DESTIN DE FEMME
Un fauteuil vieillot au centre de la scène. Sur sa gauche une lampe à frange, vieillotte elle aussi. Une lumière chaude centrée sur les deux objets. Trois notes de musiques étirées en un rythme lancinant en boucle. Lorsque le noir se fait pour laisser Erwan Daouphars s'installer l'ambiance est lourde, le silence se fait, temps suspendu avant que ne se livre cette confession d'une femme.
Dans une formidable progression dramatique elle égrène ses souvenirs de femme amoureuse puis trompée et enfin abandonnée. Le ton navigue entre nostalgie, recul, humour grinçant, colère, distanciation, émotion. "Je ne me plains pas. Ça change rien aux choses". Si elle semble parfois désabusée, ce qu'elle nous livre c'est le destin tragique d'une femme élevée dans des principes d'un autre temps. En tant qu'épouse elle doit tout faire pour le bonheur de son mari, jusqu'à s'oublier. Elle a toujours pensé et agit pour le bonheur de cet aime qui l'a épousée, écoutant les bons conseils de sa mère. Mais le temps a fait son oeuvre. La passion, pour autant qu'elle ait jamais existé, s'est émoussée comme le corps de cette femme qui s'est épaissi à force de grossesse et de bonne cuisine. Car n'est-ce pas par une bonne table que l'on (re)tient un homme ? Est-elle pour autant une femme soumise ?

Le subtil travail de lumière fait de diagonales de lignes horizontales ou verticales, d'alternance de ton chauds ou froids accompagne la tension dramatique pour atteindre son acmé dans une formidable et saisissante image finale.
En bref : un texte fin et ciselé porté par une saisissante et magistrale interprétation. Un destin de femme entre les espoirs d'une jeune mariée aux désillusions de l'épouse abandonnée. Un voyage poignant dans un âme blessée. Un spectacle intimiste tout en sobriété et retenue.
Maison des Métallos
Du 27 mars au 8 avril 2018
du mardi au dimanche
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