dimanche 29 mai 2016

LES FAUX BRITISH

UNE CATASTROPHE TRIOMPHANTE
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SUCCÈS DES DEUX COTES DE LA MANCHE

La version originale a fait un tabac à Londres et je m’apprêtais à la mettre à mon programme au cas où le hasard ou autres raison aurait porté mes pas outre manche. Et voilà que depuis près d'un an son adaptation française rassemble le public, d'abord au Tristan Bernard puis, depuis le début 2016 au Théâtre Saint Georges.

Imaginez un club britannique classique à souhait. Celui-ci réunit 7 amateurs de polars qui font le pari de monter un spectacle, eux qui n'ont jamais fait de théâtre. Et quel auteur ont-ils retenu ? Sir Arthur Conan Doyle bien évidemment, enfin peut-être. L'intrigue : dans un manoir de la fin du XIXème siècle un crime est commis. Tous deviennent suspects et potentiellement dangereux. L'enquête commence et là ...


THE PLAY THAT GOES WRONG

Le titre original est "The play that goes wrong" (la pièce où tout va mal). On ne saurait mieux dire. Ce groupe de passionnés de romans policiers qui se lance dans l'aventure de la création d'une pièce de théâtre n'est pas sans faire penser aux artisans de William Shakespeare dans "Le songe d'une nuit d'été". Ils ne vont pas tarder à découvrir qu'il n'est pas si simple que cela de faire du théâtre.

L'adaptation très réussie de la pièce de Henry Lewis Jonathan Sayer et Henri Shield réinvente avec bonheur le genre "les bras cassés font du théâtre". La troupe survoltée, dirigée par Gwen Aduh, déborde d'énergie et nous offre une soirée placée sous le signe du rire et du délire. Ils maîtrisent parfaitement tous les ressorts du comique. Du décor qui part vrille aux faux comédiens amateurs plus vrais que nature, c'est avec un légendaire flegme britannique qu'ils s'en donnent à cœur joie dans l'art de ne pas rattraper que qui dérape et ne laissent pas une seconde de répit à nos zygomatiques. Les situations toutes plus burlesques les unes que les autres s’enchaînent à un rythme très soutenu. C'est parfois potache, mais on se laisse emporter avec délice dans cet enchaînement de catastrophes  


En bref : Tous les éléments sont réunis pour faire de ce délirant spectacle une réussite. La troupe ne ménage pas ses efforts pour nous faire passer un grand moment d'humour et de détente. Le spectacle idéal pour une sortie entre amis.

Molière 2016 de la Comédie

C'EST OU ? C'EST QUAND ?


Place Saint Georges 75009 PARIS
Depuis le 20 janvier 2016
Du mardi au vendredi 20h30 - samedi 18h et 21h



Vu au Théâtre Tristan Bernard le 3 juillet 2015

vendredi 27 mai 2016

CHAPITRES DE LA CHUTE - Saga des Lehman Brothers

INTRODUCTION A LA FINANCE DE WALL STREET
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1844 - 2008 : NAISSANCE, VIE ET MORT D'UN EMPIRE

Lorsqu'il débarque à Ellis Island en 1844 Heinrich ne met pas longtemps à comprendre que pour survivre dans ce nouveau monde lui, le juif bavarois doit s'adapter. Il devient Henri Lehman. Rejoint par ses deux frères Emmanuel et Mayer il fait sien le rêve américain. Les trois frères vont l'illustrer au-delà de leurs espérances. 15 ans seulement entre l'ouverture de la petite boutique de vente de tissus d'Alabama "H. Lehman" et l'installation à New York des bureaux de "Lehman Brothers", négociants en coton, non "gestionnaires" puis banquiers. La tête (Henri), le bras (Emmanuel) et la patate (Mayer) avancent à pas de géant dans un monde en construction. Ils incarnent l'esprit d'entreprendre et font preuve d'une grande complémentarité qui leur permet de faire fructifier rapidement leurs idées souvent visionnaires qui mettra leur nom en lettre d'or sur les frontons de dizaines de bâtiments dans le monde entier.


Les fils aînés reprendront le flambeau, transformant la petite entreprise familiale en un groupe international. Deux générations qui ont vu la guerre de Sécession, l'un des frères au Nord, l'autre au Sud. Ils ont vu le chemin de fer traverser le continent. Ils ont participé activement à la naissance de Wall Street. C'est le petit-fils qui en verra l'éclatement de la bulle, la dérive des opérations de trading, la défaillance des organismes de contrôle. Lehman Brothers avait résisté à la crise de 29, ne bougeant pas tandis que tombaient les concurrents. En 2008 le système devait sacrifier l'un des siens pour survivre. C'est la fin de Lehman Brothers dont la chute entraîne dans son sillage toutes les économies mondiales dans une crise dont nous ne sommes toujours pas sortis.


BELLE CONSTRUCTION NARRATIVE


En 2013 Arnaud MEUNIER met en scène le texte de Stefano MASSINI. Trois chapitres pour une saga passionnante qui va décortiquer avec simplicité les rouages complexes de cette machine infernale qui en trois générations traverse presque deux siècles de l'histoire du capitalisme, le tout concentré en un spectacle de 3h40. Brillant


La construction narrative nous présente un conte, une belle histoire, qui se transforme progressivement en thriller économique et sociologique. Trois parties, trois chapitres, trois générations. Les pères fondateurs, sincères, travailleurs, idéalistes, en quête d'une revanche sur la vie et d'une renaissance que seule cette terre d'Alabama pouvait leur offrir. Puis les fils constructeurs, parfaits exemples de l'ascenseur social. Ils ont fait des études dans les plus grandes universités. Ils vont faire fructifier le patrimoine sous le regard protecteur mais parfois dépassé des patriarches. Puis la troisième génération celle qui, dans beaucoup de sagas familiales, va dilapider rapidement ce que les deux précédentes ont mis des dizaines d'années à construire. Une troisième génération qui se croyait immortelle mais qui restera stérile en tous points puisque l'héritier n'aura pas d'enfant malgré trois mariages.


La mise en scène rythmée d'Arnaud MEUNIER nous emporte dans les deux premières parties dans un mouvement enthousiasmant, virevoltant. Entre la première scène et la fin de la deuxième partie il s'est écoulé 85 ans. Le monde a changé sous nos yeux. La petite boutique pleine de balles de coton et de bandes de tissu a fait place aux bureaux cossus, à sa grande table donnant sur une large vitre avec vue sur ses buildings en construction. A l'horizon plus de champs de coton mais des tours rivalisant de hauteur, de grandeur.

Mais la crise de 29 éclate. Un premier séisme ? En tout cas la fin d'une époque. Fin de la stabilité. Fin de l’ascension. Bonjour l'instabilité, à l'image de ce plateau incliné sur lequel la troisième génération tente de s'accrocher. Tous les ingrédients sont en place pour la lente descente vers la crise suivante, vers la chute finale.


LES LIMITES DU PARTI PRIS DIDACTIQUE

Si les deux premières parties sont remarquablement écrites, jouées et mises en scène, la troisième laisse un goût d'inachevé. L'auteur prend le parti d'un récit didactique, sans jamais porter de jugement sur cette épopée, sur les choix pas toujours éthiques. Pas de critique du système, juste une belle et triste histoire. Hélas il manque une dimension dramatique et encore plus réaliste : à peine mentionne-t-on le rôle des traders dans la crise des subprimes de 2008 (le mot n'est pas prononcé). Ils sont présentés comme ces étrangers (ils n'appartenaient pas à la famille), qui pratiquaient un jeu qui rapporte mais dont on n'était pas très fier. La preuve, moins d'un an après qu'ils se soient emparés des rênes (car cette troisième génération a non seulement dilapidé mais elle n'a même pas réussi à assurer la continuité de la dynastie), donc en moins d'un an ils ont tué cet empire colossal, aussi colossal que King Kong.

Il manque à cette fin trop lisse, trop propre parce que trop simplifiée, un peu du sang qui éclaboussait Wall Street en 1929 et qui a coulé sur toutes les places boursières mondiales en 2008 laissant d'une manière plus sournoise que les années 30 des plaies béantes dans des pans entiers de l'économie mondiale.

FRESQUE REMARQUABLE

Il n'en demeure pas moins qu'Arnaud MEUNIER et Stefano MASSINI construisent une fresque remarquable qui vaut mieux que tous les cours d'histoire et d'économie que l'on puisse jamais avoir. C'est documenté, plutôt complet, et si la démonstration est rapide et faite parfois de raccourcis, elle est d'une grande simplicité et d'une grande limpidité. 6 comédiens pour décrire un monde d'hommes. Les femmes n'y sont que des génitrices. Celle qui a des velléités d'être autre chose, tiens pourquoi pas membre du conseil d’administration tant qu'on y est, ne fait pas long feu. 6 comédiens qui font vivre tous les hommes (et les femmes) importants de cette saga.


Le décor évolue pour passer avec facilité et fluidité du comptoir de débarquement d'Ellis Island à la modeste boutique de l'Alabama dont la clanche de la porte ne tient pas pour se terminer dans l'environnement cossu du bureau du conseil d'administration. Simple. efficace. 

En bref : une saga familiale qui traverse avec brio deux siècles de l'histoire des Etats-Unis. Bâtie comme un thriller économique l'écriture y est intelligente, la mise en scène brillante, les comédiens éclatants. Une leçon d'histoire à montrer dans tous les lycées. Malgré une troisième partie qui manque d'acidité, une reprise à ne pas manquer.

C'EST OU ? C'EST QUAND ?
2bis avenue Franklin Roosevelt 75008 Paris
du 11 au 29 mai 2016


dimanche 22 mai 2016

LES MOLIERES 2016 - MES COUPS DE COEUR

MOLIERES 2016
LES CHOIX DU THÉÂTRE COTE CŒUR
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Une saison s'achève. Pour la troisième année depuis la reprise de la cérémonie, LES MOLIERES récompenseront lundi 23 mai les spectacles de la saison 2015/2016. Comme chaque année il y aurait beaucoup à dire sur la sélection et les absences. Comme pour les Oscars nombreux sont ceux qui ont souligné le manque de diversité et des Molières "désespérément blancs", la seule représentante de cette diversité étant à trouver dans la catégorie "humour". Quant aux femmes, aucune parmi les nominations "metteur en scène". Où sont les femmes ? les noir(es) ? les arabes ? les asiatiques ? Est-ce la sélection des votants des Molières qui refuse d'intégrer la richesse de la diversité culturelle de notre société ou bien est-ce le monde du théâtre qui fait preuve d'un si pâle reflet de la réalité de la société française ? Une autre constatation m'interpelle : en France le théâtre se limiterait-il à Paris ? Un seul spectacle créé en Province dans les nominations ! Comment peut-on ignorer UND et la prestation de Nathalie  Dessay (créé au CDT  de Tours). Ne se passe-t-il rien à Strasbourg, Nice, Limoges, (le magnifique Richard III de Jean Lambert-wild), Nancy, Caen, Lille, dans les CDN et les CDR ? Un spectacle ne peut-il exister que parce qu'il est programmé à Paris ? (Les Liaisons Dangereuses, créées au Théâtre de Bretagne serait-il nominé s'il n'avait été joué au Théâtre de la Ville ?). A moins que ce ne soit du fait que la majorité des votants sont parisiens et qu'il faut aller à la rencontre des spectacles. Enfin je ne vous parle pas de l'étrange modification de la sélection touchant Andréa BESCOND et Thierry LOPEZ en application, à posteriori, d'une étonnante règle de non cumul. 

Ce modeste billet de blog n'a pas la prétention de poser toutes les problématiques ni de donner toutes les réponses. Lundi 23 mai c'est l'irrésistible Alex LUTZ qui animera la cérémonie. Il ne serait pas surprenant qu'elle soit perturbée par quelques interventions exprimant les différents mouvements protestataires qui se font entendre dans les rues de Paris et de province depuis plusieurs semaines : les intermittents qui défendent leur statut menacé depuis des années, le collectif Décoloniser les arts, le mouvement Nuit Debout

En attendant je m'autorise à vous communiquer mes choix ou plutôt mes coups de cœur dans cette sélection imparfaite, parce que cette saison nous a fait de très beaux cadeaux.


Molière du Théâtre Privé
Afficher l'image d'origineJe ne peux que choisir LES CAVALIERS, la magnifique adaptation théâtrale de l'oeuvre de Joseph KESSEL par Eric BOUVRON et Anne BOURGEOIS, découvert à Avignon en 2014 et qui a accumulé les éloges des critique et du public depuis janvier 2016 au Théâtre La Bruyère.. 
Autres nominés : Fleur de Cactus (Théâtre Antoine), L'Etre ou pas (reprise - Théâtre Antoine) et Qui a peur de Viginia Woolf (Théâtre de l'Oeuvre).

Molière attribué à : LES CAVALIERS
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Molière du Théâtre Public
Choix difficile parmi les trois spectacles vus. Si je réserve à 20.000 Lieues sous les mers (Comédie Française) une autre récompense, comment me déterminer entre la puissance de Ca Ira (1) Fin de Louis (Théâtre des Amandiers) et la formidable immersion au sein de la naissance de la démocratie pendant la Révolution Française et celle de VU DU PONT, (Théâtre de l'Odéon) drame familial coup de poing de Ivo Van Hove auquel ira finalement mon coup de cœur.   
Autre nominé : Lucrèce Borgia (Comédie Française)

Molière attribué à : CA IRA (1) FIN DE LOUIS


Molière de la Comédie

Si je regrette de n'avoir vu Maris et Femmes (Théâtre de Paris) mon choix va à LES FAUX BRITISH, irrésistible comédie d'un spectacle où tout va mal comme l'indique le titre original (The play that goes wrong). Du rire sans discontinue.
Autres nominés : Momo (Théâtre de Paris), Fleur de Cactus (Théâtre Antoine)
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Molière attribué à : LES FAUX BRITISH

Molière de la Création Visuelle
Parce qu'il ma fait retomber en enfance et replonger dans l'ambiance des voyages extraordinaires de Jules Verne c'est à 20.000 LIEUES SOUS LES MERS (Comédie Française) que va mon coup de coeur. Mais il aurait pu aller aussi à La Dame Blanche (Théâtre du Palais Royal) qui réussi à créer sur scène des effets spéciaux dignes du cinéma.
Autres nominés : Fleur de Cactus (Théâtre Antoine), Un Certain Charles Spencer Chaplin (Théâtre Montparnasse)

Molière attribué à : 20.000 LIEUES SOUS LES MERS

Molière du Spectacle Musical


Afficher l'image d'origineCats (Mogador) m'ayant monstrueusement ennuyée lors de son précédent passage à Paris il y a 25 ans aucune chance de remporter mon suffrage pour cette reprise. Si Irma la Douce a offert à Nicole Croisille l'occasion de démontrer qu'elle n'a rien perdu de sa belle voix, et si Kiki, le Montparnasse des années folles (Théâtre de la Huchette) a été la très belle surprise de l'été 2015 et a rencontré un très mérité succès public et critique sur toute la saison, ce sont LES FIANCES DE LOCHES (Théâtre du Palais Royal) qui sont mon coup de cœur pour la fraîcheur de la mise en scène, et pour m'avoir réconciliée avec Feydeau.

Molière attribué à : LES FIANCES DE LOCHES


Molière du Seul(e) en scène
Afficher l'image d'origineQuestion : pourquoi n'y a-t-il pas deux catégories : féminin et masculin ? JDCJDR
Quatre spectacles forts en émotion et en rire. Un coup de coeur qui ne connait aucune hésitation : LES CHATOUILLES OU LA DANSE DE LA COLERE et la fabuleuse, émouvante, remarquable (les qualificatifs ne me manquent pas) prestation d'Andréa BESCOND. Coup de coeur pour un spectacle coup de poing qui a enfin trouvé son public au Petit Montparnasse.
Autres nominés : Ancien malade des Hôpitaux de Paris (Théâtre de l'Atelier - irréstible Olivier Saladin), et deux spectacles que je ne désespère pas de voir un jour : Maligne (La Pépinière Théâtre) et Une vie sur mesure (Théâtre Tristan Bernard) tant je n'en ai entendu que du bien.

Molière attribué à : LES CHATOUILLES OU LA DANSE DE LA COLERE

Afficher l'image d'origineMolière du Comédien dans un spectacle du Théâtre Public
Seulement 2 spectacles vus sur les 5 nominés. Mon coup de coeur pour Charles BERLING dans Vu du pont (Théâtre de l'Odéon), bouleversant père tourmenté.
Autres nominés : Christian Hecq (20.000 lieues sous les mers) / Denis Lavant (Les fourberies de Scapin) / François Marthouret (Les affaires sont les affaires) / Michel Vuillermoz (Cyrano de Bergerac).

Molière attribué à : CHARLES BERLING

Molière de la Comédienne dans un spectacle de Théâtre Public
Afficher l'image d'origineSi Dominique Blanc une Madame de Merteuil fascinante de cruauté et de froideur dans les Liaisons Dangereuses (Théâtre National de Bretagne et Théâtre de la Ville), c'est Isabelle HUPPERT qui m'a le plus surprise dans ses différentes visions de Phèdre(s) mis en scène par Krzysztof Warlikowski (Théâtre de l'Odéon)
Autres nominées : Francine Bergé (Bettencourt Boulevard ou une histoire de France) / Catheribe Hiegel (Le Retour du désert)

Molière attribué à : DOMINIQUE BLANC

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Molière du Comédien dans un spectacle de Théâtre privé

Si j'avais vu Qui a peut de Virginia Woolf j'aurai sûrement choisi Wladimir YORDANOFF car ni Michel Fau (Fleur de Cactus) ni Michel Bouquet (A tort et à raison), malgré leur talent, ne m'ont convaincue dans les spectacles pour lesquels ils sont nominés. Une catégorie où nombreux sont les absents qui auraient mérité cette récompense
Autre nominé : Michel Aumont (Le Roi Lear).

Molière attribué à : WLADIMIR YORDANOFF

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Molière de la Comédienne dans un spectacle de Théâtre privé
Léa DRUCKER était magnifique de drôlerie et de justesse face dans Un amour qui ne finit pas (repris cette fin de saison au Théâtre Antoine).
Autres nominés : Catherine Frot (Fleur de Cactus), Muriel Robin (Momo), Dominique Valadié (Qui a peur de Virginia Woolf ?).

Molière attribué à : CATHERINE FROT

Molière de la Comédienne dans un second rôle
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Coup de coeur pour Béatrice AGENIN pour son émouvante interprétation de la mère de Charlie Chaplin dans Un certain Charles Spencer Chaplin (Théâtre Montparnasse)
Autres nominées : Anne Bouvier (Le roi Lear) / Michèle Garcia (La Dame Blanche) / Raphaëline Goupilleau (La Médiation)

Molière attribué à : ANNE BOUVIER

Molière du Metteur en scène d'un spectacle du Théâtre public
Afficher l'image d'origineAfficher l'image d'origineEncore une catégorie pour laquelle il m'est difficile de trancher. Si j'ai été un peu déçue par la mise en scène d'Eric Ruf pour Roméo et Juliette et que Christian Hecq et Valérie Lesort m'ont fait rêver avec 20.000 lieues sous les mers, je n'arrive pas à départager Ivo van Hove et son bouleversant Vu du Pont et Joël Pommerat pour Ça Ira (1) Fin de Louis, tant je suis à chaque fois séduite par chacune des propositions de ces deux metteurs en scène.

Molière attribué à : JOEL POMMERAT


Molière du Metteur en scène d'un spectacle de Théâtre privé
Afficher l'image d'origineMême si le travail d'Eric Bouvron et Anne Bourgeois m'a touchée au coeur avec Les Cavaliers c'est à Sébastien Azzopardi que j'attribuerai cette récompense tant la mise en scène de la Dame Blanche est pour moi une grande réussite par l'ambiance créée faisant de ce spectacle une surprenante expérience théâtrale
Autres nominés :  Michel Fau (Fleur de Cactus) / Alain Françon (Qui a peur de Virginia Woolf).

Molière attribué à : ALAIN FRANCON

Molière de la Révélation féminine
Afficher l'image d'origineOphélia Kolb m'a bluffée dans La Médiation (Poche Montparnasse), faisant preuve d'une grande palette de jeu dans un rôle complexe.
Afficher l'image d'origineAutres nominés : Mathilde Brisson (Fleur de Cactus) / Géraldine Martineau (Le Poisson Belge) / Sandrine Molaro (Madame Bovary)

Molière attribué à : GÉRALDINE MARTINEAU

Molière de la Révélation masculine
Julien Dereims pour la grande justesse et la sensibilité de son jeu dans le très frais Libres sont les papillons (Théâtre Rive Gauche)
Autres nominés : Julien Alluguette (Les voeux du coeur) / Nicolas Martinez (Ca n'arrive pas qu'aux autres) / Alexis Moncorgé (Amok - un de mes regrets de la saison)

Molière attribué à : ALEXIS MONCORGE
Enfin, n'ayant vu aucun spectacle ou un seul de ceux nominés, je ne me prononcerai pas sur les catégories suivantes :

- Molière de l'Humour : Sophia Aram / Laurent Gerra / Stépane Guillon / Valérie Lemercier / Alex Lutz (vu il y a 6 ou 7 ans alors qu'il n'était pas connu du grand public, j'avais adoré - Espérons que le règlement n'interdise pas le cumul entre récompense et maître de cérémonie)  - Molière attribué à : ALEX LUTZ

- Molière du Jeune Public : Aladin (Palais Royal) / La petite fille aux allumettes (Gymnase) / Pinocchio (Odéon - J'adore Pommerat mais ses ré-écritures des contes n'en font pas vraiment des spectacles "jeune public", notamment cette version très sombre, mais c'est un avis très personnel) / Raiponce et le Prince Aventurier (Théâtre de la Porte Saint Martin) - Molière attribué à : PINOCCHIO

- Molière du Comédien dans un second rôle : Didier Brice (A tort et à raison pour lequel j'aurai plutôt nominé Francis Lombrail) / Jean-Michel Dupuis (Le mensonge) / Pierre-François Garel (Qui a peur de Virginia Woolf) / Thierry Lopez (Avanti) / Sébastien Thiery (Momo) - Molière attribué à : DIDIER BRICE

- Molière de l'Auteur francophone vivant : Léonore Confino (Le poisson belge) / Jean-Claude Grumberg (L'être ou pas) / Joël Pommerat (Ca ira (1) Fin de Louis - qui aurait sûrement été mon coup de coeur) / Sébastien Thiéry (Momo - on peut cumuler auteur francophone et second rôle mais pas second rôle et révélation) / Michel Vinaver (Bettencourt Boulevard ou une histoire de France) - Molière attribué à : JOEL POMMERAT

Nul doute que comme tous les ans les résultats réserveront quelques surprises. Rendez-vous lundi 23 mai sur France 2 en deuxième partie de soirée pour la cérémonie, et mardi sur le blog pour la mise à jour de cet article avec les choix des votants. 

Commentaire post cérémonie:
Un palmarès finalement logique. L'année Joël POMMERAT qui récolte 4 statuettes dont 3 pour CA IRA (1) FIN DE LOUIS, magistrale plongée au coeur de la révolution française et de la démocratie en action. Le théâtre public récompense en tant que meilleur metteur en scène Alain FRANCON qui vient du théâtre public. Abolition de cette ligne de démarcation virtuelle ou reconnaissance d'une certaine école? Deux spectacles nés dans le Festival Off en 2014 sont justement primés : LES CAVALIERS et LES CHATOUILLES (ou la danse de la colère). Deux ans (minimum) pour qu'un spectacle trouve son public et la reconnaissance, sans compter le long travail de création. CATHERINE FROT reçoit la même année la reconnaissance du monde du théâtre et de celui du cinéma. Isabelle HUPPERT repart bredouille de Cannes et des Folies Bergères où se tenait la cérémonie. Avec deux statuettes (metteur en scène et comédien du privé) QUI A PEUR DE VIRGINIA WOOLF confirme le succès public et critique. Avec AMOK qui vaut le Molière de la révélation masculine à Alexis MONCORGE et qui sera repris au Poche Montparnasse en septembre, ce seront les deux spectacles qui me resteront à voir dès que possible.

Un beau palmarès à l'image d'une saison qui nous a apporté de belles surprises et de grandes émotions.

Et n'oubliez pas  


Pour que vive le spectacle vivant, allez au théâtre
et au cirque

lundi 16 mai 2016

GLAPARTY OPUS 7 A L'ODEON

LA GLAPARTY S'INVITE A L'ODEON
9 Mai 2016



En ce 9 mai, journée de l'Europe, quel meilleur lieu que L'Odéon, Théatre de l'Europe, pour le 7ème opus de la Gladparty, la rencontre des passionnés de Théâtre (comédien-ne-s, auteur-e-s, metteurs en scène, spectateurs/trices, journalistes, blogueurs/blogueuses).

Une centaine de chanceux ont pu décrocher leur billet pour une soirée placée sous le signe de la passion et de la convivialité, animée et le sourire de son initiatrice, Gladys, que tous connaissent sous le pseudo de @Gladscope sur twitter et sur son blog, et de l'équipe du Théâtre de l'Odéon : Fanny Gauthier, en charge du développement des publics et des réseaux sociaux, Ronan, actuellement associé à la communication sur les activités des Bibliothèques de l'Odéon, et Claire Bonnot.

Au programme de la soirée échanges sur les spectacles du moment, dont le PHEDRE(s) mis en scène par Krzysztof  WARLIKOWSKI à l'affiche jusqu'au 13 mai (qui divise la critique professionnelle tout autant que la blogosphère / twitosphère théâtreux), mais surtout bonne humeur sur la terrasse où autour du buffet bien rempli, et visite privée du théâtre.


Un peu d'histoire : c'est en 1782 que le lieu fut inauguré par la Reine Marie-Antoinette sous le nom de Théâtre Français. Car à l'origine il était destiné à accueillir les Comédiens Français. Mais la Révolution en décida autrement et c'est à la Comédie Française qu'ils s'établirent (faut-il y voir le signe d'une future Gladparty en ces lieux ?). Mais revenons à ce beau théâtre à l'Italienne, deux fois détruit par un incendie, deux fois reconstruit. Ici on venait pour être vu avant que de voir nous rappelle Claire avant de nous livrer quelques unes des centaines d’anecdotes qu'elle détient sur la longue et prestigieuse histoire de ce joyau de notre patrimoine (oui je ne lésine pas sur les superlatifs mais ce théâtre est vraiment l'un des cadres dans lesquels je me sens le mieux à Paris). Et que dire de cette vue sur la salle depuis la scène. Impressionnant de monter sur ces planches, au milieu du décor de PHEDRE(s). Presque vertigineux.

Ainsi apprenons-nous ou nous souvenons nous pourquoi les espaces des spectateurs s'appellent la corbeille ou la baignoire. Le premier, parce que depuis les étages supérieurs (baignoire, paradis ou poulailler les spectateurs lançaient toute sorte de choses, du billet doux aux reliefs de repas, le second parce qu'on ne voyait que le buste et le décolleté de leurs occupants. Combien de secrets se sont échangés sous le magnifique plafond de André MASSON : le cœur d’Apollon emmené par les arts. Saurez-vous trouver le coeur ?



Plongeons un peu dans l'envers du décor. Un autre regard vers le haut depuis la scène: double effet de vertige. Au-dessus de nous 21m de cintres. Des dizaines de câbles, de barres, de cordes (ah non c'est vrai, c'est un mot interdit), de spots. Tout un ensemble de mécanisme permettant d'escamoter une partie du décor. En haut, en bas, sur les côtés : l'espace est impressionnant. De quoi camoufler les décors, une voiture, des singes, des sièges, un plateau amovible, des chevaux ou un éléphant (certains metteurs en scène n'ont peur de rien). Et si l'électronique et l'informatique on un rôle de plus en plus important dans les scénographies et dans les mises en lumière, il faut encore parfois faire appel à des techniques plus mécaniques, telles une roue digne des de plus grands voiliers qui permet de manœuvrer les dispositifs. Et tout ce langage de marins pour rappeler qu'ils étaient aux manettes il y a bien longtemps.



Le plancher n'est pas en reste avec ses dalles à la fois amovibles et étanches. 

Un univers qui restera mystérieux et magique, s'animant différemment pour chaque spectacle. Déjà les camions se préparent à emporter en tournées les décors de PHEDRE(s), conçus dans les ateliers  du Théâtre de l'Odéon.


Quand à nous, invités privilégiés d'une soirée, nous retournons à nos discussions animés, au plaisir de rencontrer de nouveaux visages jusqu'alors côtoyés uniquement sur les réseaux sociaux. Comme à chaque fois la soirée s'est terminée beaucoup trop tôt à notre goût. C'est le cœur emplit de cette chaleur humaine et de cette passion partagée que nous avons mis fin à notre fraternelle occupation, frustrés de n'avoir pu parler à tout le monde, impatients de se retrouver au cours d'un prochain spectacle, ici ou ailleurs, et d'échanger à nouveau nos coups de coeur et nos frustrations sur les réseaux sociaux ou autour d'un verre.

Au fait, c'est quand la prochaine Gladparty ?

Encore un immense merci à Gladys, Severin, Kim, Deb, Mel et aux équipe de l'Odéon pour cette organisation parfaite et pour cette si belle soirée.

Rendez-vous mardi 17 mai pour la présentation de la saison 2016-2017, la première sous la direction de Stéphane BRAUNSCHWEIG, nommé suite à la disparition de Luc BONDY. Une saison qui s'annonce très belle, avec, entre autres 
- 2666spectacle fleuve de Julien GOSSELIN
- un Don Juan mis en scène par Jean-François SIVADIER
- la reprise du spectacle de LUPA qui a bouleversé Avignon en 2015 Des arbres à abattre
- le retour de Richard III, mais celui de Thomas OSTERMEIER
- l'adaptation de Fontainehead par Ivo VAN HOVE
- la reprise du saisissant Vu du Pont du même metteur en scène
- un Hotel Feydeau vu par Georges LAVAUDANT
- Bulle Ogier dans l'adaptation de l'Amour Impossible de Christine ANGOT
- le Radeau de la Méduse mis en scène par Thomas JOLLY 
- la première mise en scène de Stéphane BRAUNSCHWEIG dans sa nouvelle maison avec Soudain l'été dernier de Tennesse Williams.

Et d'autre surprises 


UND

FASCINANTE NATHALIE DESSAY
****


ATTENTE

Une femme attend
Droite comme un "i" et drapée dans sa rouge robe de soirée elle attend
Il est en retard
Qui attend-elle ?
Un mari ? Un fiancé ? Un livreur ? Un ami ? Un signe du destin ? Un concept ? Un fantôme?  Une menace ? Un bourreau ?
Pourquoi refuse-t-elle de lui faire ouvrir lorsque retentit avec insistance la cloche de l'entrée? Par vengeance  ? caprice ? peur ?
Qui est-elle ?
Une amante ? Une aristocrate ? Une femme juive ? Un bourreau ? Une victime ? Une idée? Un spectre ?

REMARQUABLE TRANSITION

Pour son passage au théâtre Natalie DESSAY n'a définitivement pas choisi la facilité avec ce texte de Howard BARKER. Elle-même reconnait ne pas avoir compris tout le texte à la première lecture. Un texte ardu, âpre, qui se livre lentement, se glissant dans nos esprits doucement, presque insidieusement. Avec ce monologue intense et grave le dramaturge britannique nous plonge dans les tréfonds de l'âme humaine, là où se croisent la cruauté et l'humanité. Dans cette joute orale entre cette femme et l'homme que nous ne verrons jamais, c'est une bataille âpre qui se joue. Entre songe et réalité, entre désirs et craintes, les mots résonnent en chacun. Autour de cette femme seule qui appelle et rejette constamment ses serviteurs fantômes, résonnent les bruits d'un monde qui gronde : sonnette insistante, bris de vitres cassées qui ne sont pas sans rappeler la nuit de cristal. La guerre n'est pas que dans les esprits. Elle s'incarne dans les mots, dans les rappels du destin du peuple juif, dans la description de cet homme attendu, espéré, redouté, rejeté, cet homme qui va chercher les Juifs. Vient-il chercher la juive ou l'aristocrate?

PERFORMANCE ET SCENOGRAPHIE IMPRESSIONNANTES

L'interprétation variée de Natalie DESSAY, avec ses différents registres et rythmes, ses ruptures et ses emballements, nous entraîne dans un univers à la Beckett, fait de divagations, de visions inquiétantes, schizophrènes, de phrases décousues, de rage, de peur, de questionnement, de répétitions. Et jamais l'auteur ne donne aucune réponse. Chaque spectateur repart avec son propre questionnement issu de son vécu et de son ressenti. Troublé, secoué.

La mise en scène de Jacques VINCEY offre à Natalie DESSAY le cadre d'une composition éblouissante, captivante. La scénographie de Mathieu LORRY-DUPUY et la musique d'Alexandre MEYER créent un univers étrange, inquiétant. Les dizaines de blocs de glace suspendus au-dessus du plateau déversent en continue une pluie de larmes glacées avant de se détacher et de voler en éclat sur le sol détrempé, comme cette femme qui s'étiole, se redresse, lutte, se défait, tente de retenir un monde, un songe, un désir, un souvenir, un espoir. Dans un coin de la scène un homme, Alexandre MEYER, équipé d'une batterie d'instruments de musique, enveloppe Natalie DESSAY et le public dans une atmosphère troublante.

En bref : Grace à cette fascinante performance dans un écrin visuel et musical envoûtants Natalie DESSAY, sur  un texte retors, beau, qui multiplie les interprétations, effectue un passage réussi à la scène et prouve qu'elle est bien plus qu'une incroyable chanteuse lyrique


C'EST OU ? C'EST QUAND ?

Théâtre Dejazet
41 Boulevard du Temple 75003 PARIS
Du 22 septembre au 13 octobre 2016



Crédit photo @Christophe Raynaud de Lage

Vu  mai 2016 - Théâtre des Abbesses
Mise à jour du 07/08/17

mardi 3 mai 2016

RICHARD III LOYAULTE ME LIE

EGO TRIP : RICHARD ET SES DOUBLES
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En cette année anniversaire de la disparition de William SHAKESPEARE il semble que l'oeuvre du dramaturge britannique n'ait jamais autant été à l'affiche des salles dans le monde entier. L'adaptation de RICHARD III cela faisait des années que Jean Lambert-wild la préparait. Après celle de Thomas OSTERMEIER dans le cadre du Festival d'Avignon 2015 et la puissante interprétation de Lars EIDINGER, puis la version punk-rock de Thomas JOLLY cet hiver à l'Odéon, c'est une vision très différente qui nous est présentée.

Jean Lambert-wild nous donne à voir sous un angle différent du monstre de pouvoir généralement présenté. Dans cette traduction à quatre mains avec Gérald GARRUTI, il le définit comme l'incarnation du Moi absolu. Sa motivation ne serait pas le pouvoir et la vengeance sur une famille qui le méprise du fait de son infirmité, mais l'expression d'une volonté d'anéantissement d'un monde abject veule et corrompu. Sous les traits du clown se cache un personnage dont on ne soupçonne pas une sensibilité telle qu'on pourrait être prise de compassion pour ce prince. Enfin si l'on fait abstraction de l'immonde jeu de massacre auquel il se livre pour arriver au pouvoir, fidèle jusqu'au bout à sa devise : "Loyaulté me lie". Comme s'il n'était pas maître de son destin mais prisonnier d'une volonté qui le dépasse, pantin lui-même manipulé par une force plus puissante que lui.

Le magnifique décor construit par les Ateliers du Théâtre de l'Union place l'action dans une ambiance de fête foraine. Un rire féroce qui nous cueille lorsque les formes les plus originales illustrent les morts qui se succèdent au sein de la famille royale, chacune rapprochant RICHARD de plus en plus du trône mais aussi de l'abomination et de la solitude. Entre train fantôme et temple tribal, avec ses ouvertures multiples, ses trappes, ses rideaux, ses transformations, ses figures étranges, polymorphes, matérielles ou immatérielles, c'est l'univers irréel de la folie rageuse du futur roi qui s'anime devant nous. Un décor qui constitue un troisième acteur de cette inéluctable progression vers la folie.

C'est avec EN ATTENDANT GODOT, vu la saison dernière au théâtre de l'Aquarium à Vincennes, que le clown de Jean Lambert-wild a commencé sa métamorphose vers la parole. Un besoin profond, puissant qui ne pouvait s'accomplir qu'avec ce personnage complexe. Dès lors le clown apparaît comme un miroir renvoyant au monstre l'image de ses contradictions, de sa folie. Lorsqu'il entre en scène dans son pyjama il se lance dans le monologue de Richard, cette description de son cauchemar. Lorsqu'il a terminé il a perdu sa jambe. Comme s'il était tombé au sein du songe, au milieu de la multitude de fantômes qui errent dans le cerveau perturbé du prince et endossait le costume de l'être difforme en entrant dans son moi tout aussi complexe.

Face à lui une comédienne qui s'empare de tous les autres rôles de la tragi-comédie. Emportée dans un manège qui s’accélère jusqu'à la rupture elle se métamorphose en quelques secondes, se faisant femme fragile ou miroir féminin du clown-monstre. Elle confronte RICHARD à ses doubles. Elodie BORDAS s'empare avec force et énergie de cette cohorte de personnalités. Là ou le rôle-titre écrase généralement les autres par la puissance du caractère et de son interprète Elodie BORDAS fait jeu égal avec Jean Lambert-wild. La marque aussi de Lorenzo MALAGUERA à la direction d'acteur (déjà aux manettes du Godot).

L'ensemble de cette création est éblouissant. Un travail d'équipe dans lequel il n'est pas un détail qui n'ai été travaillé avec précision. Du travail d'orfèvre, à l'image de cette armure de céramique, conçue par Stéphane BLANQUET (qui est également le concepteur des décors) et confectionnée par Christian COUTY, créateur céramiste limougeaud qui l'a réalisée dans les ateliers de la manufacture La Fabrique. Ou de l'ambiance musicale. La composition de Jean-Luc THERMINARIAS enveloppe le spectacle dans cette atmosphère étrange du rêve. Le tout se terminant dans un final d'une très grande beauté qu'il vous faudra découvrir sur place.

En bref : Un grand RICHARD III dans un univers clownesque qui donne à voir une version plus introspective de la personnalité du roi-monstre. Une création qui fourmille de créativité. Jean Lambert-wild et Elodie BORDAS rivalisent de force et de subtilité pour une interprétation magistrale dans un décor éblouissant.

Pour en savoir plus : Chaque vendredi et jusqu'à la fin de la tournée vous pouvez suivre le journal de bord de la création et entrer dans les coulisses de cette aventure théâtrale : Récits en photo et en vidéos sur le site de France 3 Limousin : http://france3-regions.blog.francetvinfo.fr/richard-3-loyaulte-me-lie/ 

C'EST OU ? C'EST QUAND ?
C'était à La Ferme du Buisson 
dans le cadre du Festival PULP
les 9 et 10 avril 2016


Ce sera en tournée en France, Belgique et Suisse en 2016 et 2017 et notamment :

24 au 26 mai 2016 - L'Apostrophe - Cergy Pontoise
3 novembre - 4 décembre 2016 - L'Aquarium à Paris / Vincennes
et en 2016/2017 à Dijon, Brive, Chelles, Rochefort, Vesoul, en Martinique et autres dates à venir sur le site du Théâtre de l'Union



Crédit photo @Tristan Jeanne-valès