UNE FANFARE QUI MANQUE D'ALLANT
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UNE FANFARE QUI MANQUE D'ALLANT
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MUSIQUE MON AMOUR, MA VIE,
Dans son nouveau spectacle EN AVANT MARCHE Alain PLATEL et les ballets C de la B se glissent au cœur des fanfares, harmonies et autres associations musicales qui animent les communes et les régions. L'objectif est de montrer comment une association d'individualités se met en marche pour former un collectif compact, uni et tendu vers une direction unique. Enfin c'est le postulat de départ si j'ai bien compris la présentation sur la note distribuée aux spectateurs. Et pendant la première demi-heure c'est effectivement ce que l'on ressent. Mais passé l'humour de la mise en bouche on rentre dans un long tunnel de musique plus classique, assez ennuyeux, qui cède la place à un capharnaüm ne manquant pas de poésie et qui redonne de l'intérêt au spectacle sans pour autant déchaîner un enthousiasme délirant.
Dans cet hommage à la musique, c'est effectivement l'humour qui marque le début. Une sorte d'autodérision avec celui qui sera le fil rouge de cette fanfare. On l'appellera l'homme aux cymbales. Ancien joueur de trombone souffrant d'une maladie pulmonaire (ou hypocondriaque qui ne trompe plus son monde), il a du abandonner son instrument de prédilection mais pas la musique. Il donne le "la" d'une partition principalement animée par un quatuor, lequel s'entoure de deux cercles. Le premier est composé des comédiens / musiciens de la troupe, le second des musiciens professionnels ou amateurs d'une fanfare locale. C'est la Fanfare du Nouveau Théâtre de Montreuil qui accompagne le spectacle sur la scène du Théâtre National de Chaillot.
L'homme aux cymbales (impressionnant et magnifique Wim OPBROUCK) nous raconte une partie de son histoire. Les langues se mélangent (français, anglais, italien, allemand, néerlandais) dans ses déclamations passionnées ou dans une déclaration d'amour par micro interposé. Son amie nous fait démonstration de son attachement tandis qu'au second plan un autre couple vit un moment intense. Quatre personnalités, quatre histoires, quatre trajectoires esquissées. On a un peu l'impression d'avoir d'un côté la rock star et sa groupie et de l'autre le batteur avec la seconde majorette (un peu défraîchie). Et lorsque la fanfare s'installe le spectacle prend de l'ampleur. Grandi, grossi, éclate et retombe à plat comme un soufflé trop tôt sorti du four. On se retrouve alors entraîné dans un long tunnel de musique calme, celle d'une harmonie plus que d'une fanfare. Mais peut-être n'ai pas le bagage culturel musical suffisant pour apprécier toutes les subtilités des choix musicaux mis en parallèle avec la mise en scène. Vu le nombre de sorties (pas très discrètes, merci mesdames et messieurs pour le respect vis-à-vis des comédiens et des autres spectateurs), il semble que je ne sois pas la seule à être passée à côté de ce passage.
CLAQUEMENTS DE SIÈGES ET REBOND
Mais ces frustrés impatients ont eu tort de partir. Car après une sortie en file indienne la fanfare cède la place au groupe des comédiens et on bascule dans un autre univers ou le poétique côtoie l'absurde, ou la danse rejoint la musique, ou le théâtre n'est qu'un instrument de plus pour laisser exploser les émotions. A moins que ce ne soit que grâce au capharnaüm final que naisse la cohésion et que le groupe se mette en marche pour former ce tout. J'avoue ne pas avoir été convaincue.
Au final je suis ressorti avec un sentiment très mitigé. Je n'ai pas ou peu retrouvé l'ambiance festive des fanfares de fêtes de villages, notamment celles du nord de la France et de l'Europe. Malgré quelques beaux moments comme le premier morceau d'ensemble sous la direction d'un chef d'orchestre très présent, une déclaration d'amour inattendue, un étonnant et courageux pas de deux ambitieux et poétique, et un final en point d'orgue, le sentiment général reste cette langueur de la partie centrale qui plombe le dynamisme attendu et une vision baroque et sombre. Sans compter que je suis restée sur ma faim pour ce qui est de la rencontre de trajectoires individuelles, les individus et leurs histoires, motivations, frustrations, émotions et tout ce qui participe à la construction d'un personnage n'étant pas assez présents ni multiples.
Au milieu de ce verre à moitié vide ressort la magnifique prestation de Wim OPBROUCK, le joueur de cymbales, d'une étonnante légèreté et fragilité, avec le regret que la force de son personnage soit si présente qu'elle phagocyte les autres. Hendrik LEBON, batteur énergique est aussi un excellent danseurs qui offre un contraste réussi et bluffant à Wim OPBROUCK dans leur pas de deux d'une étonnante légèreté un peu anachronique. Chris THYS et Griet DEBACKER, les deux majorettes sur le retour, illuminent la scène de leur blondeur et de leur jeunesse. Les comédiens / chanteurs forment in premier pack compact et solidaire.
La mise en scène alterne moments très lents et fulgurances et énergie mais peine à raconter une histoire cohérente et riche. Quand au décor il est d'une grande sobriété : un mur avec quelques niches permettant des visuels intéressants, et, au sol, uniquement quelques chaises. Ce spectacle étant mon premier PLATEL je n'ai pas de point de repère par rapport à l'ensemble de son travail. J'espère que 2016 me permettra de découvrir COUP FATAL, également présent dans la programmation de Chaillot cette saison mais aussi dans d'autres lieux de proche banlieue (dont Saint Quentin en Yvelines).
En bref : un hommage aux fanfares et harmonies municipales qui manque d'allant. Des longueurs et quelques éclairs de poésie et de légèreté donnent un ensemble qui manque de cohésion. Paradoxal au vues des ambitions du projet.
C'EST OU ? C'EST QUAND ?
Du 9 au 12 décembre 2015
Et en tournée en France et en Belgique. Toutes les dates en cliquant ICI
Crédit photo @Phile DEPREZ
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