dimanche 8 décembre 2013

FAMILY 81


PORTRAIT D'UNE GÉNÉRATION PERDUE?

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  "NOUS SOMMES LES ENFANTS DE NOTRE EPOQUE"

Partant du constat de l’historien Marc BLOCH qui disait qu’on était l’enfant de son époque plutôt que de ses parents, Marjolijn van Heemstra est partie à la recherche de personnes nées comme elle en 1981 à travers le monde. Seule sur scène, elle raconte son voyage auprès de ses 3 correspondants qui ont tous grandi dans un monde où le mot-clé est la globalisation et où l’ère numérique raccourcit peu à peu les distances. Elle rend compte de l’histoire récente à partir de leurs souvenirs communs : Michael Jackson, la guerre du Golfe, les émeutes en Inde, Nelson Mandela, Dolly la brebis clonée, la reconstruction de Beyrouth ou encore McDonald’s à Bombay.
Il s’agit là d’une tentative de saisir l’indéfectible chaîne d’événements qui forme ce que l’on appelle l’histoire collective et au-delà, l’histoire d’une génération. Dans ce monde globalisé, quels sont les liens invisibles qui nous relient ?

Source : La Maison des Métallos

"FAMILY 81" s'inscrit au milieu d'un ensemble de trois spectacles, un triptyque sur le monde globalisé et l’altérité, présenté à la Maison des Métallos
- "Mahâbhârata" du 16 au 20 septembre 2013
- "Family 81" du 5 au 10 novembre 2013
- "Garry Davis" du 3 au 8 décembre 2013
Je n'aurai malheureusement pu assister qu'à un seul des trois spectacles.

INTERROGATION SUR LA NOTION DE FAMILLE

Sur la base du principe de Marc BLOCH ci-dessus énoncé, Marjolijn van HEEMSTRA a décidé d'aller à la recherche puis à la rencontre de ce qui pourrait être sa famille horizontale, celle constituée de ceux nés comme elle le 10 février 1981 (ils sont plus de 250.000 dans le monde), par opposition à sa famille verticale, celle de la succession des générations. Grâce à interner, aux mails et aux réseaux sociaux elle est entrée en contact avec un certain nombre (peu finalement) et seuls 3 d'entre eux ont accepté de participer à son projet. C'est cette aventure, ces rencontres, cette quête d'une autre famille qu'elle nous raconte. Si j'avais un peu peur d'assister à un spectacle en néerlandais, langue que je trouve un peu rude (que tous les néerlandais me pardonnent) le propos s'avère très rapidement captivant et m'a permis de passer très vite outre ce paramètre.
Si Marjolijn est seule sur scène, ses partenaires sont également présents sur des écrans qui nous font face du fond de la scène. Une disposition qui abolit les notions de temps et d'espace.  Ils vont s'installer dans un décor similaire, assis à une table, tournant le dos à une fenêtre ouverte sur le paysage de leur pays respectif. Il y a Ntandon CELE qui nous parle de l'Afrique du Sud, Souad ABDALLAH qui a du fuir le Liban et Satchit PURANIK, le seul homme de cette aventure et qui intervient depuis son Inde natale. Devant nous la famille horizontale reconstituée.
(Photo : Maison des Métallos)

 

GLOBALISATION, COMMUNICATION. UNIFORMISATION ?

Mais au-delà de ce point commun qui est leur date de naissance, qu'est-ce qui relie ces quatre destins, ces quatre histoires . La réponse à cette question Marjolijn a tenté de la trouver au travers de faits ayant marqué la mémoire collective de cette génération, formalisée par 5 photos qui se sont affichées au même moment sur tous les écrans dans le monde entier. Chacune de ces photos permet aux quatre protagonistes de s'exprimer sur son parcours, ses espoirs et ses déceptions, ses combats et ses traumatismes, ses victoires et ses échecs.
Ntandon CELE a vu la nation arc en ciel se remplir de l'espoir d'une société qui abolirait les couleurs en abolissant l'apartheid, et qui permettrait à tous ses citoyens de vivre égaux. Souad ABDALLAH est née au Liban. Elle y a connu la guerre et les espoirs suscités par une paix signée mais si longue à se mettre en place qu'elle quittera son pays pour s'installer en France. Dans un pays baignant dans la spiritualité Satchit PURANIK aurait pu devenir un gourou à dimension internationale comme le souhaitait sa mère. Marjolijn a grandi à Rotterdam, dans un pays soit disant riche se débattant dans une crise économique qui n'en finit pas de se terminer, et dans l'espoir d'une parfaite harmonie entre les différentes communauté composant sa nation.

JEUNESSE DES ANNÉES 80/90, QUE SONT TES ESPOIRS DEVENUS ?

Quatre parcours malmenés par la vie, quatre destins comme les autres sur trois continents, quatre récits qui nous interpellent sur la manière dont le monde se construit. Comment la jeunesse porteuse d'espoir vit-elle la perte de ses illusions ? Comment grandit-on et se construit-on dans un monde en crise, que celle-ci soit politique, économique, culturelle, religieuse et un peu tout cela à la fois.
Malgré tout l'humour du texte de Marjolijn van HEEMSTRA, je suis sortie de la salle avec un sentiment plutôt pessimiste. Si le spectacle se clos par un poème optimiste cité par Nelson MANDELA lors d'un discours, les trois visages qui s'affichent à ce moment là sur les écrans ne m'ont paru guère souriants. Plutôt fermés et résignés.
Cette génération qui a pris son envol avec de grands espoirs semble s'être cognée à une réalité d'autant plus brutale et les plaies ouvertes m'ont paru avoir du mal à cicatriser. Quand aux liens de cette famille horizontale ils m'ont semblés très fragiles, à l'image du récit de Ntandon et de la rencontre entre elle et Marjolijn. 
Cette dernière, habillée d'un pantalon beige et d'une chemise orange qui rappelle la couleur de son pays, mène son récit en dosant savamment le rythme et l'intensité des émotions, entre les anecdotes amusantes et récits d'une certaine gravité. 

En bref : un concept intéressant. Un propos qui pose questionnement. Le regret de n'avoir pas vu la totalité du tryptique.

C'EST OU ? C'EST QUAND ?
C'était à la Maison des Métallos (dates ci-dessus)
Pour suivre les projets de Marjolijn van HEEMSTRA et ses dates de tournée, consulter son blog en cliquant ICI


Vu le 6 novembre 2013 à la Maison des Métallos - Paris

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