lundi 5 juin 2017

UN VENT CONTRAIRE

DU THÉÂTRE AU LYCÉE POUR PARLER DES DANGERS DE LA RADICALISATION


DU PROJET A LA RÉALISATION

Il y a quelques mois je vous parlais d'un projet de théâtre mené dans un lycée de région parisienne. Pour mémoire, dans le cadre de la démarche de prévention de la radicalisation menée par le Ministère de l'Education Nationale, la pôle Prévention et Tranquillité de la mairie de Limay (78) s'est lancé dans l'écriture d'une pièce de théâtre pour parler aux lycéens des dangers de la radicalisation et plus particulièrement de l'extrémisme dans l'Islam.

Sur une proposition de Yannick RUDELLE, adjoint au service Prévention et Tranquilité, la classe de terminale Bac Pro Gestion, soutenue par ses professeurs Mme SERMONAT et Mme ID MOUSSA, a travaillé depuis septembre 2016 sous la direction du metteur en scène Miguel BORRAS.

Les 4, 11 et 16 mai 2017 on eu lieu trois représentations pour les collégiens et lycéens de Limay, les représentants des administrations locales et le public. Tous étaient fiers de présenter le fruit de (seulement) 72 heures de travail.

La représentation a commencé par un petit film relatant ces 9 mois d'une aventure qui marquera à jamais les élèves. L'occasion de revenir sur le pourquoi du projet et le ressenti de chacun, de voir tout le chemin parcouru. Pour Miguel BORRAS, "L'art a son mot à dire sur les sujets sociétaux. Dans un contexte de diversité culturelle il fallait aborder ce sujet sans heurter les sensibilités.". Comme l'exprimait une élève "c'est bien de faire passer le message autrement. La télé et la radio ne disent pas tout". Pour le responsable du pôle Prévention et Tranquillité ce projet permet de prendre de la distance et d'instaurer le dialogue. L'investissement de chacun a été très important, des élèves qui ont parfois du se faire violence pour oser se mettre en scène, aux professeurs qui ont donné de leur temps, ainsi Mme SERMONAT qui a effectué de nombreuses recherches pour écrire le texte. Une écriture qui s'est faite aussi collectivement, les apprentis-comédiens se réappropriant l'histoire pour y mettre leurs propres mots.

Un apprentissage aussi du travail de groupe, valorisé par tous. Les lycéens ont pu dépasser leurs préjugés, leurs peurs, leurs freins internes pour s'approprier un projet qui leur était imposé et qu'il ont fait leur avec un enthousiasme qui met du baume au cœur. "Je m'exprime mieux maintenant" dit l'une d'elle. Mmes SERMONAT et ID MOUSSA n'ont pas caché leur fierté de ce qu'elles définissent comme "le projet le plus ambitieux de leur jeune carrière". Elles n'ont pas manqué de remercier les parents pour leur soutien et leur ouverture d'esprit. Il était important également de valoriser le travail de ces élèves de bac pro, souvent méprisés par rapport à la filière générale. Un projet qui aura également permis à ces jeunes de prendre confiance en eux. La construction en commun de ce spectacle leur aura permis de se construire également, et ils en sortent avec une expérience dont il porteront en eux les fruits tout au long de leur vie.


LES JEUNES FEMMES ET LA RADICALISATION

Le spectacle s'ouvre sur une Mme Loyal qui présente les protagonistes et le contexte. C'est une fresque humaine du XXIè siècle en occident. Des gens ordinaires réunis par un événement pas ordinaire : un attentat. Un père et sa fille. Cette dernière essaie de comprendre pourquoi elle ne verra plus sa mère. Elle est morte dans l'attentat. Flash-back. Retour sur la genèse du drame.

L'angle choisi est celui des jeunes filles. UN VENT CONTRAIRE va nous mener sur les traces de trois adolescentes en manque de reconnaissance, séduites par des soldats de Daesh. Jeunes femmes occidentales qui aiment la musique et la mode, elles se laisseront convaincre par le discours prétendument humanitaire des recruteurs, partiront en Syrie croyant aller aider des enfants victimes de la guerre et seront mariées de force à des djihadistes. Répudiées ou veuves elles mourront ou seront transformées en esclaves sexuelles, tandis que leurs maris mourront à la guerre ou reviendront en Europe commettre des attentats.

Ce sont alors les mères qui nous parlent de leur incompréhension, de leur douleur, Ces mères qui essaient de comprendre comment leur petite Barbie athée a pu accepter le niqab. L'occasion pour le spectacle de rendre hommage au travail des association comme celle de Mme Latifa Ibn Ziaten.

Du spectacle je retiens notamment trois moments forts : la conférence / témoignage des mères qui en on fait pleurer plus d'un-e dans le public, les blessés de l'attentat qui fuient la scène de guerre, traînant leurs blessures au travers la fumée, et le magnifique et émouvant final sur une musique d'Eric Satie et un poème de Louis Aragon : "Il fait beau comme jamais"

ET APRES ?

Fortement séduit par le travail de qualité et la portée du projet la préfecture des Yvelines pourrait envisager une quatrième représentation, si l'emploi du temps des lycéens le permet car ils doivent affronter les épreuves du bac.

Une captation a été réalisée. Un DVD sortira prochainement, suivant l'intégralité du projet, de sa phase de préparation jusqu'à la représentation devant le public. Des vocations pourraient être nées : l'une des élèves rejoindra un cours de théâtre la saison prochaine.



UN VENT CONTRAIRE
Création originale Lycée Condorcet Limay - Terminale Gestion Administrative 2
Pilotage Yannick RUDELLE Ville de Limay Pôle prévention tranquillité 
Ecriture de la pièce Mme SERMONAT Lycée Condorcet 
Mise en scène Miguel BORRAS Théâtre du bout du monde 
Coordination Mme ID MOUSSA Lycée Condorcet Conception vidéo Ibrahima BARRY Théâtre du bout du monde 
Costumes Isabelle LECOMTE Association Cost’arts 
Régie son et lumière Kévin FOLIE Tomahawk Frédéric DEGLISE Ville de Limay Direction des services techniques

Distribution :Giovanna G. : Mme Loyal  Guillaume L. : Le père  un djihadiste Innes L. : L'enfant Mouad C. : Youssef (djihadiste) Razal P. : Sarah Inès S. : Inès Leila B. : Leila Ramzi H. : Walid (djihadiste) Jérémy R. : Abdel (djihadiste) Mohamed I. : un djihadiste, élève du public Hassan S. : un djihadiste, élève du public Grégory G. : un djihadiste, parent affolé Juraiss M. : Karine, mère de Barbie Marie B. : Barbie Delal T. : L’amie de Barbie, élève du public Lauryn B. : Latifa, la mere de Sarah Laurine M. : Un élève du public Aline B. : Un élève du public Sabria K. : Un élève du public Sumeyyé M. : Un élève du public Coraline R. : Un élève du public Gabriela P. : Un élève du public Donya B. : Un parent affolé Daphné D. : Un parent affolé

POUR EN SAVOIR PLUS :

Retrouvez toutes les informations sur l'association de Mme Latifa Ibn Ziaten en cliquant ICI

Le poème de Louis Aragon "Il fait beau comme jamais" en cliquant ICI

La presse en parle :
Actu78 : Les lycéens sur scène pour lutter contre la radicalisation
La gazette Yvelines : Une pièce de théâtre pour sensibiliser à la radicalisation
Yvelines 1 - Grand Angle :  Journal du 18 mai 2017 (à partir de 11mn45)
Mon article et interview de Yannick Rudelle "Le théâtre comme outil de médiation et de prévention de la radicalisation" du 07/11/2016

1 commentaire:

  1. Bonjour!
    Premièrement je voulais vous remercier d'avoir écrit ses articles par rapport à ce projet de médiation. Je suis étudiante en Art du Spectacle à Valence et je devais présenté une action de médiation dans le cadre d'un de mes cours. Vos articles ont été une source d'informations précieuse pour suivre le travaille de M.Rudelle.
    Je voulais savoir si la captation est toujours disponible, et si oui ou je pourrais me la procurer.
    Merci encore!

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