UNE BELLE AVENTURE THÉÂTRALE ET HUMAINE
*****

Attention, ceci risque d'être l'article le plus long jamais écrit sur ce blog
SPECTACLE HORS NORMES

Après une tournée à guichets fermés en France et un passage par Sceaux en décembre 2014, la PICCOLA FAMILIA a donc débarqué à l'Odéon (plus exactement aux Ateliers Berthier) en ce pluvieux week-end de fête du travail pour donner l'intégralité des deux cycles de cette aventure théâtrale. Les prévoyants ont pris leur place avec leur abonnement depuis plus d'un an. Les moins prévoyants (dont je suis) guettaient l'ouverture des ventes hors abonnement, et, frustrés de rester bredouille, écumaient twitter et les sites de revente sur internet à la recherche du sésame qui permettrait de participer à ce qui restera un événement de cette saison théâtrale. Il faut une certaine dose de folie et de passion pour monter un tel texte. Il en faut aussi pour décider de s'enfermer 18h dans un théâtre. Et si je commence cet article par le récit de cette attente c'est peut-être parce que pour beaucoup, comme pour moi, c'est la passion du théâtre qui nous a mener au bord du périphérique parisien un week-end entier pour assister à ce spectacle.
QUAND L'HISTOIRE EST UN ROMAN
Concentrés que nous sommes sur notre petit hexagone nous apprenons finalement peu de choses sur l'histoire de nos voisins. Pourtant, le Moyen Age et la Renaissance ont offert matière à écrire des scénarios épiques, comme en témoignent les succès des séries télé Les Borgias ou les Tudors, sans parler de la fiction "GOT" (Game of Thrones pour les non initiés dont je suis puisque je ne l'ai toujours pas vue). L'histoire de la monarchie britannique regorge d'épisodes romanesques. Perdu au milieu de rois conquérants HENRY VI est un roi à part. Pacifique et pieux, son tempérament fait qu'il ne supporte pas les querelles des maison d' YORK et de LANCASTRE, connu sous le nom de Guerre des deux-roses, ni les conflits entre l'Angleterre et la France et l'Irlande.

UNE EXPÉRIENCE UNIQUE
"Un spectacle de 18h, mais tu es dingue !". Avec "Tu as survécu à un spectacle de 18h?" : voilà les deux phrases les plus entendues quand on parle à quelqu'un qui n'a pas vu HENRI VI. Moi qui, il y n'y a pas si longtemps que cela, trouvait très bobo les spectacles de plus de 5h dans la cour du Palais des Papes, me retrouve à être l'une des plus ferventes défenseurs de ce spectacle hors norme. Car même s'il ne révolutionne pas le théâtre (et ce n'est pas l'intention de Thomas JOLLY), HENRY VI restera gravé dans la tête et le coeur de ceux qui l'auront vu et aimé. Pourtant, face à l'enthousiasme général certains restent en marge de l'aventure dans laquelle ils n'arrivent pas à plonger.

GÉNÉALOGIE ET SOCIÉTÉ EN MOUVEMENT

UNE MISE EN SCÈNE DANS L'AIR DU TEMPS
La mise en scène de Thomas JOLLY est celle d'un talentueux dramaturge bien ancré dans son époque. Il s'est nourri de pop et de rock, de mangas, de cinéma fantastique, de jeux vidéo, de jeux de guerre et d'héroic fantaisy. Certains lui reprochent de faire avec HENRI VI un Game of Thrones théâtral. Ceux-là oublient que l'auteur de la série a reconnu s'être inspiré de Shakespeare et occultent tout ce que le spectacle vivant apporte d'émotion brute et spontanée.

Et puis il y a l'humour. Le spectacle démarre sur un rythme débridé, avec une mise en scène jouant sur différents registres : le deuxième degré, la dérision, le burlesque. Un ton décalé qui peut se permettre de prendre parfois quelques libertés avec le texte en introduisant un langage plus moderne. Ce n'est que pour mieux nous attirer, nous captiver, et nous emporter vers un texte parfois ardu.
LA TROUPE ET LA RHAPSODE

Et que dire du travail sur les costumes : on retrouve toute l'imaginaire, l'inventivité, l'esprit pratique et de bricolage (pour passer facilement d'un personnage à l'autre en quelques minutes dans les coulisses). Les clans sont clairement identifiés par un détail du costume. Et quelle belle idée que ces rubans rouges et blancs. Un spectacle qui ne serait pas non plus possible sans l'immense travail des nombreux techniciens qui eux non plus ne ménagent pas leur peine pour que tout se fasse rapidement et avec fluidité.

DU THÉÂTRE POPULAIRE DANS SA PLUS BELLE EXPRESSION
Faut-il reprocher au théâtre d'adopter les codes des jeunes générations ou faut-il se réjouir qu'ainsi il puisse attirer dans ses salles des classes d'âge qui préfèrent se réfugier dans le tout numérique ? Le Henry VI participe au débat d'une belle manière. Des nombreux échanges que génère le spectacle une large majorité, y compris parmi les puristes de Shakespeare, ne tari pas d'éloges. Et si certains semblent regretter une mise en scène trop sage le travail de Thomas JOLLY et de la Piccola Familia ne laisse pas indifférent.
Pour moi, l'une des grandes forces de ce spectacle est d'une part de rendre accessible à tous un texte par ailleurs ardu, (en témoigne l'enthousiasme des jeunes spectateurs), et d'autre part de séduire tous les publics. Combien auraient parié que nous serions si nombreux à venir, à chercher désespérément une place pour un spectacle de 18h ? Il est heureux que le Théâtre National de Bretagne, le Festival d'Avignon, Le Théâtre de l'Odéon et bien d'autres en France aient relevé le défi de produire et/ou de programmer cette formidable aventure.
En bref : Je n'a pas survécu à 18h de spectacle. J'ai vécu une aventure théâtrale et humaine comme j'aurai peu de chances d'en connaître d'autres. Une mise en scène inventive, rythmée, musclée, parfois déjantée, souvent romanesque. Une troupe de comédiens tous aussi étonnants les uns que les autres. Et une rhapsode qu'il sera impossible d'oublier. Une épopée théâtrale qui réunit grand texte classique et théâtre populaire, et qui instaure une lien fort entre les spectateurs et chaque membre de la troupe. Une aventure à ne pas manquer. On en réclame encore et encore.
C'EST OU ? C'EST QUAND ?
En bref : Je n'a pas survécu à 18h de spectacle. J'ai vécu une aventure théâtrale et humaine comme j'aurai peu de chances d'en connaître d'autres. Une mise en scène inventive, rythmée, musclée, parfois déjantée, souvent romanesque. Une troupe de comédiens tous aussi étonnants les uns que les autres. Et une rhapsode qu'il sera impossible d'oublier. Une épopée théâtrale qui réunit grand texte classique et théâtre populaire, et qui instaure une lien fort entre les spectateurs et chaque membre de la troupe. Une aventure à ne pas manquer. On en réclame encore et encore.
C'EST OU ? C'EST QUAND ?
Théâtre de l'Odéon - Ateliers Berthier
Du 2 au 17 mai 2015 (cycles 1 & 2)
Opéra de Rouen Haute Normandie - Théâtre des Arts
L'intégrale le 20 juin 2015 à partir de 10 h
Crédit photo @Nicolas Joubard @Brigitte Enguerrand - Divergence / Photo salut final @LeThéâtreCôtéCoeur
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire