lundi 17 juillet 2017

ON NE VOYAIT QUE LE BONHEUR

LA LONGUE VOIE DU PARDON ET DE LA RÉDEMPTION
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Une atmosphère zen règne dans la salle lorsque l'on entre. Chants d'oiseau et bruit de ressac. Rideau blanc agité par une légère brise. Sentiment de calme et de sérénité également dans le pas de deux par lequel Grégory Baquet et Muriel Huet des Aunay font leur entrée. Pourtant l'histoire d'Antoine et de Joséphine est loin d'être un long fleuve tranquille.

Antoine, la quarantaine, est expert en assurance. En cas de vol ou accident de voiture il fixe le montant de l'indemnité, le prix d'une vie. Cynisme ? Il dresse de lui-même un portrait peu valorisant: un être lâche (il le doit à son père), sans consistance, père de famille, trompé par sa femme qui a une situation meilleure que la sienne. Un jour il laisse parler son empathie pour une victime et remet un rapport falsifié. Il est licencié. La chute commence. Le mépris de la part de sa femme, de ses enfants, de lui-même. Mais un jour il décide que plus personne ne le prendra plus pour un imbécile. Il se retourne sur sa vie, se demande ce qu'elle vaut, comment un geste irréparable. Le pardon et la rédemption sont-ils toujours possibles ?

Cette adaptation du roman de Grégoire Delacourt (La liste de mes envies) qui raconte toute l'horreur d'une tragédie familiale, met l'accent sur l'adolescence et la re-construction de soi. Sans reprendre la trame du livre, la pièce entremêle le récit d'Antoine et celui de sa fille Joséphine. Tandis que l'un tout en ne fuyant pas ses responsabilités entame un long chemin vers la rédemption, l'autre, adolescente à l'époque du drame, va mener un combat pour retrouver une vie normale et arriver au pardon. Pour Antoine comme pour Joséphine les non-dits, les silences, les secrets de famille, tout ce qui dans l'enfance a mené à une misère affective pour l'un, à la désillusion pour l'autre, vont devoir être surmontés pour atteindre le pardon, la rédemption et finalement la réconciliation.

Grégory Baquet donne à Antoine toute sa sensibilité. Antoine est touchant de fragilité. Malgré l'horreur de son geste on est en empathie avec lui qui affirme sa lâcheté, sa souffrance d'avoir reproduit le schéma de son enfance, celle d'avoir commis ce geste. A ses côtés Muriel Huet des Aunay, qui interprète plusieurs rôles, est éblouissante de justesse, de douceur, de sensibilité. Tous deux sont bouleversants et touchent au cœur dans ces parcours parsemés de colère, de rage, de doute, de désespoir, de remords. La fluidité de la mise en scène rend l'intensité dramatique du texte, sans artifices qui le ferait tomber dans le mélo. Sans complaisance c'est une réflexion introspective qui prend de la distance par rapport à la violence du drame, laissant le spectateur secoué par des émotions contradictoires.

En bref : deux comédiens bouleversants pour une adaptation fluide et sensible de ce drame familial

On ne voyait que le bonheur, roman de Grégoire Delacourt, adaptation et mise en scène de Grégori Baquet, avec Muriel Huet des Aunay et Grégori Baquet

C'EST OU ? C'EST QUAND ?
Avignon Off 2017
Théâtre Actuel
Rue Guillaume Puy 84000 Avignon
du 6 au 30 juillet 2017 - 10h15 - Durée : 1h15

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