samedi 5 octobre 2013

MENSONGES D'ETATS

LE GRAND BLUFF DES ALLIES

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OPERATION FORTITUDE

Londres 1944

Les alliés préparent le débarquement en Normandie. Pour limiter la contre-attaque allemande, ils vont mettre en place un énorme bluff : faire croire que cette opération n'est qu'une stratégie de diversion et que le vrai débarquement est prévu plus tard et ailleurs. 

Quelques hommes vont faire chuter Hitler en orchestrant le plus grand mensonge de toute l'histoire de l'humanité.

UNE PLONGÉE DANS L'HISTOIRE

"Mensonges d'Etats" de Xavier Daugreilh raconte comment le commandement allié a imaginé et mis en œuvre l'opération FORTITUDE qui, en faisant croire à Hitler que le débarquement en Normandie n'était que les prémices du vrai débarquement qui aurait lieu dans le Pas de Calais, a permis la réussite de l'opération OVERLORD et la fin de la deuxième guerre mondiale.
Dans un bureau feutré de l'état-major du LCS (London Controlling Section), anglais et américains se lancent dans une partie de poker menteur contre l'Allemagne nazie. Seul l'objectif final compte. Pour que le mensonge soit crédible peu importe le sort des individus petits ou grands. Ainsi le Général PATTON devra renoncer à son destin  et ne mènera pas la bataille de Normandie mais dirigera cette armée fantôme, la FUSAG, tandis que des aviateurs alliés et des résistants français seront sacrifiés pour rendre crédibles les fausses  informations livrées à Von ROENNE par les espions alliés.
Pour certains cet épisode est parfaitement connu. Il a été notamment au cœur de deux romans, "L'Arme à l’œil" de Ken FOLLET et de "Fortitude" de Larry COLLINS. Mais l'intérêt de "MENSONGES D'ETATS" est de nous le présenter comme un récit d'espionnage. Pas de suspens puisque nous connaissons tous la fin. Mais ce récit extraordinaire et véridique en étonnera plus d'un, et pas seulement les jeunes que l'apprentissage de l'histoire au collège ou au lycée n'aura peut-être pas amenés à connaître toutes les subtilités de cette guerre.

MISE EN SCÈNE EFFICACE

J'avais été subjuguée par la mise en scène du "Songe d'une nuit d'été" par Nicolas BRIANCON la saison dernière. Alors dès que la pièce a été annoncée j'ai attendu avec impatience le moment de venir la voir, avec un mélange d'excitation et de crainte d'être déçue. 
Pas de folie cette fois ci dans la mise en scène. Au contraire même, un brin de solennité et une certaine sobriété qui sied bien à l'atmosphère de gravité de cet épisode de l'histoire du 20ème siècle. Deux décors : le bureau, très réussi, du Colonel BANNERRMAN avec son intérieur victorien, et celui, plus froid, du Baron Alexis Von ROENNE, le chef de Fremde Heere West (FHW, les armées étrangères de l'Ouest), l'un des principaux services de renseignement militaire allemands.
Des projections d'images d'archives permettent de discrets changements de décor. Rien de révolutionnaire, notamment si l'on pense au "Repas des Fauves", mais ces images ont le triple avantage de ne pas être trop nombreuses, de détourner l'attention du spectateur des mouvements générés par les changements de décor et surtout de mettre en parallèle la brutale réalité du terrain avec l'ambiance calme des bureaux des froids militaires qui œuvrent loin des champs de bataille. 

EXCELLENTE DISTRIBUTION

Après 5 premières minutes un peu figées, celles parfois nécessaires pour entrer dans la pièce, j'ai apprécié les qualités de jeu de Samuel LE BIHAN. Il donne à BANNERMAN la dose de détachement nécessaire à celui qui doit prendre des décisions si cruciales qu'elles ne doivent pas être perturbées par l'affect, tout en laissant paraître son émotion retenue lorsque ce sont des gens qui lui sont proches qui sont directement impactés par ses actions. 
Michael COHEN est formidable de naturel dans le rôle du major américain. Génial maître d'œuvre de cette opération de désinformation et d'intoxication cynique, il incarne à merveille les tourments qui animent ces hommes et ces femmes qui doivent prendre des positions pour l'intérêt commun en laissant de côté l'aspect humain. Son attirance pour GARBO lui donne un caractère romantique. 

Ce soir-là Marie-Josée CROZE était un ton en dessous des autres. Son jeu manquait de naturel. Son personnage de GARBO, (féminisé par l'auteur puisque le vrai était un agent espagnol) concentre sur une seule personne toute l'importance jouée par le réseau d'espion et d'agent double mis en place par BANNERMAN. Cette touche féminine permet d'introduire un peu de romantisme. Mais est-ce dû au jeu de la comédienne ou au scénario, cette histoire d'amour avec le major américain n'apporte rien à l'histoire et est peut-être le seul bémol que je mettrai à l'ensemble.

Le reste de la distribution est également une réussite : Jean-Pierre MALO campe un PATTON tout en verve, Eric PRATT est un sémillant Colonel anglais, Bernard MALAKA joue un Von ROENNE intrigué par les mouvements des alliés, Aurélien WIIK est émouvant en jeune homme impatient de se battre pour sa patrie et Jean-Pierre LELEU cache bien son jeu en fidèle serviteur du baron allemand. 

En Bref : Mêlant avec intérêt récit historique et suspens du roman d'espionnage, une pièce que je recommande également pour la qualité de l'interprétation et de la mise en scène.

C'EST OU ? C'EST QUAND ?

Théâtre de la Madeleine
19 Rue Surène - 75009 Paris - Métro : Madeleine
Du mardi au samedi à 21h00, matinée le samedi à 16h et le dimanche à 17h


(ne vous arrêtez pas à la bande annonce, la pièce est tellement mieux en vrai)
Vu le 5 Octobre 2013 au Théâtre de la Madeleine

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