lundi 15 janvier 2018

HISTOIRE DU SOLDAT

QUAND STRAVINSKY REVISITE FAUST
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Reprise au Poche Montparnasse d'un succès public et critique de la fin de saison 2016/2017. Une fable de 1918 née de l'amitié entre Stravinski et Ramuz. Petite déception malgré de bons comédiens


LE MYTHE DE FAUST

Bénéficiant d'une permission de 15 jours un jeune soldat rescapé de la guerre croise la route du diable. Il lui vend son violon (son âme) contre un livre qui lui permettra d'être riche. La transaction lui permettra-t-elle pour autant de trouver le bonheur ?

Cette réécriture du mythe de Faust est le fruit de l'amitié entre le compositeur Igor Stravinski et l'écrivain et poète suisse Ramuz. Ecrit en 1918, avant la fin de la Première Guerre mondiale, cette fable musicale et théâtrale était destinée à une forme de théâtre itinérant, pour aller au-devant d'un public qui n'y avait pas accès à cette forme de culture. Elle s'inspire d'un conte populaire russe.

Sur la petite scène du théâtre du Poche les 7 musiciens et le chef d'orchestre sont bien tassés. Trompette, flûte, hautbois, batterie, violoncelle, violon et tuba laissent peu de place aux trois comédiens qui nous présentent cette forme de théâtre originale.

BELLE INTERPRÉTATION MAIS...

Claude Aufaure en est le narrateur. Entre parlé et parole chantée ou tout du moins en rythme avec la musique (cela s'appelle le sprechgesang nous apprend @spectatif) il est le spectateur actif de l'histoire de ce soldat qui vend son âme au diable. C'est Julien Alluguette qui reprend le rôle du soldat. Il lui donne avec réussite la jeunesse et la naïveté qui sied au personnage. Lucinio Da Silva est un diable fourbe et malin comme il se doit. Sautillant, envoûtant, il manipule le pauvre gamin dont on imagine tout ce qu'il a vécu au combat et combien il peut aspirer à retrouver son village, sa maison, sa mère, en un mot comme en cent : la paix. Et même s'il est jeune et encore relativement innocent, il garde suffisamment de lucidité pour essayer de contourner les pièges que le diable dresse sur sa route pour l'empêcher d'atteindre son but.

La princesse (Aurélie Loussouar ou Malou Utricht en alternance) est une danseuse. Apparaissant par magie du fond de la salle elle surgit et telle une ballerine de boÏte musicale elle offre un moment de poésie dont la magie est atténuée par le peu d'espace dont elle dispose, donnant une danse un peu rigide.

La musique de Stravinski est omniprésente. On aimerait parfois qu'elle le soit moins. face à la contrainte spatiale imposée par la présence sur scène de ce petit orchestre, la mise en scène est réduite à sa plus simple expression, ce qui sied bien à la forme de la fable. Les 7 jeunes musiciens de l'orchestre-atelier Ostinato sont très bien dirigés par leur chef d'orchestre. Les notes concourent à créer une atmosphère onirique et l'osmose se fait avec les comédiens.

Malgré toutes ces qualités le charme n'a pas opéré sur moi. Les trois comédiens sont excellents mais la fable et les mésaventures de ce jeune soldat ne m'ont pas vraiment touchée.


Histoire du soldat de Ramuz et Stravinsky, mis en scène par Stéphan Druet, direction musicale Jean-Luc Tingaud, chefs d'orchestre (en alternance)Olivier Dejours, Jean-Luc Tingaud et Loïc Olivier, avec Claude Aufaure, Julien Alluguette, Lucinio Da Silva, Aurélie Loussouarn ou Malou Utrecht (en alternance).

En bref : une fable entre théâtre et musique, portée par un orchestre jeune et au talent prometteur accompagnant trois comédiens dont les qualités ne sont pas en reste, mais qui au final n'a pas su me toucher sans que je sache vraiment dire pourquoi.

C'EST OU ? C'EST QUAND ?
75 Boulevard du Montparnasse 75006 Paris
A partir du 4 janvier 2018
du mardi au samedi 19h - dimanche 17h30


Vu janvier 2018 - Poche Montparnasse Paris
Crédit photo @Brigitte Enguerrand

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