VICTOR

ILS ONT TOUT MIS DANS LE DÉCOR

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AMOUR, GLOIRE ET SACRIFICE

Victor sort de prison où il a purgé une peine de 11 mois pour un délit qu'il n'a pas commis. Par amour pour Françoise, une femme pourtant inaccessible, mariée à Marc, il a accepté de sacrifier quelques mois de sa vie, sinon sa vie entière, pour lui éviter de supporter la honte et les conséquences des actes de son mari, ami d'armée, héros de guerre et homme d'affaires qui a réussi. C'est lui qui était coupable des magouilles pour lesquelles Victor a plongé. Marc lui en sera-t-il reconnaissant ? Françoise aura-t-elle attendu Victor, elle qui croit l'aimer et ne reste avec Marc que parce qu'il refuse le divorce ? Pourra-t-elle quitter Marc et la vie confortable qu'il lui donne pour l'inconfort et le petit salaire de salarié de Victor. Entre le mari voyou et l'amant de cœur intègre saura-t-elle trouver le bonheur ?

PLATITUDE

Ecrit en 1950 par Henri Bernstein le texte ne séduit pas. La mise en scène très cinématographique de Rachida BRAKNI n'arrive pas à nous plonger pleinement dans l'ambiance des années 1950. La direction d'acteurs manque de rythme et d'intention crédible. Eric CANTONA, désormais plus connu pour ses rôles au cinéma que pour sa carrière de footballeur, ne convainc pas dans le rôle du mari volage mais jaloux doublé d'un homme d'affaires peu intègre. S'il en impose par sa carrure et sa stature, sa diction rigide et son accent qui semble parfois forcé le rendent parfois inaudible ou inintelligible. Face à lui l'immense talent de Grégory GADEBOIS est mis à rude épreuve. S'il est excellent en homme ivre et touchant dans ses scènes avec la jeune Marion MALENFANT, la plupart du temps il semble lui-même avoir du mal à croire à cette histoire et livre une prestation très en deçà de ce qu'il nous avait montré dans DES FLEURS POUR ALGERNON. Catherine SILHOL est toute en élégance, mais sa différence d'âge avec ses partenaires rend difficilement crédible l'histoire d'amour qui se joue entre ces trois-là.

Ce sont les deux rôles secondaires qui s'en tirent le mieux. Serge BIAVAN, au jeu très juste, est l'ami fidèle. Quant à Marion MALENFANT, jeune ex-pensionnaire de la Comédie Française, elle est un vent de fraîcheur dans un ensemble ennuyeux. Eux seuls semblent croire à leurs personnages et jouer avec ensemble là où le jeu des trois têtes d'affiche manque de cohérence.

ESTHÉTISME

La qualité et l'esthétisme qui sont la marque de fabrique des studios HARCOURT, auxquels il a été fait appel pour l'affiche, se retrouvent également dans les somptueux décors et la scénographie de Catherine BLUWAL, notamment celui de l'appartement de Marc et Françoise. Ses hautes colonnes, la rambarde sophistiquée de l'escalier, l'aménagement de l'espace : tout est pensé pour marquer le pouvoir de l'argent, le pouvoir de Marc sur Françoise. En opposition avec le discret appartement de Victor, décoré avec soin et sobriété. L'ensemble est mis en valeur par le travail de lumière de Bertrand COUDERC, malgré quelques effets faciles.

En bref : un casting surprenant qui ne suffit pas à maintenir l'intérêt pour un texte vieilli mis en scène sans relief. Le trio amoureux ne fonctionne pas. Dommage.

C'EST OU ? C'EST QUAND ?

Théâtre Hébertot

78 bis Boulevard des Batignolles 75017 Paris

Du mardi au samedi à 21h - Matinée le dimanche à 17h00

Crédit photo @LOT