vendredi 7 octobre 2016

AMOK

CHARISMATIQUE ALEXIS MONCORGE
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Pour la deuxième saison consécutive et après deux années de succès dans le Festival Off à Avignon, Alexis MONCORGE revient au Poche Montparnasse avec AMOK, son adaptation du texte de ZWEIG qui lui a permis de recueillir la reconnaissance de ses pairs avec un Molière 2916 de la Révélation Masculine. Un personnage qui l'habite fiévreusement et passionnément dans une prestation remarquable.

FIÈVRE TROPICALE

Nous sommes en mars 1912, sur le pont d'un navire qui file vers l'Europe. Sur le pont, à l'écart des autres passagers et de l'équipage, un homme se laisse aller à se confier à faveur de la nuit sur les raisons de son voyage. Jeune médecin Il menait une carrière paisible en Malaisie jusqu'à ce que sa route croise celle de cette belle dame blanche européenne venue solliciter son aide. La passion va dès lors l'enflammer, se confondant avec la folie. Une obsession et une fièvre qui ressemble à l'Amok, cette crise meurtrière dont sont pris soudainement les opiomanes malais.

COUP DE FOUDRE

Alexis MONCORGE n'a pas trente ans et a déjà rencontré ce que certains comédiens attendent toute une vie : le texte qui a bouleversé sa carrière. A la première lecture il confie avoir eu un coup de foudre pour cette histoire dans laquelle on retrouve beaucoup des thèmes de prédilection de l'auteur Stefan ZWEIG : un jeune homme au destin tragique, l'exil, une femme adultère car mal aimée, une atmosphère fiévreuse et mystique, un secret inavouable qui empoissonne l'âme, un dénouement fatal.

Dans un décor sobre fait de quelques boites, d'un tabouret, d'un filet, le jeune comédien attrape le spectateur en quelques secondes, le transformant en confident de cette sombre histoire. Entre brume et lumière lunaire nous assistons impuissants à sa descente en enfer. Que faut-il croire de ce récit ? Quelle partialité peut-on attendre de cet esprit possédé ? Il nous livre sa version de son combat contre une force implacable, démoniaque. A-t-il vraiment recouvré la raison ? Sera-t-il libéré après avoir livré son lourd secret ?

LA PUISSANCE DE L'IMAGINAIRE

Le décor de Caroline MEXME, les lumières de Denis KORANSKI et la composition musicale de Thomas CORDE nous plongent dans cette atmosphère pleine de mystère, chargée de tout notre imaginaire d'une fin de siècle colonial en Asie, renforcée par l'ambiance de cette hune baignant dans la clarté de la poussière d'étoile. Une atmosphère que n'aurait pas reniée Edgar Allan POE.

Alexis MONCORGE est habité par ce rôle, maîtrisant les paradoxes et les tourments du jeune médecin. Par la force des mots et de son interprétation les personnes qui ont participé à cette histoire surgissent devant nous, dans un environnement sorti de notre imaginaire et qui pourtant semble se dessiner sous nos yeux : les villages de montagne, les maisons coloniales, la forêt touffue, la vie de la bourgeoisie de la capitale coloniale, les boys, et cette belle femme blanche qui l'a ensorcelé. La mise en scène de Caroline DARNAY  orchestre une gestuelle précise comme une chorégraphie, grâce au travail de Nicolas VAUCHER. Le regard fiévreux, le corps reflétant les errances et dérives de l'esprit, la prestation est saisissante.

"Je considère notre métier comme de l'artisanat et il y a une magnifique équipe autre de moi. La récompense est aussi pour eux". 
Alexis Moncorgé

Adaptation : Alexis Moncorgé
Mise en scène : Caroline Darnay
Avec : Alexis Moncorgé
Scénographie : Caroline Mexme
Lumières : Denis Koransky
Création sonore : Thomas Corde
Chorégraphie : Nicolas Vaucher
Avec les voix de Benjamin Nissen et Laurent Feuillebois

En bref : Un Molière largement mérité pour Alexis MONCORGE dont la puissance de jeu nous transporte dans l'imaginaire d'un homme obsédé par une passion dévastatrice. Un comédien au charisme extraordinaire qui sublime le texte de Stefan SWEIG.

C'EST OU ? C'EST QUAND ?
75 boulevard du Montparnasse 75006 Paris
Du mardi au samedi à 19h - Dimanche 17h30


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