LUMINEUSES ET VERTIGINEUSES ILLUSIONS
Pauline Bayle adapte "Illusions perdues" d'après Honoré de Balzac. 2 fois réservé, 2 fois annulé. Autant dire que ce spectacle je l'attendais avec une grande impatience. Et clairement l'attente est récompensée avec cette magnifique adaptation.
Une courte introduction en avant-scène passe rapidement sur la première partie du roman, la présentation à Angoulême de Lucien Chardon dit de Rubempré et David Séchard, sa fuite pour Paris avec sa maîtresse Madame de Bargenton. Cette dernière a convaincu le jeune poète qu'à Paris il pourra récupérer son titre de noblesse et connaître la gloire qu'il mérite. Il l'a choisi elle et l'espoir de la gloire plutôt que d'assister au mariage de sa soeur. Ce choix de la réussite au détriment de l'amitié ou de la loyauté il le fera à plusieurs reprises tout au long de son parcours. Mais les choses ne vont pas se passer comme prévu.
L'adaptation de Pauline Bayle se concentre sur la découverte de la vie parisienne par les deux amants, la confrontation à un monde inconnu et impitoyable, où chacun joue pour la défense de ses propres intérêts quel que soit le prix à payer. Lucien va se retrouver rapidement abandonné par sa maîtresse. Il rencontre le milieu de l'édition, devient journaliste, tombe amoureux d'une comédienne, fera un mauvais choix politique, connaîtra un succès foudroyant et une chute encore plus rapide et cruelle, devra composer et faire des concessions à ses idéaux pour exister et comprendra que le talent doit s'effacer devant l'intérêt personnel.
La mise en scène de Pauline Bayle est brillante. La disposition brise le 4e mur et place une partie des spectateurs au coeur de l'action, créant une très grande proximité avec les acteurs et une forte empathie avec les personnages principaux. Pas de décor (si, 5 chaises pour un passage, un socle pour 2 autres). Une scène réduite qui intensifie le jeu des comédiens, tous aussi brillants les uns que les autres, dans une mise en scène très physique et qui fait preuve d'une remarquable utilisation de l'espace, ne laissant jamais aucun spectateur de côté.
Jenna Thiam est Lucien de Rubempré. Tour à tour fragile, juvénile, naïf, colérique, sûr de lui et de ses idées, impétueux ou romantique, crâneur ou abattu, elle illustre magistralement toutes les émotions du poète, nous le rendant constamment attachant. Les 4 autres comédiens et comédiennes se répartissent les autres rôles, passant de l'un à l'autre par un rapide changement de costume ou l'ajout d'un accessoire. De Charlotte Van Bervesselès je retiens la force et la fragilité de Coralie, la comédienne qui se sacrifie pour Julien. Hélène Chevalier est notamment une aimante puis glaçante Madame de Bargeton. Guillaume Campiano donne de l'ampleur à Lousteau et à Camuso, et Alex Fondja, tout comme ses partenaires, arrive sans peine à donner une personnalité propre à chacun des cinq personnages qu'il incarne.
Tous les éléments de la scénographie concourent à créer un spectacle remarquable, avec quelques scènes fortes et intenses, telles la montée de la renommée du journaliste et critique théâtral qu'est devenu Lucien dans une danse tribale ou le lynchage de Coralie.
Illusions perdues, adaptation et mise en scène de Pauline Bayle, d'après le roman d'Honoré de Balzac, avec Charlotte van Bervesselès, Hélène Chevalier, Guillaume Compiano, Alex Fondja et Jenna Thiam, et la participation en alternance de Viktoria Koslova ou Pauline Bayle, lumière Pascal Noël, costumes Pétronille Salomé, Musique Julienn Lemonnier
je viens de lire plusieurs avis sur ce spectacle, cela confirme mon envie d'aller le voir!
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