#Metoo 1612
En 1612 à Rome se tint un procès hors du commun. La jeune peintre Artemisia Gentileschi accuse le peintre Agostino Tassi, maître peintre qui lui donnait des leçons de perspective, de l'avoir violée, d'avoir volé sa virginité, puis de lui avoir promis le mariage pour ne pas la déshonorer, sans avoir jamais tenu sa promesse. Devant le tribunal c'est la parole de la victime contre celle de l'artiste reconnu, peintre du Pape. Il l'accuse de mentir, d'avoir mauvaise réputation, de s'être donnée à de nombreux hommes et réfute avoir commit un quelconque acte sexuel avec la jeune femme. Elle crie son honnête, l'abus dont elle a été victime. Traitée en coupable plus que victime, elle subit la torture (pas lui, vous comprenez, il ne faudrait pas lui abîmer les mains à ce grand peintre !). Elle crie sa vérité : "c'est vrai, c'est vrai, c'est vrai".
Le procès eu un retentissement hors norme. Les minutes furent perdues, puis retrouvées partiellement. Le groupe Vertigo a basé son adaptation sur le livre d'Ellice Stevens et Billy Barrett, "It's true, it's true, it's true" et de la traduction du procès. Comme ce texte résonne cruellement en 2022 ! Quatre siècles plus tard on voit que rien n'a changé. La parole de la victime est traitée par le mépris, la justice se fiant dans un premier temps à la parole de l'homme de pouvoir et de renommée. La force d'Artemisia est sa conviction d'être dans son bon droit. Son intelligence et son habileté vont lui faire utiliser ses tableaux, notamment "Suzanne et les vieillards" pour démontrer son innocence et contrecarrer les témoignages qui l'accablent. Petit à petit elle va éclairer les propos tenus à son encontre, démontrer la jalousie de celui qui commença les dénigrements parce qu'elle s'était refusée à lui, la concupiscence des hommes vis-à-vis de cette belle jeune femme, l'envie que suscite son talent de peintre. Son violeur sera condamné. Le talent d'Artémisia sera reconnu et elle connaîtra une carrière brillante dans les différentes cour d'Europe.
La mise en scène est inventive, brillante. Elle se permet parfois des anachronismes, faisant le lien entre passé et présent, démontrant toute l'actualité du combat d'Artémisia. La reconstitution du tableau "Suzanne et les vieillards" est une belle idée. Les quatre comédiens sont justes, endossant des rôles multiples. Mention particulière pour Chloé Vivarès, incandescente Artemisia.
En bref : un spectacle fort sur les violences faites aux femmes. Portrait d'une peintre féministe du 17e siècle exemplaire, courageuse, qui fit de son œuvre l'outil de son combat.
Artémisia, d'après Ellice Stevens, Billy Barrett, traduction et mise en scène Guillaume Doucet, avec Philippe Bodet, Gaëlle Héraut, Bérangère Notta, Cholé Vivarès, création lumière Nolwenn Delcam-Risse.
C'EST OU ? C'EST QUAND ?
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