jeudi 20 janvier 2022

HARVEY

 HONNI SOIT QUI MAL Y PENSE


Laurent Pelly met en scène une pièce britannique peu connue : Harvey. L'occasion de se plonger à nouveau dans un univers onirique comme les aime le dramaturge. On se souvient notamment de son très beau "L'oiseau vert" en 2015. Cette fois-ci il nous emmène rencontrer un doux rêveur de l'autre côté de la Manche. Une soirée poétique.

Elwood à la quarantaine et vit dans une grande maison bourgeoise britannique avec sa sœur Vera et la fille de cette dernière, Myrtle. La jeune fille est en âge de se marier et sa mère veut la lancer dans le monde. Si ce n'était Harvey, l'ami imaginaire d'Elwood, un lapin de 2m que nul ne voit hormis Elwood et qui ruine la vie sociale des deux femmes. Un ami imaginaire, ça passe quand c'est celui d'un enfant, mais Elwood a passé l'âge de ces enfantillages. C'est décidé, Vera va le faire interner. Mais incomprise par les médecins c'est elle qui se retrouve enfermée.


De quiproquos en malentendus, dans ce conte aux allures de boulevard un brin désuet, la subtilité de la langue et les manipulations et rebondissements en tous genres sèment le doute dans l'esprit des protagonistes, mais aussi du spectateur. Elwood est-il aussi fou qu'il le laisse paraître ?

Comme toujours chez Laurent Pelly la scénographie est sublime. L'esthétisme de la création de Chantal Thomas, jointe aux lumières de Joël Adam, à l'ambiance sonore installée par Alice Loustalot et aux costumes de Laurent Pelly et Jean-Jacques Delmotte contribuent à la magie du spectacle. Les panneaux du décor, sorte de Tetris, avec ses éléments qui viennent de partout : des côtés, du plafond, et s'incrustent les uns dans les autres tout en jouant en transparence avec le fonds de scène. Sont ainsi mis en place deux espaces : la maison bourgeoise et le hall de l'hôpital psychiatrique.


Dans ces espaces clairement marqués s'agitent tout une galerie de personnages cartoonesques. Les problèmes techniques rencontrés le soir de la représentation à laquelle j'ai assisté expliquent peut-être un certain manque de rythme. J'aurais aimé un jeu un peu plus cartoonesque lui aussi tant l'histoire se prête à une mise en scène à la Tex Avery. Il y a une vraie volonté de mettre en opposition Elwood (Jacques Gamblin) dandy british facétieux avec les autres personnages, censés être l'image de la raison et du sérieux, dont les postures souvent droites et rigides virent à la caricature. Dans cette opposition c'est cet esprit dérangé d'Elwood qui paraît parfois le plus normal de tous.

Autour de Jacques Gamblin la troupe ne ménage pas sa peine pour laisser place à la poésie du texte et de la mise en scène ainsi qu'à la douce folie de Mary Chase. Sauf qu'à y bien réfléchir, Harvey n'est peut-être pas qu'un trublion sorti de l'imagination d'Elwood. Ne serait-il pas le symbole de l'enfance qui ne nous quitte pas, de cette fantaisie qui rend la vie plus belle et permet de supporter la rudesse parfois du quotidien ?

En bref : Avec ce conte aux allures de boulevard Laurent Pelly nous offre une belle soirée de poésie et d'esthétisme. Autour de Jacques Gamblin, impérial Elwood, la troupe virevolte fait vibrer notre âme d'enfant. Un joli moment de poésie qui mériterait peut-être un brin de folie supplémentaire.

Harvey, de Mary Chase, mis en scène de Laurent Pelly, avec Jacques Gamblin, Charlotte Clamens, Pierre Aussedat, Agathe L'Huillier, Thomas Condemine, Emmanuel Daumas Lydie Pruvot, Katell Jan, Grégory Faive, Kevin Sinesi. 

C'EST OU ? C'EST QUAND ?

Théâtre Montansier - Versailles
du 18 au 22 janvier 2022
Tournée 
Saint Germain en Laye - 28/01/22
Mont de Marsan - 02/02/22
Arcachon - 04/02/22
Colombes - L'avant-scène- 08/03/22
Suresnes, Théâtre Jean Vilar - 10 et 11/03/22
CADO - Orléans du 17/03 au 01/04/22

Vu Janvier 2022 au Théâtre Montansier de Versailles

Crédit photo @Polo Garat

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