UN QUARTET ENTRE ACCORD ET DÉSACCORD
PRÉLUDE
Quel plaisir de retrouver l'équipe du Festival de Théâtre de Maisons-Laffitte, la salle Malesherbes, le public de fidèle, l'esprit familial de ce festival. En préambule de la compétition Sébastien et Béatrice Biessy ont souhaité dédier cette 27e édition à Philippe Prévost, l'âme de la troupe de Triel sur Seine, fidèle de Maison Laffitte, et sur qui le rideau est tombé pour la dernière fois il y a quelques semaines.
La troupe de la Mansonnière a ouvert le festival par une représentation de "L'Ile des esclaves" de Marivaux, devant 11 classes du collège Jean Cocteau. Un public attentif qui a apprécié cette comédie satirique où maîtres et valets échanges les rôles.
OUVERTURE
Pour l'ouverture du 27è Festival de Théâtre de Maison Laffitte c'est une pièce théâtrale et musicale de Coline Serreau qui est présentée par la compagnie La Trappe. "Cette comédie met en scène trois quartettes vocaux, leurs répétitions, leurs désirs, leurs frustrations, leurs amours. En somme tout ce qui fait la vie d'un groupe qui partage la pratique d'un art. Nous les suivons à trois époques différentes : à la fin du XIXe siècle, dans les années 1940 et aujourd'hui" (extrait du dossier de presse).
La pièce de Coline Serreau offre 12 vrais rôles et permet un vrai travail de troupe. Pari osé pour cette compagnie de non professionnels chevronnés puisqu'il ne s'agit pas seulement de jouer un personnage mais également de chanter. Pari relevé haut la main. La note n'est pas toujours juste, mais les quartets sont en répétition et les heures de travail sont payantes.
6 hommes et 6 femmes (et un pianiste) nous transportent dans les trois époques pas si différentes. Dans un décor minimaliste (un piano droit, quelques chaises de jardin, une petite table, un pupitre et un métronome) trois suspensions lumineuses proches du piano représentent chacune une époque. Un soin méticuleux a été apporté aux costumes, notamment pour les années 1940.
Les trajectoires de ces douze personnages se superposent. Miroirs des uns et des autres ils sont représentatifs chacun de leur époque. Les couples se font et se défont. Les désirs sont tus ou finissent par s'exprimer faisant éclater le(s) quartet(s). Bach, le jazz, les chansons légères de Janequin, le boogie-woogie, les airs de Rossini, le gospel : toutes les musiques résonnent, ponctuant ou soulignant avec malice l'état d'esprit des personnages. On retrouve dans le texte et dans chaque personnage l'humour et l'humanité de l'auteur. Chaque personnage est attachant, même Arnold le délaissé.
Sous couvert de comédie l'auteure en profite pour faire passer quelques messages. On parle d'homosexualité au XIXe siècle comme aujourd'hui, de lâcheté et de trahison pendant la guerre, de désir et de jalousie. Au sein de ces trois quartets accord et désaccord se succèdent. Ça se chamaille, se cherche, se critique, se soutient. Jamais la corde ne casse, mais l'harmonie finit toujours par l'emporter. Ne dit-on pas que la musique adoucit les mœurs et qu'en France tout finit toujours par des chansons ?
La mise en scène de Christophe Lesage est globalement bien rythmée. La distribution est harmonieuse. Chaque rôle est parfaitement dessiné : Louise (Johanna Manteaux), le rossignol de la troupe dotée également d'un beau talent de comédienne ; Mathilde (Dominique Edelin), l'épouse désabusée en quête de nouvelles émotions ; Henri (François Sahores) le jeune maladroit aux mimiques irrésistibles de drôlerie ; Gustave (Pierre Lesage) qui du haut de ses 87 ans est admirable d'énergie ; Annette (Amandine Eymard) fragile puis féroce amoureuse ; Germaine (Suzie Dupont) superbe de présence et d'humour qui subit les aigreurs d'Arnold (Gilbert Edelin) ; David (Pascal Etting) superbe dans la première partie où il prend les accents de Jean Rochefort pour séduire Annette, puis émouvant dans son monologue ; Atia (Anne Pazdzior), l'éternelle révoltée qui surjoue parfois ; Margot (Stéphanie Poisson), imperturbable de flegme dans le calme comme lorsque souffle la tempête Atia ; Sacha (Xavier Maufroy) et Daniel (Christophe Lesage), hommes du XXIe siècle. Sans oublier Victor Baledent à la clarinette puis au piano, qui accompagne les chanteurs et rythme les changements de période.
La pièce de Coline Serreau offre 12 vrais rôles et permet un vrai travail de troupe. Pari osé pour cette compagnie de non professionnels chevronnés puisqu'il ne s'agit pas seulement de jouer un personnage mais également de chanter. Pari relevé haut la main. La note n'est pas toujours juste, mais les quartets sont en répétition et les heures de travail sont payantes.
6 hommes et 6 femmes (et un pianiste) nous transportent dans les trois époques pas si différentes. Dans un décor minimaliste (un piano droit, quelques chaises de jardin, une petite table, un pupitre et un métronome) trois suspensions lumineuses proches du piano représentent chacune une époque. Un soin méticuleux a été apporté aux costumes, notamment pour les années 1940.
Les trajectoires de ces douze personnages se superposent. Miroirs des uns et des autres ils sont représentatifs chacun de leur époque. Les couples se font et se défont. Les désirs sont tus ou finissent par s'exprimer faisant éclater le(s) quartet(s). Bach, le jazz, les chansons légères de Janequin, le boogie-woogie, les airs de Rossini, le gospel : toutes les musiques résonnent, ponctuant ou soulignant avec malice l'état d'esprit des personnages. On retrouve dans le texte et dans chaque personnage l'humour et l'humanité de l'auteur. Chaque personnage est attachant, même Arnold le délaissé.
Sous couvert de comédie l'auteure en profite pour faire passer quelques messages. On parle d'homosexualité au XIXe siècle comme aujourd'hui, de lâcheté et de trahison pendant la guerre, de désir et de jalousie. Au sein de ces trois quartets accord et désaccord se succèdent. Ça se chamaille, se cherche, se critique, se soutient. Jamais la corde ne casse, mais l'harmonie finit toujours par l'emporter. Ne dit-on pas que la musique adoucit les mœurs et qu'en France tout finit toujours par des chansons ?
La mise en scène de Christophe Lesage est globalement bien rythmée. La distribution est harmonieuse. Chaque rôle est parfaitement dessiné : Louise (Johanna Manteaux), le rossignol de la troupe dotée également d'un beau talent de comédienne ; Mathilde (Dominique Edelin), l'épouse désabusée en quête de nouvelles émotions ; Henri (François Sahores) le jeune maladroit aux mimiques irrésistibles de drôlerie ; Gustave (Pierre Lesage) qui du haut de ses 87 ans est admirable d'énergie ; Annette (Amandine Eymard) fragile puis féroce amoureuse ; Germaine (Suzie Dupont) superbe de présence et d'humour qui subit les aigreurs d'Arnold (Gilbert Edelin) ; David (Pascal Etting) superbe dans la première partie où il prend les accents de Jean Rochefort pour séduire Annette, puis émouvant dans son monologue ; Atia (Anne Pazdzior), l'éternelle révoltée qui surjoue parfois ; Margot (Stéphanie Poisson), imperturbable de flegme dans le calme comme lorsque souffle la tempête Atia ; Sacha (Xavier Maufroy) et Daniel (Christophe Lesage), hommes du XXIe siècle. Sans oublier Victor Baledent à la clarinette puis au piano, qui accompagne les chanteurs et rythme les changements de période.
En bref : un début de festival en fanfare ! Une comédie qui réserve de beaux moments d'émotion et une troupe en harmonie qui relève avec brio le pari d'un spectacle théâtral et musical. Une mention particulière pour Johanna Manteaux qui m'a touchée non seulement par la beauté de son chant mais aussi par la finesse de son jeu.
"Qu'est-ce que j'y peux si Bach met une musique très gaie sur des paroles très tristes...
- Mais là c'est pas triste, c'est tragique...encore en allemand ça passe on comprend rien, mais en français..."
Le Salon d'été, de Coline Serreau, mis en scène par Christophe Lesage, avec Johanna Manteaux, Dominique Edelin, François Sahores, Pierre Lesage, Amandine Eymard, Suzy Dupont, Gilbert Edelin, Pascal Etting, Anne Pazdzior, Stéphanie Poisson, Xavier Maufroy, Christophe Lesage, pianiste Victor Baledent, composition des musiques de transition Diane Peyrat, chef de choeur Marie-Christine Baduel, création lumière Xavier Laplume
Retrouvez toute l'actualité de la Compagnie La Trappe en cliquant ICI
C'EST OU ? C'EST QUAND ?
Festival de Maisons-Laffite
Salle Malesherbes
Mercredi 9 mai 2018 - 21h
POUR UN THÉÂTRE SOLIDAIRE
On ne peut pas parler du Festival de Théâtre de Maison Laffite sans parler de PSE - Pour un sourire d'enfant. Association d'intérêt général, reconnue de bienfaisance, apolitique et non confessionnelle, PSE défend les Droits des Enfants.
Depuis 20 ans elle agit au Cambodge pour sortir les enfants de l'extrême misère et les mener jusqu'à un métier. Reconnue par les autorités cambodgiennes, l'Association intervient dans le respect du pays, en collaboration avec les cambodgiens. Elle est lauréate du Prix des Droits de l'Homme de la République Française.
La famille Biessy et l'équipe du Festival soutiennent son action depuis de nombreuses années. Si le Festival ne sert pas à lever des fonds pour l'association PSE c'est néanmoins pour moi une occasion idéale de signaler son action et de vous inviter, si vous souhaitez participer à cette aventure, à faire un don en cliquant ICI
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