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FANTASMAGORIE DÉMONIAQUE ET PLURIELLE

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UNE COMÉDIE MUSICALE ?

L'affiche intrigue : une femme à la longue chevelure tressée se cache du nez au bassin derrière un cadre montrant un corps d'homme musclé. Regard intriguant. On joue à cache cache. Quel est donc cette nouvelle création de Philippe DECOUFLE et de sa compagnie DCA ? Une comédie musicale fantasmagorique annonce le programme. Il y a longtemps qu'il en avait le désir, "l'idée d'un art total".

Alors il ne reste plus qu'à ne pas fermer les yeux mais surtout à les garder grands ouverts pour le suivre dans cette univers qui commence comme un très sage spectacle de music-hall pour partir progressivement dans des délires de plus en plus oniriques et finir en apothéose avec un final au rythme envoûtant qui vous reste en tête longtemps après avoir quitté la salle (si, si, j'en ai capté plus d'un ou une sifflotant le dernier thème sur le quai du métro).

HEUREUX MÉLANGE DES GENRES

Vous tenez absolument à ce qu'il y ait une histoire pour lier tous ces numéros ? Alors faisons court. Méphistophélès nous accueille, croise Faust et veut lui faire signer son contrat maléfique, objectif qu'il atteindra après avoir poursuivi Faust dans les méandres d'un esprit facétieux avide de danse et de musique.

Voilà le prétexte à explorer tous les codes du genre pour les travailler "à la manière de". Nul besoin d'être un spécialiste des comédies musicales pour apprécier ce voyage au pays du rêve hollywoodien, sur les planches de Broadway ou même du côté de Bollywood. Sans oublier les accents un peu circassiens et toujours voltigeants qui font un peu la marque de fabrique de la Compagnie DCA, comme j'avais eu la joie de le constater avec OCTOPUS il y a quelques années.

Un spectacle de Philippe DECOUFLE c'est bien plus qu'in spectacle de danse.le chorégraphe a une capacité à mixer avec réussite les différents arts. Ils ne se superposent pas, ils se complètent. On y retrouve ce qui a jalonné le parcours de celui que le grand public (dont je suis) a découvert lors de la cérémonie des Jeux Olympiques d'hiver d'Albertville : un apprentissage qui passe par la danse, notamment avec Merce CUNNHINGHAM, le cirque à l'académie Annie FRATELLINI, le mime avec Isaac ALVAREZ. Sans oublier une utilisation très intelligente de la vidéo qui joue sur la démultiplication des espaces et des effets grâce à une technique utilisée depuis le spectacle Shazam.

Mais aussi démultiplication des êtres, lesquels n'hésitent pas à jouer sur l’ambiguïté et l'interrogation du positionnement de l'individu tant par opposition au groupe que dans son identité sexuelle, notamment dans les costumes. Avec en fond une réflexion sur le bien et le mal et la surface de Dieu (si, si, on ne fait pas que rire, on peut aussi réfléchir !)

Chaque tableau est une petite histoire à lui tout seul et reste cependant relié aux autres. Contorsionnistes dans sa bois qui se démultiplie sur le mur du fond comme autant de boites à diablotin, main qui n'obéit qu'à ses désirs égoïstes sans s'encombrer de ce corps qui lui sert de prolongation, voyage au pays des dieux ou seulement au cœur des nuages, un petit cours de claquette à la Fred ASTAIRE, une bataille dans la cour du lycée façon West Side Story, une chorégraphie de groupe aux accents légèrement bollywoodiens, un petit pas comme Charlot, un pas de deux langoureux, un mouvement contemporain, une sarabande, un hypnothérapeute charlatant. Tous les styles se croisent, se cognent, se mélangent, se transforme en une nouvelle matière harmonieuse. Le tout étant aussi une mise en abîme qui nous plonge dans l'ambiance d'une compagnie qui monte et répète un spectacle.

La musique originale de NOSFELL est interprétée en live par le compositeur / chanteur accompagné de Pierre Le Bourgeois. Cela arrive de plus en plus souvent que l'orchestre soit sur scène pour accompagner les musiciens,devenant une partie intégrante à la fois visuelle et sonore, et personnellement je ne vais pas m'en plaindre. L'univers musical de NOSFELL participe grandement à cette ambiance de délire maîtrisé.

Seize danseurs, danseuses et musiciens créent avec talent, agilité et maîtrise un hymne à la danse et à la comédie musicale, teinté d'une dose de Decouflerie, ou disons d'absurde et d'humour. Leurs prestations sont magnifiées par le très délicat travail de lumières de Patrice Besombres, les décors et la scénographie de Jean Rabasse, et les costumes délirants imaginés et réalisés par Laurence Chalou, sans oublier le travail de toute une équipe technique.

POUR EN SAVOIR PLUS

La technique vidéo utilisée par la Compagnie DCA est détaillée sur le site de la compagnie, en cliquant ICI

NOSFELL sera en concert au Trianon le 4 mars 2015

Avec : Christophe SALENGRO, Alice ROLAND, Clémence GALLIARD, Eric MARTIN, Alexandra NAUDER, Stéphane CHIVOT, Flavien BERNEZET, Sean Patrick MOMBRUNO, Meritxell Checa ESTEBAN, Violette WANTY, Julient FERRANTI, Ionnis MICHOS, Lisa ROBERT, Suzanne SOLER

En bref : Pour s'échapper du quotidien plongez avec confiance dans cette fantasmagorie joyeuse. Une Découflerie délirante et poétique, hommage à la danse et à la comédie musicale

C'EST OU ? C'EST QUAND ?

Théâtre National de Chaillot

Place du Trocadéro 75 Paris - Métro Trocadéro

Du 9 janvier au 6 Février puis en tournée

Crédit Photo @Laurent Philippe

Vu le 27 janvier 2015