dimanche 11 septembre 2016

WE LOVE ARABS

PILONNAGE EN RÈGLE DU MUR DES PRÉJUGÉS
*****


LE BUZZ DU OFF 2016

Le Off 2016 s'est enflammé avec justesse pour WE LOVE ARABS, une pièce qui tire à boulets rouges sur les préjugés concernant la relation israélien / arabes. Le titre en lui-même est déjà un pied-de-nez à la bien-pensance. Dans cette satire fine et mordante le chorégraphe Hillel KOGAN imagine le processus de création d'un spectacle kitch, prétentieux, pseudo-engagé, qui durera 3 jours, se déroulera dans le désert, et qui aurait pour thème l'identité et le partage de l'espace entre Juifs et Arabes. Vaste programme ! Oui mais pour cela il a besoin d'un danseur arabe. Sauf qu'il n'en a aucun dans son répertoire ! Se présente un danseur Arabe, le seul d'Israël, mais qui ne correspondant pas tout à fait à ce que recherche le chorégraphe.


SE JOUER DES PRÉJUGÉS

Avec WE LOVE ARABS Hillel KOGAN dresse un réquisitoire lapidaire contre les réflexes racistes les plus sournois. Tout dans le spectacle est d'une profonde intelligence. Chaque mot, chaque mouvement est réfléchi, drôle, (im)pertinent. Il ne s'agit pas tant "d'une rencontre ou d'un conflit entre juif et arabe" mais de "la confrontation entre deux images" traitant avec subtilité les préjugés les plus larvés que l'on exprime sans même en avoir conscience. Dans cette perspective le duo avec Adi BOUTROUS est d'autant plus savoureux tant le danseur ne correspondant pas du tout à l'image typique de l'arabe. contrariant ainsi le projet de chorégraphe, le contraste entre les deux n'étant soudain plus aussi marqué qu'il le souhaiterait, ce qui donne lieu a de savoureux échanges, notamment dans les expressions.

Hillel KOGAN réalise également une satire savoureuse des milieux de la danse. Le chorégraphe qu'il interprète est une caricature assumée emplie d'auto-dérision. Que ce soit dans le vocabulaire ou dans la gestuelle il jongle avec les ressorts du comique, entre premier, deuxième, trentième degré. On se délecte de ce faux Hillel KOGAN qui impose à son danseur une relation dominant / dominé, infantilisant le danseur sans jamais lui laisser la parole. On savoure ce chorégraphe qui dans l'expression de son art utilise les danseurs comme une matière malléable qu'il peut triturer comme il l'entend pour en restituer sa pensée, sa vision créatrice, dans un processus de création qui peut être violent sans qu'il en ait parfois conscience. Une collaboration qui se termine en apothéose dans un magnifique duo, avant de partager l'houmous avec le public.

En bref : un petit bijou d'autodérision qui traite avec humour et subtilité des comportements ordinaires. Hillel KOGAN et Adi BOUTROUS nous offrent un spectacle d'une rare intelligence qui foule aux pieds la bien-pensance sur la coexistence israelo-arabe, tout en n'épargnant pas les milieux artistiques. Une pépite à ne manquer sous aucun prétexte.

C'EST OU ? C'EST QUAND ?
Théâtre du Rond Point
Avenue Franklin Roosevelt - Paris
du 12 septembre au 8 octobre 2017
Durée : 45 mn

LIEN VERS LE TRAILER EN FRANCAIS EN CLIQUANT ICI

Vu Avignon 2016 - La Manufacture
Mise à jour du 12/09/17

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire