SEUL DANS BERLIN ?

UNE VISION DE LA RÉSISTANCE ALLEMANDE

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UN COUPLE BERLINOIS FACE AU NAZISME

Le livre de Hans FALLADA publié en 1947 est présenté par Primo LEVI comme "l'un des plus beaux livres sur la résistance allemande antinazie". L'auteur y décrit la vie dans un immeuble de Berlin pendant la deuxième guerre mondiale. On y croise notamment des membres zélés du parti nazi, une veuve juive, un ancien magistrat, un couple tranquille. Bref tout ce qui constitue une population ordinaire qui subit, soutient ou vit avec un régime de plus en plus répressif mais arrivé au pouvoir démocratiquement et qui fait régner la peur et la terreur de cette période de guerre.

L'adaptation de René FLIX présentée au Lucernaire est une version raccourcie (un peu plus d'une heure) qui se concentre sur le couple QUANGEL. Leur fils unique, soldat de l'armée allemande triomphante, marche sur Paris. Mais un jour le courrier qu'apporte la concierge n'est pas une lettre de ce fils chéri mais une missibe de l'armée leur annonçant que leur fils unique est désormais un héros de la patrie. Les époux QUANGEL qui vivaient jusque là dans une position politique plutôt neutre vont entrer en résistance. Une résistance qui prendra la forme de cartes postales déposées anonymement dans des cages d'escalier partout en ville pour inciter les esprits à se révolter contre le pouvoir.

UNE MISE EN SCÈNE TRÈS - TROP - CLASSIQUE

Une disposition simple, à l'image de ce couple. Nous sommes dans leur cuisine. Une table, trois chaises. Un écran rectangulaire accroché au mur du fond sert à projeter des images du ciel lourd et gris de Berlin, une lune sur laquelle flottent des nuages, un plan de Berlin, des soldats marchant dans la campagne. La table se fait bureau de la Gestapo lors des interrogatoires menés par le commissaire ESCHERICH.

Le jeu des comédien est aussi sobre que le dispositif scénique et globalement neutre, à l'exception des deux cris poussés l'un par la mère lorsqu'elle apprend la mort de son fils, l'autre par le père lorsqu'il réalise que son action est responsable d'un suicide, les deux sonnant totalement faux. Le jeu de Claudia MORIN et de Marc-Henri BOISSE, très classique et un peu académique, n'a pas réussi à m'émouvoir. Les scènes (ou scénettes) sont hachées par la mise en scène. Je n'ai pas ressenti la montée de la révolte, de la peur, de la haine, même si le courage des ses résistants est bien démontré. L'univers clos de la cuisine semble à l'image du combat dérisoire qu'ils vont mener pendant 2 ans.

Jean-Paul DUBOIS interprète un commissaire ESCHERICH inquiétant, sournois, manipulateur, qui semble ménager les époux QUANGEL puisque pendant deux ans il sera chargé de l'enquête sans les arrêter, jusqu'à ce que la pression de sa hiérarchie se fasse trop forte et qu'il finisse lui-même par devenir suspect et par se suicider. 

MANQUE DE PUISSANCE ÉMOTIONNELLE

Hans FALLADA s'est inspiré de l'histoire vraie de  Otto et Elise HAMPEL, résistants allemands morts en prison prison en 1943. Il n'avaient pas d'enfant et c'est la mort du frère d'Elise qui les avait précipité dans la résistance. En deux ans il semèrent dans Berlin 232 cartes et messages contre le régime. Arrêtés sur dénonciation ils furent exécutés par le régime nazi. En 2013 a été diffusé sur France 3 un documentaire de Michael GAUUMMITZ intitulé "Seuls contre Hitler".

Si l'histoire vraie de ce couple de résistant est en elle-même émouvante, cette libre adaptation ne m'a pas séduite et je m'y suis même ennuyée. Je me suis demandée, avec une once de regret, ce que donnait la version qui a été donnée au Théâtre des Amandiers à Nanterre fin janvier/début février. A défaut ma curiosité a été suffisamment éveillée pour m'inciter à acheter le livre.

Heureusement pour l'équipe qui a mené ce projet il semble que mon ressenti aille à l'encontre de la majorité du public. Malgré l'heure assez matinale pour une pièce de théâtre en semaine (18h30), la salle était comble et le succès vaut à ce spectacle des prolongations du 2 avril au 18 mai, ce qui vous permettra de vous faire votre propre avis.

En bref : un sujet intéressant mais un traitement trop sobre et trop classique qui ne laisse pas percer l'émotion.

C'EST OU ? C'EST QUAND ?

Le Lucernaire

53 Rue Notre Dame des Champs 75006 PARIS

Métro : Notre Dame des Champs

Du 8 janvier au 1er mars 2014

du mardi au samedi à 18h30

Prolongations du 2 avril au 18 mai 2014

du mardi au samedi à 21h30 - matinée le dimanche à 17h

Challenge Théâtre 2014