REGARD INTROSPECTIF D'UNE COMMUNAUTÉ BLESSÉE
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Amor a passé la nuit en boite de nuit. Quand il en sort il sent que quelque chose a changé mais ne sait dire quoi. Dans sa déambulation citadine il sent les regards, de plus en plus pesants. Son meilleur ami ne cesse de l'appeler mais il ne veut pas lui parler. Ils ont grandi ensemble dans la cité mais leurs chemins ont divergé. L'un a fait des études, a quitté la cité, l'autre s'est arrêté plus tôt et vit d'une petite affaire dans le bâtiment.
Deux parcours, deux quêtes identitaires. Mais tous deux confrontés à une situation nouvelle. Un attentat a eu lieu. Le portrait robot du présumé assassin leur ressemble, met en cause une communauté.
"Je ne sais pas si l'ambiance a changé ou si c'est moi qui imagine des choses"
Inconscient de ce qui vient d'arriver, Amor semble perdu dans ce nouveau monde. Lui qui est né dans ce pays, dont les parents sont venus d'ailleurs, lui qui croit connaître tout de cette société, ne sait plus qui il est. Le regards que les autres posent désormais sur lui, regard inquiet et accusateur, le perturbe, réveille des peurs qu'il ne connaissait pas. Soudain, par un fait qui lui est étranger, il se sent inadapté.
L'oeuvre de Jonas Hassen Khemiri est axée sur la place de l'étranger dans la société occidentale. Noémie Rosenblatt découvre ce texte après les attentats de 2015 à Paris. Il rassemble les interrogations d'une communauté : comment accepter qui l'on est et assumer cette complexité sans avoir à se justifier ou à choisir ? Comment apaiser les blocages ? Comment vivre ensemble ? Amor n'est pas un héros, seulement un jeune homme d'aujourd'hui.
La mise en scène de Noémie Rosenblatt inscrit l'action dans un décor urbain, fait de blocs, de cages en ferraille. Un environnement modulaire. Dans chaque ville où se joue "j'appelle mes frères" il est fait appel à une troupe amateur qui se mêlent aux acteurs. Choeur des habitants de la ville, reflet de sa diversité. Une façon de dire que cette question de l'identité et de la place de l'étranger concerne tout le monde.
J’appelle mes frères, de Jonas Hassen Khemiri, traduit du suédois par Marianne Ségol-Samoy, mise en scène de Noémie Rosenblatt, avec Pris illa Bescond, Kenza Lagnaoul, Maxime Le Gall, Slimane Uefsah et les Amplificateurs de voix (chœur de 11 amateurs)
En bref : "j'appelle mes frères" nous interpelle tous sur la place de l’étranger dans nos sociétés occidentales. Sans jugement, sans à-priori, sans donner de leçon, pour dire que le vivre ensemble reste possible et que la voie de l'apaisement existe.
C'EST OU ? C'EST QUAND ?
Avignon Off 2018
La Manufacture (La patinoire) - 3 rue des Ecoles 84000 Avignon
Du 6 au 26 juillet 2018 - 15h30 - durée 1h350 trajet compris
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