FESTIVAL ÉCARTS 2017 - BILAN

DES JEUNES TALENTS PROMETTEURS

Il y a quelques semaines je vous présentais le FESTIVAL ECARTS, (ex Rideau Rouge) du Bureau des Arts de Science Po, qui s'est tenu du 30 mars au 1er avril au Théâtre de la Cité Internationale. Trois soirées, cinq spectacles, et la joie de faire partie du jury blogueurs en compagnie de Lucile et Maxime du blog Les Espaces Libres.

Tout d'abord merci et bravo à Bertrand Brie et Lucas Bouissou, ainsi que les autres membres du bureau, pour leur accueil, leur confiance, les échanges, l'ambiance, la qualité des spectacles sélectionnés. Comme pour le jury étudiant qui décernait également un prix et pour les professionnels qui ont attribué des mentions pour des performances particulières, le choix n'était pas facile.

LEURS VIES présenté par la Compagnie Homère et Pogona avait la particularité de mettre en scène sur une sélection de textes classiques un couple de comédiens et leur pendant version clown. Jouant sur les contrastes, tant dans les personnages que dans les situations, entre le classicisme un peu figé des textes et la liberté et la légèreté du jeu improvisé des clowns, un spectacle qui m'a touché par cette fantaisie clownesque. Une proposition originale qui gagnera à continuer à être travaillée pour gagner en maturité.

Il fallait du courage et l'espace d'expression offert par le festival pour présenter LES BEAUX JOURS D'ARANJUEZ, un texte ardu de Peter Handke. Un homme et une femme échangent sur leurs expériences amoureuses. Un travail sur le texte, un décor simple et subtil et une interprétation juste, sensible par deux comédiens qui se font écho. En parfait accord avec mes deux co-juré j'ai été très touchée par la prestation des deux jeunes comédiens, et plus particulièrement par les qualités et le panel d'expression de Garance Robert de Massy, une comédienne à suivre.

Contrairement à mes partenaires et au jury professionnel, je ne suis pas rentrée dans l'univers déjanté proposé par la Compagnie La Faim du Soir Tard avec MUES. Si j'en reconnais l'originalité et les qualités notamment musicales il m'a manqué une cohésion dans l'écriture et une homogénéité dans la qualité d'interprétation. Une création néanmoins intéressante pour sa réflexion sur la solitude et l'approche par le non-sens. 

La Compagnie Le Quintuplex s'en penchée sur son futur et le monde de l'entreprise. Avec HYPERGLYCÉMIE ce sont les effets pervers des approches managériales par le bien-être au travail qui sont étudiés et disséqués. Avec parfois maladresse et exagération cette proposition m'a enthousiasmée par ses qualités : cohérence de l'écriture, du jeu des comédiens, de la scénographie. Une farce sociale de qualité, oubliée du palmarès sans pourtant avoir démérité. Un travail à suivre.  

C'est le dernier spectacle du festival qui nous a unanimement emporté sur une vague d'émotion. Récompensé par les deux jury et par les professionnels QU'EST-CE LA QUI MONTE DU DESERT ? fait partie des ces spectacles dont vous ne savez pas expliquer pourquoi il vous a touché. La Compagnie le Mot Nu Ment a emporté l'adhésion par une proposition originale, certes pas parfaite, mais nous a proposé un voyage dans une autre dimension. Un univers sollicitant non seulement notre odorat mais tous nos sens par un travail multiforme, où danse, musique, chant, jeu des comédiens, se marient avec grâce, suscitant des émotions variées, intenses. Des images fortes qui restent en mémoire, des débuts de réflexions qui naissent sur la scène et que nous emportons avec nous pour y repenser. Des textes poétiques, forts (Baudelaire, Mahmoud Darwich, Le Cantique des Cantique) et un final éblouissant par un chant choral sur Rubâti'yât de Djaläl ad-Dïn Rûmi. Une compagnie en devenir dont il sera intéressant de suivre le parcours.

Bravo à toutes les compagnies, comédiens, musiciens, metteurs en scène pour la qualité du travail présenté, fruit de nombreuses heures de recherche et d'effort. A tous et toutes longue vie sur les routes du spectacle vivant.

Rendez-vous en 2018 pour découvrir de nouveaux jeunes talents.