lundi 20 février 2017

FANTASIO

FANTASTIQUE FANTAISIE ROMANTIQUE
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C'est avec une opérette oubliée depuis sa création que l'Opéra-Comique fait l'ouverture de sa nouvelle saison. Prévu pour une salle rénovée c'est au Châtelet, pour cause de retard de travaux, que Thomas JOLLY met en scène le livret de Musset mis en musique par Offenbach. Un nouveau challenge un peu fou relevé avec talent et élégance.

OPÉRA COMIQUE PAS SI LÉGER

Malgré son nom qui sonne gaiement, FANTASIO est une comédie un peu amère. Pour sceller la paix le Roi de Bavière va marier sa fille Elbeth au Prince de Mantoue. Mais le Prince a mauvaise réputation et devant la mine chafouine de sa fille le Roi hésite : doit-il la sacrifier à la raison d’État ? Quant au Prince il décide de changer de rôle avec le général de son armée pour se faire aimer pour lui-même.

Pendant ce temps, au sein du peuple en liesse à l'annonce de la paix, le jeune Fantasio, mélancolique et blasé, tombe amoureux d'Elbeth. Pour l'approcher il endosse le costume de Saint Jean, le bouffon qui vient de décéder.

Dans ce jeu de cache cache se loge beaucoup de mélancolie et de désillusion. Elbeth semble se soumettre à la volonté de son père mais ne peut se résoudre à dire adieu à son insouciante jeunesse. Le Prince de Mantoue, guère courageux, laisse son Général en première ligne et préfère capituler plutôt que d'affronter Fantasio. Quant à ce dernier il utilise le paravent du bouffon pour cacher sa mélancolie et ses désillusions, et c'est en Roi des Fous qu'il joue le trublion avec un plaisir gourmand, semant la zizanie dans les projets du Roi et du Prince.

ÉLÉGANCE ET VIRTUOSITÉ

Après ses mises en scène rock et enthousiasmantes de Henry VI et de Richard III au Festival d'Avignon, après une légère déception créée par Eliogabalo en début de saison à l'Opéra de Paris, Thomas JOLLY prouve une nouvelle fois que l'on peut dépoussiérer le spectacle vivant.

Tout dans ce FANTASIO est une réussite. Le jeune metteur en scène parage avec Laurent CAMPELLONE qui assure la direction musicale, la responsabilité de faire revivre cet opéra si mal reçu lors de sa création qu'il fut retiré de l'affiche au bout de quelques représentations. Un opéra trop sérieux pour une France qui ne s'est pas encore complètement remise de la défaite de Sedan et de la Commune, et pour un public qui n'a pas envie de voir un spectacle où le peuple et son bouffon semblent imposer leur désir au Roi.

Les décors de Thibaut FACK sont magiques, féeriques et romantiques, renforcés par les lumières d'Antoine TRAVERT et Philippe BERTHOME. On retrouve ces échafaudages et escaliers chers à Thomas JOLLY, ces éclairages laser, cette méticulosité dans la scénographie, les mises en ombre et en lumière. Mais loin de lasser ces effets et outils, pas encore des tics, articulent l'espace, nous transposant dans les rues de la ville, dans le palais, dans les jardins. Les costumes de Sylvette Dequest jouent aussi avec les couleurs et les noirs et blanc. L'opéra commence dans une atmosphère sombre, un clair-obscur qui s'éclaire progressivement, notamment avec le lumineux costume de FANTASIO et finir dans une explosion de joies et de couleurs.

Avec un message pacifiste délivré par le jeune bouffon : "Rois battez-vous. Cela ne nous regarde pas". Et tandis que le Prince de Mantoue fait de Fantasio un comte pour avoir fait déclarer la guerre, le roi le fait Prince pour avoir fait conclure la paix.


FANTASTIQUE MARIANNE CREBASSA

Si le jeu des comédiens pouvait parfois sembler faible lors de la première il faut noter la virtuosité et le talent mis en oeuvre pour faire revivre la musique de Jacques OFFENBACH et le livret de Paul de MUSSET (d'après l'oeuvre d'Alfred de MUSSET). Porté par l'Orchestre Philharmonique de Radio France et entouré du choeur formé par l'ensemble Aedes la distribution vocale est admirable.

La mezzo-soprano Marianne CREBASSA est un FANTASIO romantique, un brin sombre, sorte de Pierrot lunaire qui n'est pas à sa place dans son époque. Faut-il s'étonner du choix d'une femme pour interpréter ce personnage ? Le résultat est un vrai bonheur. Sa performance se combine à merveille avec celle de Marie-Eve MUNGER, fragile princesse Elbeth. Leurs duos sont virtuoses.

Pour en savoir plus :
Toutes les biographies des artistes, des vidéos dans les coulisses de la création, des interviews et des contenus exclusifs sur le site de l'Opéra Comique en cliquant ICI

En bref : Avec FANTASIO l'Opéra-Comique commence sa saison sous le signe de la virtuosité. Thomas JOLLY et Laurent CAMPELLONE font revivre avec bonheur cet opéra du duo OFFENBACH / MUSSET. Un opéra empreint de sagesse et de mélancolie, pour le plus grand bonheur du public parisien.

C'EST OU ? C'EST QUAND ?
Opéra Comique délocalisé au Châtelet
Place du Châtelet- Paris
Les 14 -16-18-20-22-24-27 février à 20h
Les 12 et 26 février à 16h
Retransmission Live sur CULTUREBOX le 22 février à 20h


Crédit photo / Vidéo @ Opéra Comique / Le Figaro

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