LES HISTOIRES D'A...
Roxanne est dans un pays d'Afrique en ce 4 novembre 2008. Barak Obama est élu Président des Etats-Unis. Le premier président noir. Un vent nouveau souffle sur les Etats-Unis et sur le monde. Ce soir-là c'est la fête autour de Roxanne. Son regard croise celui de Marco. C'est le coup de foudre réciproque. Elle doit rentrer en France quelques jours plus tard, va se battre pendant des mois pour qu'il puisse la rejoindre. Lorsque ce jour arrive, l'amour est toujours là, mais différent.
Comment construire une vie à deux lorsque tant de choses séparent deux êtres, quand le poids de l'histoire, de la société, des cultures essaie de se mettre en travers ? Roxanne et Marco s'aiment, se sont aimés. De l'émerveillement de la découverte aux désillusions de la vie à deux, c'est tout le parcours d'une histoire d'amour qui est décrit avec précision et justesse. Entre narration et dialogue, en nous plongeant parfois dans l'esprit des deux personnages, le récit traverse les quatre saisons d'une histoire intime hantée par les fantômes de l'Histoire.
Le thème de la dualité est omniprésent. Les oppositions entre deux points de vue se juxtaposent : homme / femme, noir / blanc, travailleuse / sans emploi, artiste / commerciale matérialiste. Et pour couronner le tout le poids de la société : ils s'aiment, sans aucun doute. Mais cet amour est-il assez fort pour résister aux devoirs de Marco vis-à-vis de sa famille, à sa sensation d'être inutile parce qu'il ne peut plus exercer son métier, au regard des autres sur ce couple mixte, au désordre qui s'installe dans la vie bien rangée de Roxanne. Les non-dits se multiplient autant que les frustrations.
La scénographie joue sur ces différents plans et cette dualité en s'appuyant sur deux espaces en miroir, modulables et évolutifs. Une batterie surplombe la scène. La musique de Damien Ravnich rythme le récit autant que le texte d'Alhim Bah. Il se fait poésie ou est scandé avec des répétitions aux accents de Stanislas Nordey dans "Clôture de l'amour". Les phrases sortent rapidement comme l'urgence de l'amour entre Roxanne et Marco.
Sophie Cattani et Nelson-Rafaell Madel ont un jeu très naturel. On sent les attractions, les doutes, les évitements, les envies, les luttent intérieures. La partition est parfaitement maîtrisée. La mise en scène de Antoine Oppenheim est rythmée, bien dosée. Mais en sortant du spectacle je me suis quand même demandé si la mixité, telle que présentée ici, fait beaucoup de différence pour cette histoire d'amour qui ressemble à beaucoup d'autres.
En bref : une réflexion intéressante sur la vie et la mort d'une passion amoureuse, sur nos différences au sein du couple, sur le poids de la société.
Chasser les fantômes, de Hakim Bah, sur une idée de Sophie Cattoni, par le collectif ildi ! eldi, mise en scène Antoine Oppenheim, avec Sophie Cattoni et Nelson-Rafaell Madel, avec la musique live de Damien Ravnich, scénographie, lumière et vidéo Patrick Laffont de Lojo.
C'EST OU ? C'EST QUAND ?
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