PARIS NE BRULERA PAS
"Nuit capitale" est un peu une version Reader's digest de la pièce de Cyril Gély "Diplomatie". L'auteur imagine un dialogue fictif entre le Général Dietrich von Choltitz, chef des armées allemandes à Paris, et le consul de Suède Raoul Nordling. La scène se déroule dans la nuit du 25 août 1944 à l'hôtel Meurice. Nuit capitale puisqu'elle scellera le destin de la ville lumière. Si la pièce originale dure plus de 2h, la Compagnie de la Trille Blanche en donne une version raccourcie de moins d'une heure.
Au cours de cette rencontre deux visions s'opposent. Le Général von Choltitz n'est en poste que depuis deux semaines. Hitler lui a confié la mission de détruire Paris avant l'arrivée des troupes alliées. Le consul Raoul Nordling dispose de quelques heures pour le faire changer d'avis. Le militaire allemand, rompu à l'obéissance et à la loyauté à sa patrie, est mis face à sa conscience. Si le diplomate suédois joue sur la fibre de la culture, du patrimoine historique et du jugement des générations futures, le général est tiraillé entre tout ce qui a fait sa vie et l'amour de ses proches retenus en otage par Hitler.
Le spectateur le sait : l'armée allemande ne mettra pas à exécution le projet de destruction de la capitale française. C'est donc ailleurs que se situe l'intérêt du texte. Dans l'ensemble la mise en scène pose bien cette dualité entre les deux personnages. L'un est posé, tempéré, érudit, solennel. L'autre ne tient pas en place.
Dans cette mise en scène de qualité portée par deux comédiens de très bon niveau, il m'a manqué peu de choses pour que je sois totalement convaincue. Un peu plus de force dans le jeu, plus de tension dans l'affrontement entre les deux personnages. J'aurais aimé plus de colère, plus de force dans le Général von Choltitz. Par ailleurs le parti pris d'une version très courte précipite la bascule du général. Elle arrive trop vite et devient peut-être moins compréhensible.
Il n'en demeure pas moins une belle composition qui laisse suffisamment de place au questionnement sur la réalité historique et le miracle qui nous permet toujours de jouir aujourd'hui de la magnificence de notre belle capitale.
Le point de vue de Véro du blog Théâtr'elle à lire en cliquant ICI
Nuit capitale, d'après Cyril Gély, mise en scène de Dom Lakanal, avec Olivier Heyraud et Dominique Chivot, avec la participation de Carole Dardenne et l'aimable collaboration de Fabien Moulin, costumes Constance Talewee
Vu le 26/05/2022 - Vieille église - Maisons Laffitte
POUR UN THEÂTRE SOLIDAIRE
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