dimanche 23 décembre 2012

LE RETOUR

UN RETOUR DÉRANGEANT

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UN PINTER TRÈS NOIR

Terry revient dans sa famille 6 ans après avoir quitté la maison. Il vient présenter sa femme Ruth à son père, Max, son oncle Sam et ses deux frères Lenny et Joey. Comment va-t-elle s'intégrer dans cet univers masculin où plane l'ombre de la mère ?


L'oeuvre de Harold Pinter, Prix Nobel de littérature est sombre. D'une situation banale émerge une atmosphère oppressante et qui semble échapper à toute logique. "Le Retour" s'inscrit dans cet univers si particulier. Quoi de plus naturel que de venir présenter son épouse à sa famille. Teddy lui-même ne se veut-il pas rassurant : 


"TEDDY. Tu te sens nerveuse?
RUTH. Non.
TEDDY. Tu n'as aucune raison de l'être. Ce sont des gens très chaleureux, vraiment. Très chaleureux. Ils sont ma famille. Ils ne vont pas te manger."

Mais comment ne serait-elle pas inquiète en arrivant dans ce monde d'hommes où règne la violence et la rivalité?  Où nulle femme ne semble avoir mis les pieds depuis des années ? Où le patriarche semble imposer sa volonté et sa rancoeur à son frère comme à ses fils ? L'enfant prodige l'est-il vraiment ? Lorsque tout bascule dans l'incompréhensible et l'absurde, pourquoi ces réactions ou absences de réaction ? Pourquoi cette soumission si facile ? Et ce retour n'est-il que celui du fils ou bien celui du passé dans lequel ces hommes semblent englués ?

NOUVELLE TRADUCTION ET CASTING ALLÉCHANT

Philippe Djian signe cette adaptation mise en scène par Luc Bondy, nouveau directeur de l'Odéon. Le casting est alléchant avec notamment Bruno GANTZ (qui fut un étonnant Hitler dans "la Chute") et Emmanuelle Seigner.


Mais celui qui retient l'attention est Micha Lescot qui interprète un Lenny surprenant, et dont le personnage s'étoffe alors que la pièce se déroule.



UNE APPRÉCIATION MITIGÉE

La scénographie est intéressante avec un décor très réussi et une partie de la scène qui avance sur les 4 premières rangées d'orchestre. L'inconvénient étant que lorsque les comédiens jouent sur cette avancée les balcons n'entendent plus rien, l'acoustique de la salle n'étant pas pensée pour cet effet scénique. Ainsi les dernières paroles de Max sont-elles perdues pour une partie du public. Dommage.


La mise en scène portée aux nues par certaines critiques ne permet pas toujours aux comédiens d'être linéaires.  Les cris sont hurlés au point de devenir incompréhensibles parfois, la pièce peine à démarrer et est coupée dans son élan par l'entracte. Emmanuelle Seigner est irrégulière dans son jeu, et Jérôme Kirchner, par ailleurs très bon, semble trop tôt résigné.



Si j'ai apprécié globalement l'ensemble, je ressors avec beaucoup d'interrogations. La critique de Sarah Gandillot pour le Huffington Post résume parfaitement mon ressenti avec des mots que je ne sais pas trouver. La fin nous laisse avec plus d'interrogations que de réponses



Bref : intéressant mais pas génialissime

La Salle : magnifique et confortable. Installée au premier rang du 1er balcon, sur un siège un peu haut mais avec une vue impeccable sur la scène.

C'EST OU ET QUAND

C'était à l'Odéon, Théâtre Européen jusqu'au 23 décembre 2012


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