SO BRITISH !
Deuxième spectacle en compétition dans le cadre du 27e festival de théâtre de Maisons-Laffitte, "Le bon côté des choses" est présenté par la compagnie Chaos Léger. Cette pièce du britannique Alan Benett met en scène des personnages comme seuls les anglais savent les créer : drôles et humains, le tout dans un humour ...so british.
"Il y a Graham qui vit avec sa vieille mère. Et Suzanne qui est la femme du vicaire. Lui est plutôt satisfait de sa vie, mais tout pourrait basculer. Elle subit la sienne qui ne semble pas vouloir changer. Il y a aussi Leslie qui est actrice et Irène qui écrit des courriers. Si la première est prête à tout donner pour réussir la seconde a déjà fait plus que sa part pour rattraper les ratés". (Extrait du dossier de presse".
CONTES DE LA MISÈRE SOCIALE
Laurent Abecassis et la compagnie sont partis des "Moulins à paroles", monologues radiophoniques d'Alan Benett, pour construire ce spectacle. Le challenge était de construire un spectacle non pas comme une succession de monologues mais comme des scènes de vies qui se croisent. Pour aider à cette mise en perspective les personnages secondaires qui ne sont que mentionnés dans les textes d'origines ont pris corps, s'inscrivant dans un travail collectif de troupe. L'équipe a aussi réussi à maintenir la progression dramaturgique de chaque monologue en l'inscrivant dans une cohérence globale.
Comme souvent dans le théâtre amateur il faut concilier des talents de niveaux différents. Si le jeu est parfois inégal la dynamique est présente et le travail de troupe est cohérent. Dès la première scène on croit avoir cerné les personnages tant ils s'inscrivent dans des clichés. Mais dans cette satire très british de la classe moyenne les surprises ne manquent pas. Le ton léger de la comédie cède la place au dramatique. Comme un oignon dont on ôte les couches progressivement les masques tombent au fil de la dramaturgie. Les fêlures de chacun se révèlent au grand jour. Le cynisme et l'humour très british laissent la place à la cruauté de la vie. Les clichés s'effacent et la profondeur des 4 principaux personnages remonte à la surface. Ceux que l'on moquait gagnent notre sympathie et nous touchent au cœur.
L'actrice putassière prête à tout pour réussir se transforme en chrysalide fragile et sensible bien moins bête qu'elle ne le laissait paraître. La femme du vicaire qui se moquait de la religion communie dans un autre messe. Le fil qui a sacrifié sa vie à sa vieille mère trouve son accomplissement dans son dévouement à cette femme à la mémoire qui flanche. Quant à la voisine jalouse et persécutrice, plaie de son voisinage, elle trouve la liberté dans l'enfermement.
Ma première mention spéciale va au travail de McGyver du décorateur et metteur en scène Laurent Abecassis . Ses portes et chaises constituent presque un personnage à part entière et les changements de décor s'inscrivent avec une certaine fluidité dans l'action grâce à un travail très chorégraphique. La deuxième mention va à Jean-Jacques Douet (Graham) et à Valérie Hahn (Suzanne) qui sont tous les deux très justes tant dans la comédie que dans les moments plus dramatiques. (N'ayant pas la distribution je ne peux malheureusement pas les nommer individuellement)
« Entre le rire des petits faits vrais qu'on se risque à raconter et les larmes des tragédies qu'on parvient à peine à couvrir…, on apprend vite ici que "la vie, c'est généralement quelque chose qui se passe ailleurs." »
Alan Bennett, trad. Jean-Marie Besset
En bref : un beau travail d'écriture pour transformer 4 monologues radiophoniques en un travail de troupe cohérent. Un auteur très british qui part de la comédie pour nous mener vers une critique acide de la société. Un projet ambitieux joliment mis en scène.
LA COMPAGNIE CHAOS LEGER
Association Loi 1901, la compagnie Chaos léger fête ses 19 ans d'existence. Créée par des anciens élèves de l'école parisienne du Passage de Niels Arestrup elle continue avec cette 8ème création à explorer les problèmes de communication, à analyser le genre humain et la cruauté de l'existence. Retrouvez toute l'actualité de la compagnie sur son site en cliquant ICI
Le bon côté des choses, d'Alan Bennett, mise en scène Laurent Abecassis, avec Luc Brasset, Laurent Debouvery, Jean-Jacques Douet, Nelly Goujon, Valérie Hahn, Stéphanie le Tohic, Luc Thabourey
C'EST OU ? C'EST QUAND ?
Festival de Maisons-Laffite
Salle Malesherbes
Jeudi 10 mai 2018 - 14h30
POUR UN THÉÂTRE SOLIDAIRE
On ne peut pas parler du Festival de Théâtre de Maisons-Laffite sans parler de PSE - Pour un sourire d'enfant. Association d'intérêt général, reconnue de bienfaisance, apolitique et non confessionnelle, PSE défend les Droits des Enfants.
Depuis 20 ans elle agit au Cambodge pour sortir les enfants de l'extrême misère et les mener jusqu'à un métier. Reconnue par les autorités cambodgiennes, l'Association intervient dans le respect du pays, en collaboration avec les cambodgiens. Elle est lauréate du Prix des Droits de l'Homme de la République Française.
La famille Biessy et l'équipe du Festival soutiennent son action depuis de nombreuses années. Si le Festival ne sert pas à lever des fonds pour l'association PSE c'est néanmoins pour moi une occasion idéale de signaler son action et de vous inviter, si vous souhaitez participer à cette aventure, à faire un don en cliquant ICI
Bonjour Christine
RépondreSupprimerla comedienne jouant Suzanne s'appelle Valérie Hahn et celui jouant Graham, Jean-Jacques Douet.
le metteur en scène est également celui qui a conçu la scénographie et fabriqué les décors
Merci pour ce complément d'information. J'ai modifié ma chronique pour inclure leur nom que ne n'avais pas au moment de l'écriture.
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