CLINIQUE PLAIDOYER POUR LE DON D'ORGANE
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SIMON
"Ce qu'est le coeur de Simon Limbres..." Ainsi commencent le livre de Maylis de KERANGAL et l'adaptation théâtrale mise en scène par Sylvain MAURICE pour cette création au théâtre de Sartrouville. C'est la première phrase lancée par Vincent DISSEZ quelques secondes après avoir pris place dans la très belle scénographie d'Eric SOYER. Belle et solennelle : sur le fond noir de la salle et des pendrillons une structure en arc, noire elle aussi, surplombant un tapis roulant, noir, tandis que la plateforme accueille une Joachim LATARJET et ses instruments de musique. Au fond une rangée de lumière blanche jette sa lumière froide et fait jaillir des éclairs d'acier.
Vincent DISSEZ se lance alors dans le récit de cette journée tragique. 24h de drame et d'espoir. Simon Limbres a 19 ans. Il aime la vie et Juliette, il aime la musique et la mer. Ce dimanche matin il croisera son destin au retour d'une virée de surf. L'accident de voiture a l'issue duquel il est déclaré en mort cérébrale. Le choc. L'hôpital. Les parents. La possibilité d'un don d'organe. Pour Pierre Revol et Thomas Remiges la possibilité de sauver des vies, pour que la mort de Simon ne soit pas vaine.
CLINIQUE
La scénographie, le jeu, la musique, la mise en lumière, le rythme et le phrasé du texte, tout concourt à créer une atmosphère tendue. Si au départ on a un peu de mal à rentrer dans l'histoire de Simon, la voix, la musique captent l'attention. Le récit se déroule dans un premier temps entièrement tendu vers le constat de l'état de Simon et l'attente de la décision des parents. La batterie fait entendre ce cœur qui bat encore. La musique et les lumières rythment ces moments de doute, d'angoisse, d'espoir, ces accélérations et ce tempo qui parfois ralenti, accorde au spectateur des pauses. Vincent DISSEZ semble en équilibre sur ce tapis roulant qui avance, inexorablement vers la fin de cette journée compte à rebours. Colère, Déni. Incompréhension. Stupeur. La tension monte. Le public est figé, silencieux, tendu dans l'attente d'un mot.
Un mot qui vient comme une libération pour tous. Alors le spectacle entre dans une seconde phase, plus clinique. Dans sa présentation de sa création Sylvain MAURICE écrit "Réparer les Vivants est un grand livre grâce à son style : une langue magnifique, une narration haletante, des personnages hauts en couleur". S'il a su garder la précision, la beauté de l'écriture de Maylis de KERANGAL et le rythme de ce récit, il manque l'épaisseur des personnages. Ceux qui n'ont pas lu le livre seront happés par l'histoire mise en scène d'une manière très clinique, reprenant la précision technique de l'auteur. Ceux qui ont lu le livre regretteront de ne pas y trouver tous les petits détails qui font de chacun des acteurs de cette journée des êtres humains de chair et de sang, animés par leurs passions et leurs émotions.
En bref : une adaptation d'une grande qualité mais des choix mettant l'accent sur l'aspect médical qui font perdre au roman sa force d'évocation de l'humain. Néanmoins une scénographie, une mise en scène et une interprétation procurant d'intenses émotions.
Pour en savoir plus :
Un certain nombre d'intervention sont mises en place par le Théâtre de Sartrouville autour de ce spectacle : rencontre avec des associations œuvrant pour le don d'organe, discussion avec l'auteur. Le détail sur le site du théâtre en cliquant ici.
C'EST OU ? C'EST QUAND ?
Place Jacques Brel 78500 Sartrouville
Du lundi au samedi - Du 4 au 19 février 2016 - 20h30
Navettes depuis Paris
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