lundi 8 décembre 2014

LE PLAISIR DE ROMPRE / LE PAIN DU MENAGE

AIMER ET SE DESAIMER EN DEUX LEÇONS

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CÉDER A LA TENTATION ?

Dans "LE PAIN DU MÉNAGE" un homme et une femme, chacun marié et heureux en ménage devisent sur le bonheur de leur union réciproque Ils se retrouvent par le hasard d'un weekend chez des amis communs à la campagne. Il la flatte sur sa beauté, sa grâce son intelligence. Elle lui renvoie sa courtoisie, le charme de sa conversation Ils se louent l'un l'autre de leur loyauté à leurs conjoints, les meilleurs qui puissent être. Mais ne pouvant nier  l'attirance qu'ils ont l'un pour l'autre ils en viennent à se trouver toutes les excuses pour ne pas céder à la tentation, puis envisagent ce que pourrait être leur aventure, et enfin qu'elles seraient les conséquences pour leur couple respectif d'une telle escapade amoureuse. Alors ils se quittent avant même de s'aimer pour ne pas avoir à se déchirer et parce que l'idée de la tentation est plus forte que l'envie d'y céder.

UNE DERNIÈRE FOIS ?

Dans "LE PLAISIR DE ROMPRE" une femme reçoit, peut-être pour la dernière fois, son jeune amant pour la dernière fois. Chacun va faire prochainement un mariage de raison plus que de cœur. Elle l'a poussé dans les bras de sa future. Elle a choisi son propre prétendant pour la tranquillité qu'il lui apportera. Tout au long de leur échange ils explorent les motifs de rupture et ceux de ne pas le faire. Il s'embrassent, se déchirent. La raison l'emportera là aussi sur le cœur. La raison ou le respect des codes et convenances et des diktats de la société.

ÉLÉGANCE ET SUBTILITÉ

La langue de Jules RENARD est précise, juste, douce, poétique, subtile. Elle est incisive et chargée d'humour. Loin de lister des poncifs il met l'accent sur les interrogations pleines et sincères des deux sexes au cours d'une relation. Le décor un brin désuet est ancré dans une époque mais le texte et les situations sont universels. La mise en scène épurée de Pierre LAVILLE participe à la mise ne lumière du texte.

Béatrice AGENIN est d'une élégance rare, ce n'est pas une révélation. Les mots délicats de Jules RENARD lui siéent à ravir . Dans la première pièce elle passe du sourire lumineux de la femme désirée à la mélancolie de celle qui ne doit pas laisser parler son cœur. Un jeu d'une très grande qualité, subtil comme le texte. Il y a une grande complicité avec son partenaire. Dans la seconde pièce elle est la femme généreuse qui laisse partir celui qu'elle a façonné, pour qu'il déploie ses ailes et tire tous les bénéfices de son enseignement. Femme blessée, proie d'une douleur que son orgueil lui impose de taire, femme sensible et toujours amoureuse qui fond à l'évocation de leur tendre passion, femme résignée au mariage sans âmes qui sera le sien tandis que son jeune amant à l'espoir de trouver un certain bonheur. On comprend que l'homme qui lui fait face ne puisse que succomber à son charme. 

Laurent d'OLCE est lui aussi d'une grande justesse tant dans le rôle du soupirant cachant ses envies de séducteur sous une loyauté fragile à son épouse, que dans celui de l'amant qui n'est pas prêt à lâcher sa douce maîtresse femme pour une timide et pâle épouse.


Le seul regret est le lieu qui accueille cette belle mise en scène : vieillotte pour ne pas dire laissée à l'abandon. Il faut vraiment chercher le théâtre pour le trouver tant l'éclairage fait défaut en façade. La décoration intérieure montre clairement qu'il a connu des jours meilleurs. Même les sièges semblent d'une autre époque Dommage à la fois pour la salle qui pourrait figurer au nombre des plus agréables et pour le spectacle qui mériterait plus de publicité et plus de mise en valeur et sans doute aucun un plus belle écrin.

En bref : La subtilité du texte de Jules RENARD porté avec élégance et raffinement pas un superbe duo d'acteur. Béatrice AGENIN est admirable. Du beau théâtre à ne pas manquer.

C'EST OU ? C'EST QUAND ?

7 Rue Daunou 75002 PARIS
Métro : Opéra

Du mardi au samedi à 19h00 - Le dimanche à 17h30
Jusqu'au 23 décembre 2014

1 commentaire:

  1. rien que pour Béatrice Agenin, j'y serai volontiers allée! Dommage, pas de passage par Paris en ce moment!

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