JE T'AIME A LA FOLIE LA VIE !
Raoul Fernandez n'a pas vécu une vie, il en a vécu 10 au moins, et tant encore à vivre. Qui aurait cru que le petit garçon de El Transito au Salvador qui aidait sa maman à coudre les costumes pour la fête de la Vierge connaîtrait un destin aussi lumineux ?
J'ai toujours pensé que la chance n'arrive jamais par hasard, qu'elle est le fruit non-contrôlé de nos choix inconscients ou pas. La vie de Raoul Fernandez pourrait en être l'illustration. Troisième fils d'une famille qui n'a pas été épargné par le malheur, il rayonne et insuffle à ceux qui le croisent son optimisme et sa joie de vivre.
Sous la plume de Philippe Minyana et mis en scène par Marcial Di Fonzo Bo, il nous fait le cadeau d'un parcours qui sonne comme une ode à la joie de vivre. Raoul rêvait de la France. A peine débarqué il apprend le français au travers l'œuvre de Molière. Parce qu'il n'a peur de rien il saisit à bras le corps les occasions qui se présentent à lui. Et le voici couturier pour le génial Copi, puis pour l'exigeant Rudolf Noureev à l'Opéra de Paris. Quand Stanislas Nordey lui propose de jouer sur la scène de la Comédie Française il saisit la perche, même si ce ne sont que pour quelques lignes. Chaque rencontre est l'occasion d'une transformation, d'une mise à jour de ses capacités cachées.
La scénographie est aussi lumineuse et bigarrée que la personnalité chaleureuse et enjouée de Raoul. Lui qui vient d'un pays où la mort est omniprésente, lui le survivant d'une fratrie de trois, il a une foi dans la vie qui est une vraie leçon.
Et au-delà de la personnalité il y a le formidable comédien qui en deux secondes nous fait passer du rire aux larmes, qui se métamorphose continuellement sur scène. Est-il femme ou homme ? Qu'importe. Raoul nous bouleverse par son jeu généreux, authentique, sincère, chaleureux. Raoul est sensuel, drôle, émouvant, gracile, délicieux, félin, malicieux, mélancolique, nostalgique, tendre, lumineux, attachant, jamais vulgaire. Avec tous ses costumes il se met à nu devant nous, simplement. Et quand il récite le Misanthrope ou Phèdre, quand il chante dans sa langue natale, il nous touche en plein cœur.
En bref : premier coup de cœur de ce festival #Off 2022 pour ce "Portrait de Raoul", tout en sensibilité, sensualité, délicatesse et émotion.
Portrait de Raoul - Qu'est-ce qu'on entend derrière une porte entrouverte ? de Philippe Minyana, mise en scène Marcel Di Fonzo Bo, avec Raoul Fernandez
C'EST OU ? C'EST QUAND ?
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