LES RÊVES PERDUS DES ANGES DÉCHUS
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IL ETAIT UNE FOIS UN BONIMENTEUR
Ça commence dans une fête foraine un brin pouilleuse, tristounette malgré les lumières colorées qui contrastent avec le teint blafard des personnages et la musique faussement entraînante. Les petites bonniches viennent ici à l'orée de la forêt traîner leur langueur de gamine. Elles qui sont au plus bas de l'échelle sociale n'ont pas eu le temps d'apprendre à s'amuser et viennent à la fête pendant leurs rares heures de liberté, en quête d'un peu de joie. Pourtant les mots "rêve" et "espoir" sont vite oubliés pour les ramener à la réalité de leur condition. Mais il y a LILIOM, ce bonimenteur à qui on donne du "Monsieur" mais qui ne vaut guère plus que le baratin qu'il déballe pour attirer le chaland et remplir les caisses de Mme Muscat.
COMME DANS UN RÊVE
La beauté de l'histoire écrite par Ferenc MOLNAR réside dans la simplicité des mots et des situations. Liliom, ce petit bon à rien de banlieue, incapable de trouver du travail et refusant celui de concierge, n'est pas digne de fonder une famille. Se sentant piégé par cet amour qu'il ressent comme une faiblesse qu'il faut taire, il se réfugie dans la violence. Conscient de son incapacité à rendre heureuse celle qu'il a choisie il va jusqu'à la battre. Et lorsque à la fin il aura une chance de corriger ses erreurs il semble n'avoir d'autre capacité que celle de retomber dans ses travers.
Baignant dans une lumière extrêmement soignée l'histoire oscille entre rêve et réalité. Jusqu'à la scène finale, vision d'une fin idéale en contraste avec la réalité énoncée en voix off. Le burlesque des policiers et des inspecteurs du ciel contraste avec la poésie et la mélancolie de l'histoire.
UNE JEUNE TROUPE VOLONTAIRE
Autour d'eux gravite une bande de personnages hétéroclites. Parmi eux Delphine COTTU est touchante en couguar jalouse et éconduite qui s'accroche désespérément à ce beau jeune homme auquel elle pourrait tout pardonner. Amandine CALSAT est tout aussi juste quand elle est une jeune bonniche rêveuse que lorsqu'elle s'est transformée en néo-bourgeoise. Quant à Julien CIGANA et Teddy MELIS ils sont d'irrésistibles clowns notamment dans leur faux numéro de ventriloque.
En bref : Pour son premier spectacle monté à son arrivée au TGP de Saint Denis, et repris à l'Odéon Jean BELLORINI nous offre une mise en scène féerique de cette histoire d'un vaurien de banlieue. Un spectacle à la fois magique et troublant comme un rêve éveillé. Du très beau théâtre et une grande émotion.
C'EST OU ? C'EST QUAND ?
1 Rue André Suarès / Angle Boulevard Berthier 75017 Paris
Métro et RER C Porte de Clichy
Du 28 mai au 28 juin 2015 - 20h00
Durée : 2h00
Crédit photo @Pierre Dolzani
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