Un Noël pas comme les autres !
Le regard de Corinne
Décembre 1917, la guerre fait rage et continue à produire son lot de victimes. Nous sommes dans une église transformée pour l'occasion en infirmerie, située non loin d'un champs de bataille. Le bruit des canons se fait entendre.
Quatre femmes et un homme s’apprêtent pourtant à partager le repas de Noël dans ce lieu insolite. Ils trinquent, mangent, se racontent leurs souvenirs leur passé, ils se laissent aller le temps d'une soirée pour se donner du courage et affronter la suite...
Nous retrouvons ici le texte de Dany Laurent dont l'adaptation au théâtre en 2004 lui avait valu trois Molières. Cette remise en mémoire d'une page sombre et triste de notre histoire est emprunte de sobriété et de réalisme. Malgré la dureté des événements où le moindre instant de bonheur est compté, la vie continue coûte que coûte, reprend même le dessus, pour faire peu à peu une place à l'amour.
Car finalement, même en temps de guerre, de belles rencontres peuvent se vivre comme celle de Suzy, jeune infirmière bénévole, et d'Henry, fils aîné de la baronne, soldat blessé. Avec finesse et sensibilité,Yves Pignot met en scène cette tranche de vie.
La pièce est emmenée par des comédiens dont l'interprétation est tout en justesse.
Marguerite (Marie Vincent), personnage central, énergique, qui secoue tout ce petit monde, est très attachante. D'un tempérament bourru au premier abord, elle sait aussi se montrer sensible et affectueuse, particulièrement avec Pierre.
La baronne (Virginie Lemoine), pour qui nous aurions tendance à avoir moins d'indulgence,
parfaitement interprétée, est sèche et pétrie de principes liés à sa classe sociale. Elle est rigide et même dure avec son second fils Pierre. Mais elle aussi a eu son lot de douleur, de malheur et elle n'en est que plus touchante.
La jeune et jolie Suzy (Ariane Brousse) espiègle, ivre de liberté et follement amoureuse d'Henry, prête à soulever des montagnes pour faire tomber les barrières sociales que la baronne tente de dresser entre eux. Elle nous embarque dans sa romance.
Louise (Katia Miran), elle aussi jeune et jolie, toute en timidité, en fragilité, issue d'une famille qui ne lui pardonnera pas d'être enceinte d'un jeune soldat parti au front, alors qu'elle n'est pas mariée.
Et enfin, Pierre ( Axel Huet) le second fils de la baronne, handicapé, a qui sa mère reproche de ne pas être parti faire la guerre. Lui aussi est très touchant par la naïveté qu'il caractérise et l'inconscience qu'il a de la situation. Axel Huet trouve le bon équilibre pour donner de la crédibilité à son personnage.
En bref, Comme en 14 est une pièce toute en nuance et en émotion, dont le réalisme est rendu par le jeu subtil des comédiens. C'est un beau moment de théâtre.
C'EST OU ? C'EST QUAND ?
Théâtre La Bruyère
5 Rue de la Bruyère – Paris 9 ème.
Du 8 février au 27 avril 2019
Crédit @Photo Lot
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire