mercredi 9 août 2017

LE CHIEN LA NUIT ET LE COUTEAU

UNE ALICE HORRIFIQUE
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Un homme est au sol. Dans une nuit noire il cherche son chemin. Comment est-il arrivé dans ce lieu, hors de sa zone de confort ? Tous ceux qu'il rencontre ne semblent avoir qu'une seule et unique obsession : le manger. A commencer par cet homme qui l'accoste et l'attaque avec son long couteau. A l'exception d'une jeune femme. Il n'a pas d'autre choix que de se défendre pour survivre.

Dans un dispositif bi-frontal Louis Arène fait ressortir tout l'univers kafkaïen au texte de Mayenburg. Le public enserre M, sorte d'Alice perdu dans un monde horrifique, renforçant le sentiment d'oppression dans lequel il est enfermé. Le masque étrange que portent les comédiens, comme une seconde peau, accentue l'étrangeté de ce monde sans faire perdre leur humanité aux personnages, aussi violents, absurdes, menaçants soient-ils. Car malgré l'hémoglobine qui coule à flots comme dans un film de Tarrentino, aspergeant au passage les spectateurs du premier rang, le rire salvateur est présent. Ces individus qui sont mus par l'instinct de mort ne connaissent pas la haine. Seulement une nécessité primaire : manger pour survivre. Et M n'a plus d'autre choix que de tuer pour tenter de se sortir de ce cauchemar. Malgré son parcours il gardera son humanité, refusant de laisser ce monde le transformer pour devenir identique à ceux qu'il croise. Message d'espoir puisque l'amour et la lumière vaincront.

Un spectacle angoissant mais drôle, qui plonge en nous comme la lame du couteau, pour nous confronter à notre moi. Une fable cauchemardesque comme une quête d'émancipation et de liberté. Un spectacle qui reste longtemps en tête, dont on ne sort pas indemne. Et trois comédiens remarquables.

En bref : Le chien, la nuit et le couteau est une fable à la fois drôle et angoissante. Une métaphore de la marche de l'individu vers son émancipation et vers la liberté. Un spectacle déroutant et dérangeant comme un film de Tarrentino. Une réussite

Le chien, la nuit et le couteau, de Marius von MLayenburg, mise en scène Louis Arene, avec Sophie Botte, Lionel Lingelser, François Praud


C'EST OU ? C'EST QUAND ?
Avignon Festival Off
La Manufacture / Patinoire
du 6 au 26 juillet 2017 - 15h20 - durée 1h50 (navette comprise)

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