lundi 10 décembre 2018

LA MACHINE DE TURING - Le regard de Corinne

LA CHUTE D'UN GÉNIE
Le regard de Corinne


Grace au film "Imitation Game" nous savons tous, en 2018, ce que nous devons à Alan
Turing. Mathématicien de génie, il a réussi à décoder en 1942 la machine Enigma utilisée
par l'armée allemande. Il a permis de sauver beaucoup de vie. Il ne devait cependant pas en
parler, mission secrète oblige. Son travail ne sera connu du public que bien plus tard.

Avec"La Machine de Turing", Benoit Solès choisit de mettre l'accent sur un épisode de la vie
privée de Turing. La pièce débute au commissariat de police où Alan Turing, victime d'un vol,est venu déposer plainte. Nous sommes en 1951.

Par son attitude et la faible valeur des objets volés, le policier en charge de l'enquête, est
intrigué, il décide de creuser un peu, et finit par en découvrir plus sur le passé de Turing.

Par le jeu de flashback, petit à petit, nous déroulons le fil de sa vie: son recrutement pour
cette mission secrète, son homosexualité, son procès pour indécence et perversion sexuelle
puis sa condamnation, point final de la pièce.

Sur scène, deux comédiens pour nous faire vivre, et apprécier cette histoire, ce spectacle.
Benoit Soles interprète avec brio Alan Turing, personnage complexe. La timidité qu'il incarne, un pied légèrement rentré et se dandinant sur place, nous donne l'impression d'être face à un grand enfant mal à l'aise avec les autres, naïf, maladroit, s'essayant à l'humour. Et avec naturel et facilité, le comédien se glisse dans la peau du Turing aux capacités intellectuelles impressionnantes, hors du commun, capable de résoudre une partie d'échec en un rien de temps. Il est transfiguré dés qu'il s'agit de résoudre un problème d'ordre scientifique.

Quant à Arnaud de Crayencour, il est tour à tour ce commissaire de police fouineur, le
copain homosexuel un peu voyou sur les bords, complice du vol à l'origine de la chute de
Turing, et l'officier recruteur hautain et autoritaire. Il passe de l'un à l'autre avec aisance et en un clin d'œil.

La mise en scène est rythmée, tonique, avec ce va et vient dans la vie d'Alan Turing. Nous
passons de 1942 à 1951, et vice et versa, en un jeu de lumière sur le décor mural. Les
épisodes s'imbriquent avec harmonie et donnent un équilibre, un équilibre émotionnel à la
pièce.

C'est un beau spectacle, sobre, que nous livre-là Benoit Solès.


La machine de Turing, de Benoit Soles, mise en scène de Tristan Petitgirard assisté de Anne Plantey, avec Benoit Soles et Aumaury de Crayencourt, décor Olivier Prost, costumes Virgnie H, lumières Denis Schlepp, musique Romain Trouillet

C'EST OU ? C'EST QUAND ?
Théâtre Michel
Rue des Mathurin 75009 Paris
Jusqu'au 30 mars 2019

du mardi au samedi 21h - dimanche 16h



Crédit photo @Fabienne Rappeneau

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