jeudi 29 mai 2014

AZIMUT

POESIE ET LENTEUR DE L'ACROBATIE MAROCAINE

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LES ACROBATES DE TANGER


AZIMUT est né de la rencontre entre un groupe d'acrobate qui s’entraînait sur les plages de Tanger et d'un chorégraphe tombé sous le charme de cette pratique singulière. Aurélien BORY fonde alors le Groupe acrobatique de Tanger avec Sanae El KAMOUNI est le succès international est au rendez-vous dès 2004 avec un premier spectacle "TAOUB".

Dix ans plus tard l'aventure repart avec un mot d'ordre : le désir d'envol. "Azimut" est un terme astronomique qui vient de l'arabe "as-samt" qui signifie "Chemin". En argot il évoque la folie, l'éparpillement. "AZIMUT" explique Aurélien BORY "rappelle par dérivation le zénith : chemin au-delà de la tête"

UNE LENTE RÉFLEXION POÉTIQUE

Ne vous arrive-t-il pas d'être déçu par le deuxième spectacle d'une compagnie ou d'une troupe lorsque vous avez beaucoup, vraiment beaucoup aimé le premier que vous avez vu ? J'ai l'impression que pour moi avoir un très gros coup de cœur pour un artiste, un spectacle, un auteur, une mise en scène place mes attentes pour le spectacle suivant à un niveau très haut et me mène souvent à la déception, mais pas toujours heureusement.

La saison dernière j'avais adoré PLAN B, un spectacle d'Aurélien BORY qui fêtait ses 10 ans d'existence avec un mois de représentations au Théâtre du Rond Point. Alors je n'ai pas hésité à signer pour deux spectacles chorégraphies par le toulousain et présentés en cette saison 2013/2014 au Rond Point. Si j'ai été ravie voire subjuguée par ERECTION, un solo de Pierre RIGAL, la déception est au rendez-vous pour AZIMUT.

Aurélie BORY dit : "Il y a d'une part les pyramides humaines, que je vois comme une façon de se rapprocher du ciel, et d'autre part, des sauts acrobatiques dont la répétition des mouvements suit le tracé d'un cercle". Si la première séquence illustre ce propos avec ces sacs, ces cocons, qui pendant de (trop) longues minutes hésitent entre ciel et terre, la pyramide humaine en suspend sur le fond noir m'a laissée de marbre. Ses mouvements internes m'ont donné le sentiment d'un malaise et d'un geste pas abouti.


MANQUE DE RYTHME


D'une manière générale il m'a manqué du rythme. Les trois premières séquences s'étirent quand enfin arrive un peu de rythme et que la femme enceinte se met à se vider d'une noria d'êtres. Il y a eu heureusement cette petite note d'humour final pour donner un peu de légèreté à ce mouvement répétitif qui semblait sans fin.


Ces effets répétitifs me semblent une marque de fabrique d'Aurélien BORY (mais n'ayant pas beaucoup de références en danse contemporaine je m'en tiens à une supposition). Le chorégraphe passionné par les mathématiques et la physique (comme quoi art et science ne sont pas incompatibles) aime aussi les lignes de fracture. Les rupture de rythme, de lignes est une des éléments que j'avais apprécié dans PLAN B et dans ERECTION. Ces cassures m'ont ici manquées, notamment dans la (longue) séquence d'escalade en diagonales. Ces diagonales qui avaient un sens dans PLAN B ressemblent ici à une suite d'exercices de synchronisation sur un rythme trop régulier.

Il y a quand même de très jolis moments dans ce spectacle : le jeu de lumière sur ces corps repliés que l'on distingue trop furtivement au fond lors de la première séquences, la très belle scène de roues (pour le coup très bien rythmée), les voltigeurs (même si DECOUFLE a mis la barre très haut lors des jeux d'hiver d'Albertville), le cocon suspendu au plafond et qui s'anime, la fusion finale (avec une dernière petite touche d'humour).

C'est peut-être l'humour qui manquait en plus du rythme. Ces acrobates de Tanger sont de très bons voir impressionnants athlètes et globalement le spectacle est baigné dans une certaine poésie portée par la figure de la femme enceinte et par l'ambiance sonore et ses deux musiciens. Mais je ne suis pas tombée sous le charme de cette proposition qui pour moi manquait de lien (il m'a échappé, ça peut arriver) et peut-être de rigueur. J'aurai aimé plus de magie dans cette poésie.

Au final pour moi une déception. Peut-être en attendais-je trop. Ce sentiment n'étant pas partagé par la majorité le mieux est d'y aller (s'il reste des places) de vous faire votre propre opinion.


En bref : une belle troupe d'acrobates, 3 petits moments de grâce au milieu d'un ensemble d'une poésie ennuyeuse entretenue par une mise en lumière esthétique mais trop souvent trop sombre. Pas assez pour que je succombe au charme de ce spectacle qui part tous azimut.

C'EST OU ? C'EST QUAND ?
Théâtre du Rond Point
2 bis Avenue Franklin Rooseveldt - 75008 Paris
Métro Franklin Rooseveldt

Du 22 mai au 29 juin 2014 - 21h00


Vu le 23 mai 2014 - Théâtre du Rond Point - Paris

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