DOULEUR DE L'EXIL
**
Monsieur Linh est contraint de quitter son pays natal (que l'on suppose être le Vietnam mais c'est sans importance). Sur le bateau qui l'emporte loin de ses racines, loin du souvenir d'une famille et d'un village dévastés par la guerre, il n'emporte qu'une petite valise et sa petite-fille Sang Diu, ce qui signifie "Matin doux". La petite est d'une sagesse rare. Jamais un cri, jamais un pleur. Un petit ange. Quelque temps après son arrivée dans son pays d'exil M. Linh rencontre Bark. Lui aussi est seul depuis le décès de sa femme. Les deux hommes ne parlent pas la même langue mais leur solitude et leur douleur les rapprochent. L'un comme l'autre, bien que de culture différente, ne semblent animés que par le besoin de mémoire. Un devoir plus qu'un besoin.
Le texte de Philippe Claudel, publié en 2005, est presque un conte. L'adaptation théâtrale de Sylvie Dorliat a ce rythme lent du temps qui s'attarde et s'étire à n'en plus finir pour celui dont la douleur est trop intense. Le récit de l'histoire de M. Linh est dit avec pudeur mais aussi avec la distance du conteur, du regard extérieur, du témoin anonyme. La qualité de la scénographie et de l'ambiance sonore crée un univers légèrement onirique malgré la violence sourde qui transpire. La violence du passé, la violence de l'exil, la violence de l'accueil en terre étrangère, la violence de la solitude, du chagrin. Une violence qui pousse vers la folie. Et le même besoin de retrouver des repères.
Hélas l'interprétation et la direction d'acteur sans grand relief finissent par bercer le spectateur au détriment de l'émotion. Si l'auteur semble avoir voulu garder une certaine distance avec nos émotions, la chute ne saisi pas le spectateur comme elle le devrait. Dommage car on en perd beaucoup du message délivré par le conte.
En bref : Une belle écriture. Un beau texte sur l'exil, le besoin de repères, la solitude, le devoir de souvenir. Une mise en scène froide par excès de pudeur.
La petite fille de Monsieur Linh, d'après le livre de Philippe Claudel, adaptation et interprétation de Sylvie Dorliat, mise en scène de Célia Noguès.
C'EST OU ? C'EST QUAND ?
53 Rue Notre Dame des Champs 75006 Paris
Du 28 juin au 20 août 2017
Du mardi au samedi 19h - Dimanche 15h
Crédit photo @Philippe Claudel
Vu Août 2017 - Lucernaire Paris
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire