jeudi 26 mai 2022

Monsieur chasse - 30e festival de Maison Laffitte

 TO BE OR NOT TO BE LA CIBLE


RETROUVAILLES

Deux ans que nous n’étions revenus à Maison Laffitte, dans ce festival de théâtre amateur créé il y a 30 ans par Sébastien et Béatrice Biessy. Revenir à la salle Malesherbes c’est se dire que la vie a enfin repris ses droits. Et comme le dit M . Jacques Myard, maire de Maison Laffitte, un vrai amoureux du théâtre, le théâtre a ceci de magique et unique dans l’histoire de l’humanité que rien ne peut le mettre à terre, rien ne peut le détruire. Il traverse les siècles toujours plus fort parce qu’il est la vie.

Ce 30e festival, le dernier pour Sébastien et Béatrice, s’ouvre et se fermera sur l’empereur du boulevard : Georges Feydeau (que l’on croisera également jeudi soir dans « Edmond »). C’est la Compagnie Les Joyeux de la Couronne qui ouvre le bal avec « Monsieur chasse ». Créée en 2019 la pièce a été jouée plus de 100 fois et rencontre partout le succès public et critique, et a récolté 3 nominations au P’tits Molières en 2019 dont celle de la meilleure comédie.

QUE DE FEYDEAU !

Comme je le dis souvent, ceux qui me suivent depuis longtemps savent que le boulevard n’est pas mon registre de prédilection. Les textes de Feydeau, Labiche ou encore Courteline sont pour moi datés, dépassés, et il faut un sacré courage pour s’y attaquer. Car au-delà du fond il y a aussi la forme. Comme me le disait un metteur en scène dont j’ai oublié le nom, Feydeau ne supporte pas l’à-peu-près. Pour que la mécanique du rire fonctionne il faut que tout soit réglé au cordeau.

Il y a de bonnes choses dans la proposition de la Cie Les Joyeux de la Couronne, et particulièrement le choix de placer l’action dans les années 1930, en agrémentant le texte de chansons plus ou moins retravaillées, associées à des sympathiques chorégraphies. Un choix qui m’a beaucoup fait penser au « On purge bébé » mis en scène par Emeline Bayard en 2019 mais qui est aussi la marque de fabrique de la compagnie. Ici les choix sont judicieux et s’intègrent bien dans le contexte de la pièce. Il y est classiquement question de mari, d’épouse, d’amants, de maîtresses et de quiproquo. Les 6 comédiens / chanteurs ont de belles voix et ces intermèdes musicaux sont dans l’ensemble très réussis.

HOMMAGE OU CARICATURE ?

Là où je n’adhère pas au parti pris de mise en scène, c’est dans l’exagération poussée à l’extrême qui pousse le jeu d’acteur vers la caricature, les anachronismes qui tombent comme un cheveu sur la soupe (la commissaire imitation de Florence Foresti, certes bien faite mais hors de propos – la musique de Benny Hill ou de l’inspecteur Gadget, les appuis trop récurrents et trop marqués à la ville de Maison Laffite, etc), et surtout le recours à un jeu de scène parfois grossier pour ne pas dire vulgaire qui ne rend pas hommage à l'auteur.

Si le public a beaucoup ri et apprécié ce spectacle, personnellement je me suis ennuyée. Malgré la qualité du travail des comédiens, et plus particulièrement Séverine Wolf qui endosse trois rôles très différents, passant de l’un à l’autre avec une facilité remarquable, ou encore Kevin Maille et Loïc Brousoz, deux seconds rôles très justes, je n’ai pas adhéré à la mise en scène. Olivier Schmidt a souvent une diction trop rapide et pousse trop fort la voix, si rapide qu’il n’articule pas, si fort qu’on n'entend plus le texte. Alexandrin Magin est inégale dans le rôle de Léontine, tantôt nunuche, tantôt femme en colère. Quant à Julien Hammer, il est un peu effacé face aux extravagances de ses partenaires.

Bref, je serai certainement la seule note discordante dans un concert de louanges. Comme quoi il est facile de passer à côté d’un spectacle.

Ce spectacle a obtenu le Prix du Public du 30e Festival de Maisons Laffitte.

Monsieur Chasse, de Georges Feydeau, adaptation, mise en scène et scénographie Olivier Schmidt, piano et arrangements musicaux Justine Verdier, chorégraphies Séverine Wolff, avec Olivier Schmidt, Julien Hammer, Alexandra Magin, Séverine Wolff, Kevin Maille, Loïc Brousoz

Vu 25/05/2022 - Salle Malesherbes - Maisons Laffitte

Pour lire le point de vue de Véro de Théâtr'elle, cliquez ICI

"A L'OMBRE D'OZ" A AVIGNON


Mais comme la qualité de cette troupe n’est plus à démontrer je vous invite à les retrouver cet été 2022 à Avignon, au théâtre de l’Observance ou du 7 au 30 juillet ils joueront à 12h « A l’ombre d’Oz » un spectacle en hommage à la grande Judy Garland.




POUR UN THEÂTRE SOLIDAIRE


On ne peut pas parler du Festival de Théâtre de Maisons-Laffitte sans parler de PSE - Pour un sourire d'enfant. Association d'intérêt général reconnue de bienfaisance, apolitique et non confessionnelle, PSE défend les Droits des Enfants.

Depuis plus de 25 ans elle agit au Cambodge pour sortir les enfants de l'extrême misère et les mener jusqu'à un métier. Reconnue par les autorité cambodgiennes, l'association intervient dans le respect du pays, en collaboration avec les habitants. Elle est lauréate du Prix des Droits de l'Homme de la République Française.

La famille Biessy et l'équipe du Festival soutiennent son action depuis de nombreuses années. Si le festival ne sert pas à lever des fonds pour PSE, c'est néanmoins pour moi l'occasion idéale de signaler son action et de vous inviter, si vous souhaitez participer à cette aventure, à faire un don en cliquant ICI.


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