TO BE OR NOT TO BE LA CIBLE
RETROUVAILLES
Ce 30e festival, le dernier pour Sébastien et Béatrice, s’ouvre
et se fermera sur l’empereur du boulevard : Georges Feydeau (que l’on
croisera également jeudi soir dans « Edmond »). C’est la Compagnie Les Joyeux de la Couronne qui ouvre le bal avec « Monsieur chasse ». Créée en 2019 la pièce a été jouée plus de 100 fois et rencontre partout le succès
public et critique, et a récolté 3 nominations au P’tits Molières en 2019 dont
celle de la meilleure comédie.
QUE DE FEYDEAU !
Comme je le dis souvent, ceux qui me suivent depuis
longtemps savent que le boulevard n’est pas mon registre de prédilection. Les
textes de Feydeau, Labiche ou encore Courteline sont pour moi datés, dépassés,
et il faut un sacré courage pour s’y attaquer. Car au-delà du fond il y a aussi
la forme. Comme me le disait un metteur en scène dont j’ai oublié le nom, Feydeau
ne supporte pas l’à-peu-près. Pour que la mécanique du rire fonctionne il faut
que tout soit réglé au cordeau.
Il y a de bonnes choses dans la proposition de la Cie Les Joyeux
de la Couronne, et particulièrement le choix de placer l’action dans les années
1930, en agrémentant le texte de chansons plus ou moins retravaillées,
associées à des sympathiques chorégraphies. Un choix qui m’a beaucoup fait
penser au « On purge bébé » mis en scène par Emeline Bayard en 2019 mais
qui est aussi la marque de fabrique de la compagnie. Ici les choix sont
judicieux et s’intègrent bien dans le contexte de la pièce. Il y est
classiquement question de mari, d’épouse, d’amants, de maîtresses et de quiproquo.
Les 6 comédiens / chanteurs ont de belles voix et ces intermèdes musicaux sont
dans l’ensemble très réussis.
HOMMAGE OU CARICATURE ?
Là où je n’adhère pas au parti pris de mise en scène, c’est
dans l’exagération poussée à l’extrême qui pousse le jeu d’acteur vers la
caricature, les anachronismes qui tombent comme un cheveu sur la soupe (la
commissaire imitation de Florence Foresti, certes bien faite mais hors de
propos – la musique de Benny Hill ou de l’inspecteur Gadget, les appuis trop récurrents et trop marqués à la ville de Maison Laffite, etc), et surtout le recours à un
jeu de scène parfois grossier pour ne pas dire vulgaire qui ne rend pas hommage à l'auteur.
Si le public a beaucoup ri et apprécié ce spectacle,
personnellement je me suis ennuyée. Malgré la qualité du travail des comédiens,
et plus particulièrement Séverine Wolf qui endosse trois rôles très différents,
passant de l’un à l’autre avec une facilité remarquable, ou encore Kevin Maille
et Loïc Brousoz, deux seconds rôles très justes, je n’ai pas adhéré à la mise
en scène. Olivier Schmidt a souvent une diction trop rapide et pousse trop fort
la voix, si rapide qu’il n’articule pas, si fort qu’on n'entend plus le texte.
Alexandrin Magin est inégale dans le rôle de Léontine, tantôt nunuche, tantôt
femme en colère. Quant à Julien Hammer, il est un peu effacé face aux
extravagances de ses partenaires.
Bref, je serai certainement la seule note discordante dans un concert de louanges. Comme quoi il est facile de passer à côté d’un spectacle.
Ce spectacle a obtenu le Prix du Public du 30e Festival de Maisons Laffitte.
"A L'OMBRE D'OZ" A AVIGNON
Mais comme la qualité de cette troupe n’est plus à démontrer je vous invite à les retrouver cet été 2022 à Avignon, au théâtre de l’Observance ou du 7 au 30 juillet ils joueront à 12h « A l’ombre d’Oz » un spectacle en hommage à la grande Judy Garland.
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