mardi 9 décembre 2014

QUATRE MINUTES

LE TEMPS DE LA RE-NAISSANCE
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LE TEMPS D'UN MOUVEMENT

Quatre minutes. 240 secondes. C'est le temps d'un mouvement pour un concours de pianà l'Opéra. Sera-ce suffisant pour changer le cours de la vie de Jenny ? "Quatre Minutes", adapté du film de Chris KRAUS, est l'histoire d'une double rédemption.

Andréa FERREOL, métamorphosée, interprète Mme KRUGER, vieille fille qui donne des cours de piano à des détenues dans un prison. Des cours réservés à seulement 4 détenues. Des cours de luxe, mais dont elle assure le financement. Seule exception M. MUTZE, un des gardiens, qui prend plaisir aux petits challenge qu'elle lui lance à tous moments. Revêche, elle dispense son savoir avec rigidité et énergie à ces 4 seules élèves qu'elle juge dignes de recevoir son enseignement. Mais quand elle se retrouve seule chez elle, entourée des fantômes de sa vie passée, elle laisse tomber le masque de la froideur pour montrer son vrai visage.

Sa route va croiser celle de Jenny. Une étincelle se produit. Le courant va passer entre les deux femmes qui n'ont rien en commun. Ce courant va les transformer. La jeune comédienne Pauline LEPRINCE incarne avec fougue et talent la colère de cette écorchée vive, pianiste prodige accusée de meurtre. En est-elle vraiment coupable ? Toutes deux cachent de lourds secrets. Toutes deux sont incapables d'exprimer par des mots les douleurs qui les rongent secrètement. Toutes deux se réfugient dans la musique pour laisser s'exprimer cette détresse cachée.

DOUBLE MUTATION

Sous sa perruque grise et ses épaisses lunettes c'est une Andréa FERREOL méconnaissable qui déploie toute la palette de son talent pour donner à Mme KRUGER la force et le tempérament froid, rigide et renfermé de cette vieille fille qui va s'ouvrir peu à peu au contact de Jenny. Cette dernière, jeune femme rebelle va de son côté s'adoucir et finir par accepter les marques de sympathie de ce professeur têtu qui n'a de cesse de la préparer pour un concours dont la jeune prodige ne veut pas, mais qu'elle finira pas accepter. Une complicité s'installe entre les deux femmes, timidement, sans que ni l'une ni l'autre ne veille vraiment le reconnaître par orgueil et par pudeur. Ces deux femmes en colère vont (re)découvrir qu'elles sont aussi capable de douceur. Dans ce face à face vigoureux et intense le jeune talent de Pauline LEPRINCE éclate avec vigueur et énergie pour exulter dans un final explosif.

La re-naissance de ces deux femmes aura pour témoins deux hommes. M. MUTZE est un gardien de prison frustré. Alors qu'il se croyait le préféré de son professeur de piano il va assister impuissant à la naissance de ce lien entre les deux femmes, lien qui le rejette dans un néant dont il n'est jamais vraiment sorti. Dès lors, quels que soient les moyens qu'il met en oeuvre, il ne récolte plus que le mépris de son professeur et la colère de la jeune détenue. Abandonné par l'une il devient jaloux de l'autre et ne trouve qu'une basse et futile vengeance pour réponse à cet affront personnel. Naviguant entre retenu et agressivité Eric DESHORS démontre toute l'ambivalence de son personnage que l'on sent tiraillé entre une certaine sympathie pour Jenny, un attachement à Mme KRUGER et sa jalousie et son manque de reconnaissance. Laurent SPIELVOGEL donne quant à lui une épaisse noirceur au personnage ambiguë du père adoptif de Jenny

La mise en scène de Jean-Luc REVOL joue efficacement des moments d'introspection des personnages pour faciliter les changements de décor. Il m'a toutefois manqué un petit quelque chose dans le rythme qui m'a empêchée d'être entièrement séduite.

Le film de Chris KRAUS est sorti en Allemagne en 2006 et en France en 2008.

En bref : un face à face explosif et étincelant entre deux comédiennes de talent. Une belle histoire de rédemption. A voir

C'EST OU ? C'EST QUAND ?
5 Rue La Bruyère 75009 Paris
Métro : Saint Georges ou Pigalle

du Mardi au Samedi à 21h
Matinée le samedi à 15h

Jusqu'au 20 décembre 2014


CHALLENGE THEATRE 2014 - LECTURE SPECTACLE - LE BLOG D'EIMELLE

Vu le 2 décembre 2014 - Théâtre La Bruyère

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