LE GRAND ART D'UN COMÉDIEN CAMÉLÉON
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Seul en scène pendant 1h30 François de Brauer nous raconte avec moult métamorphoses et bruitages l'histoire ubuesque de la Réforme Goutard qui vise à faire disparaître l'art et les artistes. Entre réflexion philosophique et performance d'acteur un étonnant moment de théâtre.
L'ART, CE FLÉAU !
La première confrontation de Rémi Goutard avec l'art est liée à un pot de yaourt. Il est à peine sorti de ses couches qu'il ravage le chef-d'oeuvre du peintre émergeant Regis Duflou, ami de ses parents. De là naîtra son aversion pour l'art et les artistes. Là seront semés les germes de ce qui le conduira à envisager une réforme qui vise à faire disparaître l'art de la société. Peut-on envisager vengeance ou traumatisme plus radical ?
UN ACTEUR CAMÉLÉON
Sur le plateau 4 chaises dont une suspendue au plafond. Les notes de "Ainsi parlait Zarathoustra" retentissent, amplifiées, déformées, crissantes, dissonantes, agressant les oreilles du spectateur. François de Brauer entre en scène. Et soudain nous vivons en direct la naissance de Rémi Goudart en parallèle avec le rendez-vous professionnel de son père qui rate donc "le plus important rendez-vous de sa vie" selon l'obstétricien. En deux minutes le comédien a interprété la parturiente, le médecin accoucheur, l'infirmière, le père, l'éditeur. Le ton est donné : tout au long récit le comédien caméléon ne va pas cesser de passer en un éclair d'un personnage à l'autre.
Une performance incroyable ! Un geste, une posture, un accent ou une voix, un rien qui est un tout et François de Brauer jongle avec les personnages, une vingtaine en tout. Le rythme est effréné. Mime, comédien, ventriloque aussi. La performance est techniquement de haute voltige et hilarante. Un travail d'une extrême précision qui cache derrière la facilité apparente un travail long de recherche de la perfection.
Pourtant un bémol pour que le spectacle soit une pépite. Le texte n'a pas soulevé en moi une adhésion inconditionnelle. Derrière l'humour et l'absurde rien de bien nouveau dans cette critique d'un certain monde de l'art contemporain et sur l'utilité de l'art, quelle que soit la forme qu'il prend, même si c'est l'art pictural qui est ici le point d'ancrage du discours. La fronde de Goudard semble se limiter à des considérations psychologiques. On aurait attendu une réflexion plus profonde, peut-être plus politique. Dans cet affrontement entre Goutard, l'anti-art, et Duflou, le défenseur de l'art, on retiendra l'hilarant numéro de jongleur.
En bref : une performance étonnante de François de Brauer. On aurait néanmoins souhaité une réflexion plus approfondi sur la dimension politique de l'utilité de l'art.
La loi des prodiges, de et avec François de Brauer, collaboration artistique Louis Arène et Joséphine Serre, lumières François Menou Costumes Christelle André
C'EST OU ? C'EST QUAND ?
17 Rue René Boulange 75010 Paris
Jusqu'au 22 déc 2018 - Vendredi / Samedi 21h - Dimanche 18h
Du 26 au 30 décembre du mardi au samedi 21h - Dimanche 18h
Du 2 février au 31 mars samedi 16h dimanche 18h lundi 20h
Crédit photo @
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