dimanche 27 février 2022

THE NORMAL HEART

HEART BREAKING


1981 à New York. Un médecin, Emma Bruckner, commence à voir des malades mourir rapidement d'un mal inconnu. Dans le même temps, Ned Weeks se lance dans le combat pour mobiliser la presse et les autorités afin de reconnaître cette maladie qui décime la communauté homosexuelle, tandis que le centre pour le contrôle et la prévention des maladies minimise les chiffres.

"The Normal Heart" nous replonge au début des années 1980, alors que le monde découvrait le virus du SIDA, cette maladie honteuse et sans intérêt puisqu'elle ne semblait toucher que la communauté homosexuelle. La pièce de Larry Kramer s'appuie sur quelques membres de cette communauté pour démontrer les difficultés rencontrées pour qu'enfin le monde prenne conscience que le SIDA constituait une pandémie qui pouvait toucher tout le monde. Il aura fallu plus de 2 ans et des milliers de morts dans le monde, avant que la guerre scientifique entre français et américains ne cesse pour construire un traitement contre le virus. En 2022, alors que nous vivons encore la pandémie du Covid-19 et que tous les laboratoires n'ont pas mis 1 mois à se lancer dans la course au vaccin, les moins de 30 ans auront peut-être du mal à croire ou être touchés par cette histoire. Comment comprendre le fait que la société est restée si longtemps silencieuse à sujet de ce mal ? Comment accepter le traitement réservé alors aux malades, le rejet, l'effroi, la peur, le déni ?

"The Normal Heart" réunit tous les ingrédients du succès : une histoire dramatique et vraie, des personnages attachants, une écriture fine, une très belle direction d'acteur et une distribution très réussie. La sobriété du décor et de la mise en scène met l'accent sur le texte, sur la sidération d'une communauté décimée, sur les divergences qui animaient ces membres, sur la mise à l'écart de ces gens qui avaient choisi la liberté d'aimer, sur la colère qui les animait, sur le combat pour la reconnaissance.

Dimitri Storoge est la colonne vertébrale, dans le rôle de Ned Weeks, vibrant de colère contre ceux qui ignorent le virus (qui n'a alors pas de nom) et ses dégâts, moteur de la lutte associative avec sa hargne et son mauvais caractère et néanmoins extrêmement sensible. Autour de lui tous sont remarquables : Michaël Abiteboul qui joue Ben Weeks, le frère de Ned, avocat qui sera longtemps un soutien ; Deborah Grall est l'inspirante et déterminée Dr Emma Bruckner qui sera le soutien médical de l'association de Ned. Andy Gillet est Bruce Nills, le contrepoids raisonné de Ned. Brice Michelini est pour moi la révélation de cette distribution. Magnifique Tommy Boatwright, portrait d'une communauté qui s'est battue pour la liberté d'aimer et qui refuse de baisser les bras, activiste de terrain il incarne, au-delà des chiffre, les individus frappés de plein fouet. Et puis il y a Jules Pelissier, le sensible Félix, celui qui apportera à Ned tendresse et douceur, sans oublier Joss Berlioux qui interprète plusieurs personnages.

En bref : Ecrite en 1984, deux ans avant la création d'Act-Up, la pièce n'a rien perdu de sa force. Elle vibre de colère mais aussi d'amour. #ANePasManquer

The Normal Heart, de Larry Kramer, traduction et mise en scène de Virginie de Clausade, avec Michaël Abiteboul en alternance avec Scali Delpeyrat, Joss Berlioux, Déborah Grall, Andy Gillet, Brice Michelini, Jules Pélissier et Dimitri Storoge 


C'EST OU ? C'EST QUAND

Théâtre La Bruyère
5 Rue La Bruyère 75009 Paris
Depuis le 20 janvier - du mercredi au samedi 21h
Matinée le samedi à 17h

Crédit photo @Virgine de Clausade

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire