Le Théâtre côté Cœur: LE SIGNAL DU PROMENEUR

lundi 14 avril 2014

LE SIGNAL DU PROMENEUR

UN COLLECTIF QUI INTERPELLE AVEC HUMOUR ET CRÉATIVITÉ

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ROMPRE AVEC LA SOCIÉTÉ

"Qu'est-ce qui pousse un homme à rompre totalement avec son milieu, voire avec la société toute entière ? A opposer à un destin trop tracé une révolte qui est le cri viscéral du vivant ?"

(source : théâtre de Châtillon)

Voila brièvement résumé la question posée par le Raoul Collectif dans "Le Signal du Promeneur". Les 5 jeunes comédiens belges se sont inspirés de 5 faits divers, histoires vraies, destins hors du commun. Tout au long du spectacle s’entremêlent le procès de Jean-Claude Romand, le faux médecin de l'OMS qui finit par assassiner ses proches ne pouvant plus faire face à ses mensonges, la colère de Fritz Angst atteint d'un cancer qu'il considère comme "une maladie de l'âme" résultant de la résignation et le pousse à se révolter contre son milieu conformiste, le refus d'une vie toute tracée de Christopher Mc Candless qui lâche tout pour s'immerger dans la nature sauvage d'Alaska, la quête au Mexique d'un ptérodactyle vivant par un homme qui dans ce but a quitté femme et enfants depuis 32 ans et l'aventure de Mike Horn et son parcours en solitaire sur les 40.000 km de l'équateur.

UN UNIVERS DÉSTRUCTURÉ

C'est dans un décor déstructuré que se tisse la toile d'araignée vers le centre de laquelle doivent converger ses récits, interpellant le spectateur sur la société, le monde du travail, la famille, la place de l'individu, le destin, la fatalité, le libéralisme, la nécessité de vivre. Avec énergie et humour le collectif dépose ses doutes et ses interrogations. L'univers mouvant qui se crée, se transforme, se détruit, se métamorphose sous nos yeux est foisonnant d'inventivité tant visuelle que sonore.

La longue scène du procès de Jean-Claude Romand pose ainsi le faux docteur à la fois comme monstre sans scrupule et comme victime de la société, le tout avec un humour décapant. Les interludes musicaux surprennent par leur variété. Quand à la scène de la chenille elle est irrésistible de drôlerie. Emprunt de rythme et de rupture il entraîne le public loin des sentiers battus sans jamais apporter de réponse.

Et c'est peut-être finalement ce qui m'a gêné. Non pas que j'attende que l'on m'apporte sur un plateau des réponses toutes faites. Mais si j'ai été séduite par le talent de ces cinq jeunes comédiens, par les rires et les émotions qu'ils suscitent, je suis restée sur ma faim quand à leur message n'ayant pas trouvé dans le prétexte suffisamment d'éléments ou de positionnement pour alimenter ma propre réflexion. Je n'ai pas réussi à faire le lien entre ces 5 histoires et contrairement à ce que j'ai lu un peu partout je ne suis pas sortie de la salle le sourire au lèvre et plein d'optimisme. J'ai au contraire ressenti ces histoires comme l'expression d'un grand désarroi face à une société qui veut mettre tout le monde dans le même moule et ne propose que souffrance à qui ne veut pas y rentrer. Mais au fond face à un tel spectacle le ressenti de chacun ne peut être qu'influencé par sa propre histoire, son propre vécu et chacun y trouvera ses propres réponses ou de nouvelles interrogations.

Ce spectacle a connu un fort retentissement après son passage dans le Festival Off d'Avignon en 2012. N'ayant pu le voir à l'époque à la Manufacture, ni à Paris au cours de la saison 2012/2013, il figurait dans ma liste des "Si j'avais (eu) le temps". Même si j'en ressors avec une légère déception je ne regrette pas d'avoir surveillé ses dates de tournée pour aller le voir.

En bref : Un collectif énergique et drôle qui veut secouer les idées reçues. Un spectacle très réussi visuellement mais qui ne m'a pas complètement nourrie.

POUR EN SAVOIR PLUS
Toutes les informations sur leurs projets et les dates de tournée sur leur site en cliquant ICI
"LE SIGNAL DU PROMENEUR" a obtenu le prix Odéon-Télérama - Festival Impatience 2012, jeune création européenne - Prix du public Festival Impatience 2012, jeune création européenne

Raoul Collectif est composé de Romain DAVID, Jérôme de FALLOISE, David MURGIA, Benoît PIRET et Jean-Baptiste SZEZOT.

C'EST OU ? C'EST QUAND ?

C'était le 11 avril 2014