Raymond Devos – François Morel, même combat : l'humour !
Le regard de Corinne
Quel plaisir de ré-entendre les sketchs de Raymond Devos. Depuis sa
mort en 2006, la rediffusion de ses textes et/ou spectacles se fait
rare dans les médias. Un grand merci donc à François Morel de nous
offrir ce cadeau.
C'est
une belle idée de vouloir partager avec nous cet humour subtil qui
se nourrit des absurdités du langage, des absurdités des choses et
qui élève le quotidien.
A travers des écrits comme « Le car
pour Caen » ou encore « Sens dessus dessous », nous
mesurons tout l'art de Devos de jongler avec les mots, de les
manipuler, de les triturer jusqu'à en faire un monologue ou un
dialogue comique et délirant. Pour lui, le rire ne doit être ni
méchant ni facile. Ce principe transpire de ses écrits.
François
Morel ne tombe pas pour autant dans le piège de l'imitation, de
l'identification. Son admiration pour cet artiste, qui a peu
d'équivalents dans le paysage humoriste français, l'oblige à
imaginer son spectacle différemment que la simple récitation.
Seul
à la mise en scène, il imprime sa touche personnelle. En
introduction, il reprend un texte qu'il avait écrit en 2002 à
l'occasion de sa rencontre avec Raymond Devos dans l'émission de
radio « Le fou du roi ». François Morel avait imaginé
un échange entre Saint Pierre et Dieu.
« Saint
Pierre, je m'ennuie, convoquez-moi Devos. Pardonnez-moi mon Dieu,
mais, Devos, on l'invite, on le convie, si on a de l'argent, on
l'engage entre deux galas pour une soirée privée, mais on ne
convoque pas Devos ! Devos, plus qu'un artiste, c'est un
créateur ! Ça a énervé le Bon Dieu : le créateur ici,
c'est moi ».
Le
ton est donné. Nous sommes dans la même veine artistique, dans la
même famille humoristique.
Les sketchs s'enchaînent alors, dont
certains sont repris en musique, avec la complicité d'Antoine
Sahler, contrepoids du comique, qui joue à merveille son rôle, au
piano, à la guitare ou au chant.
Le
fantôme de Devos, coincé entre ces deux-là, s'invite même sur
scène alors que nous écoutons des extraits d'une émission de
Jacques Chancel. Cette apparition, qui comme son modèle, ne se prend
pas au sérieux et cherche à enlever de la solennité au moment
présent en essayant de pianoter quelques notes de musique.
Par
ce spectacle, sobre et fluide, François Morel révèle le même
esprit de saltimbanque, de jongleur de mots, de mime burlesque que
Raymond Devos. Comme ce dernier, c'est un amoureux de la langue
française, que son prix Raymond Devos, obtenu en 2013, ne vient pas
démentir.
J'ai
des doutes de et avec François Morel, composition musicale d'Antoine
Sahler, musique et interprétation de Romain Lemire en alternance
avec Antoine Sahler. Textes
de Raymond Devos.
C'EST OU ? C'EST QUAND ?
Théâtre
du Rond Point
2 Bis Avenue Franklin Roosevelt - 75008 Paris
Du
4 décembre 2008 au 6 janvier 2019 – 18h30.
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