu et tourne parfois en rond. Les répliques sont courtes, ciselées. Les deux comédiens s'en emparent pour une prestation de qualité. Marie Devaud s'inscrit pleinement dans son personnage d'assistante qui hésite entre respecter sa hiérarchie et céder à la tentation de tout envoyer balader. Chaque émotion est transmise avec justesse. Les répliques claquent, fusent s'enchaînent, accentuant l'effet comique. Son partenaire Jean-François Carette a un jeu un peu en retrait, moins appuyé, moins percutant.

La mise en scène d'Anne Dupuis, assistée de Philippe Thourel, joue sur les codes du clown : couleurs vives et fluo des éléments de décor, costumes aux couleurs vives et mal assorties, maquillage exagéré. Il ne manque que le nez rouge pour finir de mettre l'accent sur l'univers absurde dans lequel évoluent les protagonistes qui dans un espace restreint s'accrochent à ce qui leur reste, leur travail, leur relation, leurs escabeaux, leurs mots.

En bref : Une belle performance pour un texte qui déroute ou qui séduit, selon que l'on soit sensible à l'univers de l'absurde.

LA COMPAGNIE : 

La compagnie Très En Scène réunit depuis 2005 13 comédiens amateurs qui s'étaient rencontrés aux Ateliers Théâtre du Théâtre André Malraux à Rueil Malmaison. Elle présente sa 6e création et s'attache à mettre en scène des textes contemporains.

La compagnie présentera "Pédagogie de l’Échec" les 16 et 17 juin 2018 au Carré à la Farine à Versailles dans le cadre du Mois Molière


Pédagogie de l'Echec, de Pierre Notte, mise en scène de Anne Dupuis, assistant mise en scène Philippe Thourel, avec Marie Devaud et Jean-François Carette



C'EST OU ? C'EST QUAND ?
Festival de Maisons-Laffite
Vieille Eglise
Jeudi 10 mai 2018 - 17h30

POUR UN THÉÂTRE SOLIDAIRE

On ne peut pas parler du Festival de Théâtre de Maisons-Laffite sans parler de PSE - Pour un sourire d'enfant. Association d'intérêt général, reconnue de bienfaisance, apolitique et non confessionnelle, PSE défend les Droits des Enfants.

Depuis 20 ans elle agit au Cambodge pour sortir les enfants de l'extrême misère et les mener jusqu'à un métier. Reconnue par les autorités cambodgiennes, l'Association intervient dans le respect du pays, en collaboration avec les cambodgiens. Elle est lauréate du Prix des Droits de l'Homme de la République Française.

La famille Biessy et l'équipe du Festival soutiennent son action depuis de nombreuses années. Si le Festival ne sert pas à lever des fonds pour l'association PSE c'est néanmoins pour moi une occasion idéale de signaler son action et de vous inviter, si vous souhaitez participer à cette aventure, à faire un don en cliquant ICI



LE BON COTE DES CHOSES - Festival de Maisons-Laffitte

SO BRITISH ! 




Deuxième spectacle en compétition dans le cadre du 27e festival de théâtre de Maisons-Laffitte, "Le bon côté des choses" est présenté par la compagnie Chaos Léger. Cette pièce du britannique Alan Benett met en scène des personnages comme seuls les anglais savent les créer : drôles et humains, le tout dans un humour ...so british.

"Il y a Graham qui vit avec sa vieille mère. Et Suzanne qui est la femme du vicaire. Lui est plutôt satisfait de sa vie, mais tout pourrait basculer. Elle subit la sienne qui ne semble pas vouloir changer. Il y a aussi Leslie qui est actrice et Irène qui écrit des courriers. Si la première est prête à tout donner pour réussir la seconde a déjà fait plus que sa part pour rattraper les ratés". (Extrait du dossier de presse".

CONTES DE LA MISÈRE SOCIALE

Laurent Abecassis et la compagnie sont partis des "Moulins à paroles", monologues radiophoniques d'Alan Benett, pour construire ce spectacle. Le challenge était de construire un spectacle non pas comme une succession de monologues mais comme des scènes de vies qui se croisent. Pour aider à cette mise en perspective les personnages secondaires qui ne sont que mentionnés dans les textes d'origines ont pris corps, s'inscrivant dans un travail collectif de troupe. L'équipe a aussi réussi à maintenir la progression dramaturgique de chaque monologue en l'inscrivant dans une cohérence globale.

Comme souvent dans le théâtre amateur il faut concilier des talents de niveaux différents. Si le jeu est parfois inégal la dynamique est présente et le travail de troupe est cohérent. Dès la première scène on croit avoir cerné les personnages tant ils s'inscrivent dans des clichés. Mais dans cette satire très british de la classe moyenne les surprises ne manquent pas. Le ton léger de la comédie cède la place au dramatique. Comme un oignon dont on ôte les couches progressivement les masques tombent au fil de la dramaturgie. Les fêlures de chacun se révèlent au grand jour. Le cynisme et l'humour très british laissent la place à la cruauté de la vie. Les clichés s'effacent et la profondeur des 4 principaux personnages remonte à la surface. Ceux que l'on moquait gagnent notre sympathie et nous touchent au cœur.

L'actrice putassière prête à tout pour réussir se transforme en chrysalide fragile et sensible bien moins bête qu'elle ne le laissait paraître. La femme du vicaire qui se moquait de la religion communie dans un autre messe. Le fil qui a sacrifié sa vie à sa vieille mère trouve son accomplissement dans son dévouement à cette femme à la mémoire qui flanche. Quant à la voisine jalouse et persécutrice, plaie de son voisinage, elle trouve la liberté dans l'enfermement.

Ma première mention spéciale va au travail de McGyver du décorateur et metteur en scène Laurent Abecassis . Ses portes et chaises constituent presque un personnage à part entière et les changements de décor s'inscrivent avec une certaine fluidité dans l'action grâce à un travail très chorégraphique. La deuxième mention va à Jean-Jacques Douet (Graham) et à Valérie Hahn (Suzanne) qui sont tous les deux très justes tant dans la comédie que dans les moments plus dramatiques. (N'ayant pas la distribution je ne peux malheureusement pas les nommer individuellement)

« Entre le rire des petits faits vrais qu'on se risque à raconter et les larmes des tragédies qu'on parvient à peine à couvrir…, on apprend vite ici que "la vie, c'est généralement quelque chose qui se passe ailleurs." »

Alan Bennett, trad. Jean-Marie Besset


En bref : un beau travail d'écriture pour transformer 4 monologues radiophoniques en un travail de troupe cohérent. Un auteur très british qui part de la comédie pour nous mener vers une critique acide de la société. Un projet ambitieux joliment mis en scène.



LA COMPAGNIE CHAOS LEGER
Association Loi 1901, la compagnie Chaos léger fête ses 19 ans d'existence. Créée par des anciens élèves de l'école parisienne du Passage de Niels Arestrup elle continue avec cette 8ème création à explorer les problèmes de communication, à analyser le genre humain et la cruauté de l'existence. Retrouvez toute l'actualité de la compagnie sur son site en cliquant ICI


Le bon côté des choses, d'Alan Bennett, mise en scène Laurent Abecassis, avec Luc Brasset, Laurent Debouvery, Jean-Jacques Douet, Nelly Goujon, Valérie Hahn, Stéphanie le Tohic, Luc Thabourey


C'EST OU ? C'EST QUAND ?
Festival de Maisons-Laffite
Salle Malesherbes
Jeudi 10 mai 2018 - 14h30

POUR UN THÉÂTRE SOLIDAIRE

On ne peut pas parler du Festival de Théâtre de Maisons-Laffite sans parler de PSE - Pour un sourire d'enfant. Association d'intérêt général, reconnue de bienfaisance, apolitique et non confessionnelle, PSE défend les Droits des Enfants.

Depuis 20 ans elle agit au Cambodge pour sortir les enfants de l'extrême misère et les mener jusqu'à un métier. Reconnue par les autorités cambodgiennes, l'Association intervient dans le respect du pays, en collaboration avec les cambodgiens. Elle est lauréate du Prix des Droits de l'Homme de la République Française.

La famille Biessy et l'équipe du Festival soutiennent son action depuis de nombreuses années. Si le Festival ne sert pas à lever des fonds pour l'association PSE c'est néanmoins pour moi une occasion idéale de signaler son action et de vous inviter, si vous souhaitez participer à cette aventure, à faire un don en cliquant ICI




jeudi 10 mai 2018

LE SALON D’ÉTÉ - 27e Festival de Maisons-Laffitte

UN QUARTET ENTRE ACCORD ET DÉSACCORD


PRÉLUDE

Quel plaisir de retrouver l'équipe du Festival de Théâtre de Maisons-Laffitte, la salle Malesherbes, le public de fidèle, l'esprit familial de ce festival. En préambule de la compétition Sébastien et Béatrice Biessy ont souhaité dédier cette 27e édition à Philippe Prévost, l'âme de la troupe de Triel sur Seine, fidèle de Maison Laffitte, et sur qui le rideau est tombé pour la dernière fois il y a quelques semaines.

La troupe de la Mansonnière a ouvert le festival par une représentation de "L'Ile des esclaves" de Marivaux, devant 11 classes du collège Jean Cocteau. Un public attentif qui a apprécié cette comédie satirique où maîtres et valets échanges les rôles.

OUVERTURE

Pour l'ouverture du 27è Festival de Théâtre de Maison Laffitte c'est une pièce théâtrale et musicale de Coline Serreau qui est présentée par la compagnie La Trappe. "Cette comédie met en scène trois quartettes vocaux, leurs répétitions, leurs désirs, leurs frustrations, leurs amours. En somme tout ce qui fait la vie d'un groupe qui partage la pratique d'un art. Nous les suivons à trois époques différentes : à la fin du XIXe siècle, dans les années 1940 et aujourd'hui" (extrait du dossier de presse).

La pièce de Coline Serreau offre 12 vrais rôles et permet un vrai travail de troupe. Pari osé pour cette compagnie de non professionnels chevronnés puisqu'il ne s'agit pas seulement de jouer un personnage mais également de chanter. Pari relevé haut la main. La note n'est pas toujours juste, mais les quartets sont en répétition et les heures de travail sont payantes.

6 hommes et 6 femmes (et un pianiste) nous transportent dans les trois époques pas si différentes. Dans un décor minimaliste (un piano droit, quelques chaises de jardin, une petite table, un pupitre et un métronome) trois suspensions lumineuses proches du piano représentent chacune une époque. Un soin méticuleux a été apporté aux costumes, notamment pour les années 1940.

Les trajectoires de ces douze personnages se superposent. Miroirs des uns et des autres ils sont représentatifs chacun de leur époque. Les couples se font et se défont. Les désirs sont tus ou finissent par s'exprimer faisant éclater le(s) quartet(s). Bach, le jazz, les chansons légères de Janequin, le boogie-woogie, les airs de Rossini, le gospel : toutes les musiques résonnent, ponctuant ou soulignant  avec malice l'état d'esprit des personnages. On retrouve dans le texte et dans chaque personnage l'humour et l'humanité de l'auteur. Chaque personnage est attachant, même Arnold le délaissé.

Sous couvert de comédie l'auteure en profite pour faire passer quelques messages. On parle d'homosexualité au XIXe siècle comme aujourd'hui, de lâcheté et de trahison pendant la guerre, de désir et de jalousie. Au sein de ces trois quartets accord et désaccord se succèdent. Ça se chamaille, se cherche, se critique, se soutient. Jamais la corde ne casse, mais l'harmonie finit toujours par l'emporter. Ne dit-on pas que la musique adoucit les mœurs et qu'en France tout finit toujours par des chansons ?

La mise en scène de Christophe Lesage est globalement bien rythmée. La distribution est harmonieuse. Chaque rôle est parfaitement dessiné : Louise (Johanna Manteaux), le rossignol de la troupe dotée également d'un beau talent de comédienne ; Mathilde (Dominique Edelin), l'épouse désabusée en quête de nouvelles émotions ; Henri (François Sahores) le jeune maladroit aux mimiques irrésistibles de drôlerie ; Gustave (Pierre Lesage) qui du haut de ses 87 ans est admirable d'énergie ; Annette (Amandine Eymard) fragile puis féroce amoureuse ; Germaine (Suzie Dupont) superbe de présence et d'humour qui subit les aigreurs d'Arnold (Gilbert Edelin) ; David (Pascal Etting) superbe dans la première partie où il prend les accents de Jean Rochefort pour séduire Annette, puis émouvant dans son monologue ; Atia (Anne Pazdzior), l'éternelle révoltée qui surjoue parfois ; Margot (Stéphanie Poisson), imperturbable de flegme dans le calme comme lorsque souffle la tempête Atia ; Sacha (Xavier Maufroy) et Daniel (Christophe Lesage), hommes du XXIe siècle. Sans oublier Victor Baledent à la clarinette puis au piano, qui accompagne les chanteurs et rythme les changements de période.

En bref : un début de festival en fanfare ! Une comédie qui réserve de beaux moments d'émotion et une troupe en harmonie qui relève avec brio le pari d'un spectacle théâtral et musical. Une mention particulière pour Johanna Manteaux qui m'a touchée non seulement par la beauté de son chant mais aussi par la finesse de son jeu.

"Qu'est-ce que j'y peux si Bach met une musique très gaie sur des paroles très tristes...
- Mais là c'est pas triste, c'est tragique...encore en allemand ça passe on comprend rien, mais en français..."

Le Salon d'été, de Coline Serreau, mis en scène par Christophe Lesage, avec Johanna Manteaux, Dominique Edelin, François Sahores, Pierre Lesage, Amandine Eymard, Suzy Dupont, Gilbert Edelin, Pascal Etting, Anne Pazdzior, Stéphanie Poisson, Xavier Maufroy, Christophe Lesage, pianiste Victor Baledent, composition des musiques de transition Diane Peyrat, chef de choeur Marie-Christine Baduel, création lumière Xavier Laplume

Retrouvez toute l'actualité de la Compagnie La Trappe en cliquant ICI

C'EST OU ? C'EST QUAND ?
Festival de Maisons-Laffite
Salle Malesherbes
Mercredi 9 mai 2018 - 21h

POUR UN THÉÂTRE SOLIDAIRE

On ne peut pas parler du Festival de Théâtre de Maison Laffite sans parler de PSE - Pour un sourire d'enfant. Association d'intérêt général, reconnue de bienfaisance, apolitique et non confessionnelle, PSE défend les Droits des Enfants.

Depuis 20 ans elle agit au Cambodge pour sortir les enfants de l'extrême misère et les mener jusqu'à un métier. Reconnue par les autorités cambodgiennes, l'Association intervient dans le respect du pays, en collaboration avec les cambodgiens. Elle est lauréate du Prix des Droits de l'Homme de la République Française.

La famille Biessy et l'équipe du Festival soutiennent son action depuis de nombreuses années. Si le Festival ne sert pas à lever des fonds pour l'association PSE c'est néanmoins pour moi une occasion idéale de signaler son action et de vous inviter, si vous souhaitez participer à cette aventure, à faire un don en cliquant ICI