L'AUTRICHIENNE !
Le regard de Corinne
Marion
Bierry, comédienne auréolée de prix, metteure en scène
récompensée à de multiples reprises aux Molières, s'attaque ici à
la mise en scène de « Marie Antoinette » de Stefan
Zweig.
Sa première rencontre avec cette reine remonte à son
adolescence et est à l'initiative de sa grand mère. Mais c'est la
lecture de la biographie de cet auteur qui modifiera l'image qu'elle
s'en était forgée. Tout en rappelant le contexte historique, son
adaptation s'attache principalement à l'aspect humain, le sentiment
de l'auteur, comme un témoignage posthume de Marie Antoinette.
Zweig,
comme son héroïne, est autrichien et comme elle, il a connu non pas
la Révolution mais la 1ère guerre mondiale et a pressenti l'arrivée
de la seconde. Sa biographie de Marie Antoinette, basée sur
l'analyse de son procès, lui a permis de faire un parallèle entre
ces époques de tourmentes. Il en décortique les rouages économiques
et sociaux, les tractations politiques qui ont conduit à la
Révolution. Et au milieu de ce chambardement ce sont retrouvés une
reine et son roi clairement pas taillés pour contrer ces événements,
pour renverser le cours de l'histoire.
La
mise en scène de Marion Bierry est sobre. Pas de costumes d'époque,
pas de décors grandioses, juste deux comédiens pour balayer cet
épisode. L'essentiel est ailleurs. Elle choisit la forme narrative.
Le comédien Thomas Cousseau déroule le contexte historique, du
mariage de Marie Antoinette à sa fin, tel un juge, témoin des événements. Dans un ballet bien coordonné, il passe le relais à
Marion Bierry, qui endosse le rôle de l'avocate. A travers son
plaidoyer, elle nous fait part des sentiments, des réactions de la
reine. Nous la découvrons sous un autre angle. La jeune princesse
frivole et insouciante, loin des préoccupations politiques, se
révèle et prend conscience du tord qu'elle a eu de faire confiance
à des pseudos alliés, de négliger le peuple et sa fonction royale.
Au terme de son procès, à charge, après avoir enduré bien des
bassesses et des cruautés, elle nous apparaît résignée certes
mais digne, digne de son rang. C'est en quelque sorte une
réhabilitation de son image.
Le
jeu des comédiens est parfaitement synchronisé donnant le rythme et
la dynamique nécessaires à la pièce. Ici se joue le procès de la
royauté, le ton est grave, parfois sarcastique face aux trahisons
(de son propre camp) auxquelles a du faire face Marie Antoinette.
En
bref, le choix de Marion Bierry d'axer sa pièce principalement sur
le sentiment de l'auteur, sur l'aspect humain de cette tragédie
historique, est novateur et instructif. Le jeu des comédiens, tout
en justesse, ajoute à l'intensité de cette pièce.
Une belle découverte.
Marie-Antoinette, d'après Stefan Zweig, mis en scène par Marion Bierry,n avec Marion Bierry et Thomas Cousseau
C'EST OU ? C'EST QUAND ?
Théâtre de Poche Montparnasse
75 boulevard Montparnasse- Paris 6ème.
Du
5 septembre au 10 novembre 2019
Crédit photo @Pascal Gely
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