vendredi 11 mai 2018

HABITER LE TEMPS - 27e Festival de Maisons-Laffitte

FAMILLE JE VOUS HAIS-ME



"Les choix que vos grands-parents ont faits dans le passé vous influencent-ils aujourd'hui ? Héritons-nous nos facultés sociales, nos blessures, notre comportement des générations passées ? Imaginez-vous assis en face de vos parents ou de vos grands-parents alors qu'ils ont le même âge que vous. Quelles questions leur poseriez-vous ? Que voudriez-vous leur dire ?" (extrait du dossier de presse)

Pour cette création originale présentée en compétition dans le 27e festival de théâtre de Maisons-Laffitte, la jeune compagnie Les Poupées Russes a choisi de monter un texte inédit en France d'un jeune auteur suédois. Ce dernier s'inscrit dans la tradition des écrivains nordiques qui posent la question de la filiation, de la transmission, des drames familiaux cachés, de la construction de l'individu dans le non dit.

THRILLER PSYCHOLOGIQUE ET TEMPORALITÉ

L'action prend place dans une maison de famille. Trois générations, trois époques, trois destins. En 1913 Christine et Eric traversent une crise. Leur fils Stéfan dort dans son berceau. En 1968 il revient dans cette maison accompagné de sa thérapeute. Le moment est venu pour lui de se confronter à son passé une fois pour toute pour en finir avec ce drame qui l'a défiguré. En 2014 Myriam, la fille de Stéfan, découvre cette maison où rôdent les fantômes du passé. Avec Hameule, sa compagne enceinte, elle va devoir conjurer le sort et rompre avec la malédiction familiale.

Dans une très belle scénographie et un décor vaporeux où les murs sont des voiles qui créent les différentes dimensions spatiales et temporelles, trois générations se racontent en parallèle. Construite comme un thriller la pièce brouille les pistes du drame familial en juxtaposant les époques. Les mots rebondissent d'une génération à l'autre (un effet un peu trop utilisé) imprimant une cadence rapide, tentant de noyer le spectateur dans des dialogues qui bousculent la temporalité.

La mise en scène de Salomé Elhadad Ramon est très cinématographique. A commencer par l'introduction chorégraphiée par Léandre Ruiz Dalaine. La dramaturgie est soutenue par une très belle création musicale de Lucien Zerrad qui crée une BO digne d'un film.

La construction atypique voulue par l'auteur impose aux comédiens un travail particulier. Les couples sont presque constamment en même temps sur scène et pourtant chaque génération ne peut voir que son partenaire. Un travail qui nécessite une grande concentration et une grande précision de jeu pour donner au spectateur cette impression de superposition. On peut regretter que les costumes ne marquent pas suffisamment les générations, notamment entre 1968 et 2014, ce qui ne facilite pas le travail du spectateur, et que le texte traîne un peu en longueur.

"Aucune cicatrisation n'est possible quand on essaie de camoufler une plaie"

En bref : Une création originale qui permet de découvrir un jeune auteur étranger à l'écriture atypique. Une fresque familiale, un drame et ses répercussions sur plusieurs générations. Une mise en scène et une interprétation qui suscitent beaucoup d'émotions.

Habiter le temps, de Rasmus Lindberg, traduit du suédois par Marianne Ségol Samoy, mise en scène Salomé Elhadad Ramon, avec Lucie Contet, Caroline Gozin, Charlotte Roulland, Adrien Rummler, Louise Termois, Quentin Voinot, Chorégraphie Léandre Ruiz Dalaine, Composition musicale Lucien Zerrad, Composition chant et travail vocal Louise Ternois, Création lumière Eliah Ramon, Production Les Poupées Russes


LA COMPAGNIE
La compagnie Les Poupées Russes est née sur l'intiative de Caroline Gozin, Salomé Elhadad Ramon et Lucie Contet. Réunissant des élève d'une même école de comédie elle veut défendre la place du théâtre dans la cité et porter sur scène des projets participant au Vivre Ensemble.
Retrouvez toute l'actualité de la compagnie sur son site en cliquant ICI


C'EST OU ? C'EST QUAND ?
Festival de Maisons-Laffite
Salle Malesherbes
Mercredi 9 mai 2018 - 21h

POUR UN THÉÂTRE SOLIDAIRE

On ne peut pas parler du Festival de Théâtre de Maisons-Laffite sans parler de PSE - Pour un sourire d'enfant. Association d'intérêt général, reconnue de bienfaisance, apolitique et non confessionnelle, PSE défend les Droits des Enfants.

Depuis 20 ans elle agit au Cambodge pour sortir les enfants de l'extrême misère et les mener jusqu'à un métier. Reconnue par les autorités cambodgiennes, l'Association intervient dans le respect du pays, en collaboration avec les cambodgiens. Elle est lauréate du Prix des Droits de l'Homme de la République Française.

La famille Biessy et l'équipe du Festival soutiennent son action depuis de nombreuses années. Si le Festival ne sert pas à lever des fonds pour l'association PSE c'est néanmoins pour moi une occasion idéale de signaler son action et de vous inviter, si vous souhaitez participer à cette aventure, à faire un don en cliquant ICI



Crédit photo @Harold Passini, Renaud Mouronval

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