dimanche 29 décembre 2013

MUR

JOYEUSE COMÉDIE ROMANTIQUE

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MÛR MUR

D'un côté du mur il y a le Colonel CHAUDRON, militaire à la retraite qui tente vainement d'écrire ses mémoire (mais son récit n'a pas dépassé l'année de ses huit ans), tout en savourant des escargots, (son plat préféré et le seul qu'il sache cuisiner). De l'autre côté du mur il y a Hélène, jeune retraité de l’Éducation Nationale qui veut mettre à profit son nouveau temps libre pour enfin apprendre le piano. Elle massacre avec application "La Lettre à Elise" et perturbe la concentration de son voisin, lequel l'empeste avec ses odeurs de cuisine à l'ail. 

Muré dans sa solitude lui a perdu l'habitude de communiquer "normalement" avec ses congénères. C'est donc par écrit qu'il va exprimer son courroux à sa bruyante et indélicate voisine. S'engage alors une correspondance entre ces deux être qui ne sont physiquement séparés que par un mur, lui débitant ses critiques comme à coup de mitraillette, elle répondant avec la maîtrise de la rédaction héritée de son ancien métier d'institutrice. Un acte surprenant de la part d'Hélène provoquera la rencontre des ces deux êtres qui ne se supportent pas. La fin on la connait d'avance. Ce qui est intéressant est de voir comment ils vont y arriver.

GUERRE ET PAIX DANS LE VOISINAGE

"MUR" était à l'origine une commande faite à Amanda STHERS par le comité du Festival "PARIS DES FEMMES" en 2012 (voir mon article du 27/12/2013 en cliquant ICI). D'une durée initiale d'environ 20 minute le projet a été retravaillé pour donner naissance à cette courte pièce (à peine une heure). De fait le propos aurait peut-être pu être un peu plus développé. Le thème cette année-là était "Guerres et Paix ".


Nicole Calfan et Rufus sur la scène du Petit Théâtre de Paris pour "Mur".C'est donc une guerre de voisinage qui sert de prétexte à cette réflexion sur la solitude qui accompagne souvent la vieillesse. Si cette joyeuse pièce n'a pas vocation à être la comédie de l'année, le texte plein de cynisme, d'humour et de romantisme déroule avec bonheur et réussite la douce querelle entre le bougon général et l'institutrice futée. Lorsque Hélène vole au Colonel un peu de sa surface, d'une manière complètement surréaliste, cette modification de l'espace va donner une nouvelle dimension à la liberté et à la vie de l'ancien sous-marinier qui a toujours vécu dans des espaces restreints. Lui et Hélène vont se découvrir quelques points communs, retomber en enfance et se chamailler comme des enfants dans une cour de récréation... et finir par prendre plaisir à ces confrontations.

UN DUO PÉTILLANT

RUFUS est délicieusement drôle dans le rôle de cet ours mal léché, de ce militaire retraité guindé, étriqué, bourru, qui critique tout le monde et ne régente plus personne, mais qui au fond, comme souvent, cache sous sa mauvaise humeur un bon coeur plein de sentiments que personne ne lui a permis d'exprimer. C'est un délice de le voir prendre autant de plaisir à jouer avec les émotions qui traversent son personnage pour nous les restituer avec force mimiques.


Nicole CALFAN est malicieusement taquine et futée. Cette jeune retraité refuse de vieillir et trouve dans sa joute avec le Colonel comme une source de jouvence dans laquelle elle va entraîner son voisin bougon.

La mise en scène de Anne BOURGEOIS est énergique, se joue de l'absurde et de la vraisemblance pour prendre des accents cartoonesques. Elle permet aux deux comédiens de s'en donner à cœur joie pour le plus grand plaisir des spectateurs. La complicité de jeu de RUFUS et de Nicole CALFAN traverse le 4ème mur et l'adhésion du public est totale, en témoigne les rires qui leur répondent en écho.


En bref : une agréable comédie romantique avec un duo très complice pour le plus grand plaisir du public 

C'EST OU ? C'EST QUAND ?

15 Rue Blanche - 75009 Paris
Métro : Notre Dame de Lorette, Blanche, Saint Lazare, Liège, Chaussée d'Antin 

Reprise à partir du 4 juin 2014
Théâtre de Paris
Du mercredi au Samedi : 19h
Dimanche : 17h
(Mise à jour du 36/04/14)


Jusqu'au 5 janvier 2014
du mardi au samedi à 19h
dimanche à 17h
Relâche les 25 décembre 2013 et 1er janvier 2014 

Bande annonce en cliquant ICI


Accessibilité PMR : le Petit Théâtre de Paris n'est pas accessible aux personnes à mobilité réduite, contrairement à la salle du Théâtre de Paris. Ne pas hésiter à joindre le service réservation au 01 42 80 01 81 pour des demandes spécifiques.

Interview d'Amanda STHERS à propos de sa participation au Festival le Paris des Femmes

 Photos : © Céline Nieszawer

vendredi 27 décembre 2013

FESTIVAL LE PARIS DES FEMMES - 10 - 11 ET 12 JANVIER 2014

LE THÉÂTRE AU FÉMININ

 

POURQUOI "LE PARIS DES FEMMES" ?

75% des textes joués ont été écrits par des hommes. Et que dire de la faible présence des femmes dans les institutions culturelles ? C'est en partant de ce constat et du ras-le-bol de la morosité ambiante, que Véronique OLMI, Anne ROTENBERG et Michelle FITOUSSI ont eut l'envie de créer un festival pour mettre en avant les auteurEs de théâtre.

parisdesfemmes_4_2013"C'est mon époque et je la vis" dit Véronique OLMI. Alors face à l'accumulation de classements en tous genres elle répond que la vraie vie des auteur(E)s n'est pas dans les listes mais dans le travail, la communication et l'échange. Anne ROTENBERG quand à elle assume depuis 14 ans la direction artistique du Festival de la correspondance de Grignan. Alors l'organisation d'un festival elle commence à savoir ce que c'est. Quand à Michèle FITOUSSI, journaliste et écrivaine, c'est la volonté de donner un coup de pouce à la création féminine qui a fait d'elle une partenaire de la première heure.

Le Théâtre des Mathurins a dès la première année mis à disposition du trio l'espace et son personnel. C'est ainsi que les 10, 11 et 12 janvier 2014 s'y tiendra la troisième édition du Festival "Le Paris des Femmes", un Festival voulu par des femmes pour promouvoir le théâtre vu par les femmes. 

Chaque année un thème est donné, suffisamment large pour permettre une grande liberté d'expression. En 2012 ce sont 8 pièces sur le thème de "Guerres et Paix" qui sont présentées. En 2013 les auteures se sont exprimées sur "De bruit et de fureur". 2014 sera l'occasion de réflexions sur "La vie : modes d'emploi". Des titres clin d’œil au grands auteurs masculins.

Ce qui ressort de la présentation faite à un groupe de blogueuse et à laquelle j'ai eu la chance d'être invitée, c'est l'entente et la bonne humeur qui se dégage de l'équipe. Murielle MAGELLAN, qui cette année sera metteur en scène, parle d'une ambiance très festive. Pour Alexandre ZAMBEAUX le festival est "un générateur de rencontres". Les auteures sont sollicitées par le comité qui choisi les textes puis les impose aux metteurs en scène. "Il est difficile de faire le travail de lâcher-prise sur un texte parfois écrit dans la douleur" constate Blandine LE CALLET. Elle a un peu hésité avant de céder aux sollicitations du festival. Mais quand on l'entend exprimer tout le plaisir qu'elle a finalement eut à écrire "dans la joie et la facilité" pour ce travail si différent de celui de la romancière qu'elle est, on a envie d'aller à la découverte du résultat.

Alexandre ZANBEAUX ajoute "si on réfléchit, on n'y va pas". Et ce qui m’intéresse aussi dans ce festival, en tant qu'amateur de théâtre, c'est le mélange des rôles : le comédien qui devient metteur en scène, la romancière qui se fait actrice le temps de l'écriture comme l'exprime Blandine LE CALLET, l'auteur qui met en scène. Michèle FITOUSSI souligne cette fluidité des rôles pour chacun des acteurs du festival, en faisant une sorte de "laboratoire d'expression".

"DE LA CONTRAINTE NAIT LA CRÉATIVITÉ"

Les 9 pièces seront présentées pour la première fois lors de lectures-jouées, au rythme de 3 par soir. Écrites avec les contraintes fixées par le comité (le thème, 4.000 mots soit environ 20mn, 3 personnages maximum) elles sont mises en scène et en lumière dans un délai très court. "On est tout le temps sur un fil" dit Murielle MAGELLAN. C'est un exercice "excitant et déstabilisant en tant qu'acteur" ajoute Alexandre ZAMBEAUX, "comme si on acceptait que le public vienne voler un instant de répétition". Pour Michèle FITOUSSI "il y a quelque chose de gratuit" dans ce travail de création, que Blandine LE CALLET dit avoir reçu "comme un cadeau".

Au final "de la contrainte nait la créativité" dit Anne ROTENBERG. A ceci s'ajoutent un sentiment d'urgence et d'éphémère. Le tout dans l'échange, la discussion. Car l'objectif du festival est de porter la parole de l'auteure. Pour certaines créations le festival sera un tremplin, comme pour "Mur", actuellement à l'affiche du Théâtre de Paris et qui a été créé dans le cadre du festival en 2012.

Et c'est dans un esprit festif que se fait la préparation. Cet esprit festif, cette urgence, cette créativité je vous invite à venir les partager les 10 - 11 et 12 janvier prochain au Théâtre des Mathurins. Car pour qui aime le théâtre c'est un privilège que de pouvoir assister à la création d'une pièce, enfin c'est mon point de vue et j'espère vous avoir donné envie de le partager.


Figurines : Mâkhi Xemakis

POUR EN SAVOIR PLUS
Le programme complet des trois jours de festival, y compris les deux rendez-vous littéraires avec les auteures, est détaillé sur le blog du "PARIS DES FEMMES" que vous pouvez consulter en cliquant ICI;

Vous pouvez également suivre le festival sur Twitter : @ParisdesFemmes et le hashtag #ParisdesFemmes.

Le recueil des textes est publié aux Editions l'Avant-scène Théâtre dans la collection les quatre-vents.

C'EST OU ? C'EST QUAND ?
36 Rue des Mathurins 75009 PARIS
Métro Havre Caumartin, Saint Lazare, Madeleine
Les 10 - 11 et 12 janvier 2014

BON FESTIVAL !

Une initiative qui séduit Les carnets d'Eimelle : 
http://lecture-spectacle.blogspot.fr/2013/12/challenge-theatre-2014.html

lundi 23 décembre 2013

QUI ES-TU FRITZ HABER ?

SCÈNE DE MÉNAGE CHEZ UN PRIX NOBEL

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RÉFLEXIONS MÉTAPHYSIQUES ET NAISSANCE DES ARMES CHIMIQUES

En 1915, au soir de la 1ère utilisation de gaz chlorés, une violente dispute éclate entre Fritz et Clara HABER. Les deux conjoints sont tous les deux chimistes, allemands et juifs convertis au christianisme. Cet échange met en lumière leurs multiples désaccords sur la religion, la science et la vie, jusqu'à la tragédie. Ce dialogue imaginé par l'auteur entre les deux personnages qui ont réellement existé il y a 100 ans, pose en filigrane des questions toujours d'actualité : peut-on faire de la science une religion ? La science remet-elle en cause l'idée même de dieu ? Qu'est-ce que la vérité scientifique ? Un scientifique peut-il s'affranchir de toute considération morale ? Le progrès scientifique est-il toujours un progrès pour l'humanité ?

Source : leslarrons.com

SUCCÈS DU FESTIVAL OFF 2013

Programmé dans le Festival Off Avignon 2013 au théâtre LA LUNA, j'avais inscrit cette pièce dans ma sélection mais n'avait pu aller la voir. La critique et les échos du public étant favorables, comme j'avais pu le constater sur les panneaux du Village du Off, j'étais heureuse que sa programmation au Poche Montparnasse m'offre la possibilité de juger par moi-même. 


Mais au-delà de l'influence de la critique c'est le sujet qui m'a tout d'abord attiré dans ma sélection  faite avant le début du Off. Je dois malheureusement dire que je suis sortie un peu déçueIl y avait matière à une joute de haut vol sur des thématiques abordées : le rôle de la science et du progrès  dans le bien être de l’humanité et de l'individu, l'éthique du scientifique, le rapport que la science peut entretenir avec la religion. Pendant une grande partie de la pièce il y a un vrai équilibre entre les arguments et contre-arguments mis en avant par Fritz et par Clara. Mais à un moment le personnage de Clara tombe dans le pathétique et le soufflé retombe.

L'OPPOSITION DE DEUX POINTS DE VUE INCOMPATIBLES

Fritz HABER a reçu le prix Nobel de Chimie en 1918 pour ses travaux sur la synthèse de l'ammoniac, travaux d'une importance primordiale pour la fabrication des engrais mais aussi des explosifs. Grace à ses découvertes l'arrivée d'engrais azotés bons marché a permis d'éviter une catastrophe malthusienne (source wikipédia). Ses recherches sur les pesticides permirent aussi la mise au point du procédé permettant la fabrication industrielle du Zyklon B, le produit qui sera utilisé dans les chambres à gaz.

Description de cette image, également commentée ci-aprèsCe que Clara reprochait à Fritz HABER n'était pas seulement la nature des ses travaux, qu'elle jugeait criminels et contraires à l'éthique scientifique, mais également toute l'étendue de son implication au sein de l'armée. Mue par des principes humanitaires Clara HABER avait néanmoins toute légitimité pour juger de la qualité scientifique des travaux de son mari. Elle fut en effet la première femme diplômée d'un doctorat de chimie de l'université de Breslau. Les conventions de la société la cantonnèrent à un rôle subalterne aux côtés de son mari.


Fritz HABER avait changé son nom, le germanisant pour mieux intégrer la société scientifique allemande. Il estimait qu'en temps de guerre le scientifique se met au service de la défense des intérêts suprêmes de son pays. Les points de divergences étaient nombreux entre eux deux. Le couple avait été unis par le même amour de la sciences. Face à l'obstination de Fritz il semble que Clara ait baissé les bras. On sait peu de choses de sa vie, et son suicide quelques jours après la première utilisation du gaz sur le front reste sujet à interprétation. Le lendemain de la mort de sa femme Fritz HABER reparti sur le front pour faire de nouveaux essais et améliorer l'impact de son arme chimique, laissant son fils de 13 ans se débrouiller avec seul l'enterrement de sa mère morte dans ses bras. 

UNE BANALE SCÈNE DE MÉNAGE

Si ces divergences d'opinion sont bien montrées dans la pièce de Claude COHEN, le parti pris quand au motif du suicide de Clara nuit au propos, de mon point de vue. La folie de Clara arrive d'une manière brutale et sans cohérence. En mettant en avant la jalousie de Clara vis-à-vis de la jeune assistante et d'une éventuelle aventure entre cette jeune femme (présente lors du dîner qui vient de se terminer) et Fritz, l'auteur fait perdre toute crédibilité au discours de Clara. Elle tombe alors dans le cliché de l'épouse bafouée au point que je me suis demandée si sa colère du début, qui lance le débat, est motivé par la responsabilité de Fritz dans l'utilisation par les militaires de ses découvertes scientifiques ou parce qu'elle n'a pas supporté la présence de cette rivale à sa table. Je précise que ce sentiments et cette déception était partagés par les deux personnes qui m'accompagnaient. Certes Fritz épousa ensuite cette femme, mais la manière dont l'auteur l'a introduit dans la pièce et le jeu d'Isabelle ANDREANI à ce moment mettent à mon sens trop l'accent sur ce fait occultant tout ce qui faisait le vrai combat de Clara HABER d'après ce que j'ai pu lire après avoir vu la pièce. Ce combat justifie que plusieurs prix scientifiques prestigieux portent aujourd'hui le nom de Clara HABER.


C'est d'autant plus décevant qu'il y a par ailleurs de nombreuses raisons pour justifier des bonnes critiques reçues par cette pièce. Le décor restitue à merveille l'intérieur d'un appartement des années 1930. L'espace de la petite salle du Poche Monparnasse est optimisé et la mise en lumière crée l'ambiance intimiste nécessaire tout en mettant un juste degré de dramatisation à des moments clés. La mise en scène reste sobre. Le jeu de Xavier LEMAIRE est équilibré avec juste ce qu'il faut de machisme, de force mais aussi de doute lorsque les arguments de Clara sont sur le point de le déstabiliser. Il s'est glissé avec réussite dans la peau de ce personnage qui est décrit comme un homme imposant par sa stature et son intelligence, mais aussi comme un chercheur sans scrupule, animé d'une ambition démesurée qui ne semble avoir jamais eut aucun remords sur son action et faisait preuve d'une certaine absence d'humanité. Par contre le jeu d'Isabelle ANDREANI s'il est très juste sur la première partie de la pièce, glisse parfois dans le surjoué et le pathétique ce qui m'a fait perdre au final l'élan de sympathie que j'avais pour le personnage de Clara.

Bien que n'ayant pas (encore) revu "Les palmes de M. Schultz" (actuellement à l'affiche au Théâtre Michel et dont je garde un souvenir peut-être enjolivé par le temps qui est passé), je n'ai pas pu m'empêcher de faire le parallèle avec le couple Pierre et Marie Curie.

En conclusion, Je m'attendais à voir un débat de haut niveau entre deux scientifiques. L'orientation pris par la pièce dans la dernière demi-heure (environ) m'a laissé avec la sensation finale d'avoir assisté à une scène de ménage presque banale au sein d'un couple qui a pourtant changé l'avenir de l'homme.

Dommage !

En Bref : Une légère déception pour ce qui reste une belle mise en lumière d'un grand débat sur la place de la science et des scientifiques dans l'Histoire

C'EST OU ? C'EST QUAND ?

Reprise
Studio Hébertot
Du 23 novembre 2016 au 6 janvier 2017
du mardi au samedi 19h - dimanche 15h 

Crédit photo @ Lot
Mise à jour du 20/06/15//
Vu Décembre  - Poche Montparnasse 

jeudi 19 décembre 2013

MEME PAS VRAI

 LA COMÉDIE DE LA RENTRÉE DE MI-SAISON 2014


 Même pas vrai !

Alors que les fêtes approchent et que vous cherchez les derniers cadeaux à mettre sous le sapin de Noël, il est temps pour moi de vous parler d'une comédie qui arrivera à Paris fin janvier 2014.

Il y a quelques semaines j'ai eu la chance d'être invitée à une soirée spéciale blogueur organisée par le Théâtre Saint Georges pour nous présenter "MÊME PAS VRAI", une comédie écrite par à quatre mains par les jeunes Nicolas POIRET et Sébastien BLANC.

Toute l'équipe, y compris Jean-Luc REVOL qui signe la mise en scène, était réunie sur la scène (dans un décor qui n'est pas celui de la pièce puisque c'est celui de la pièce de  "Le Fils du Comique" à l'affiche jusqu'au 18 janvier 2014 pour ce prêter à cet exercice de communication peu commun. De nous les blogueurs ou d'eux les professionnels du spectacles habitués à la promotion face aux journalistes et aux critiques professionnels, je ne saurai dire lesquels étaient les plus à l'aise. Pour ma part c'était une première et je remercie le Théâtre Saint Georges de cette initiative

Ce qui m'a d'emblée frappée c'est la bonne humeur et l'entente qui semble régner au sein de l'équipe. Les rires fusaient avant même que l'échange n'ai commencé. Il faut dire qu'une vingtaine de représentations avaient déjà eu lieu en Province et en Belgique, et que partout l'accueil du public est enthousiaste. C'est là une des premières raisons qui font que j'irai voir "Même pas vrai". Car quand l'équipe s'amuse sur scène elle communique son plaisir au public.

BOULEVARD OU PAS BOULEVARD ?

L'histoire en est la suivante :
"La famille, ça peut être amusant pour peu qu’on soit joueur… Mathilde déteste les secrets et quand il s’agit de cuisiner Arnaud, son mari et Michael, son fils, elle sait se montrer très inventive. Trop peut- être ? Une chose est sûre, cette famille adore régler ses comptes en public, et leurs amis se trouvent toujours au milieu de leurs scène de ménage.
 Le rire, la moquerie et la dérision sont omniprésents… Jusqu’au moment où la vérité éclate, et les sentiments, les vrais sentiments font leur apparition… Une comédie joyeusement décapante qui vous donnera envie de faire partie de cette famille"
(source : Théâtre Saint George)

Ca se présente comme du théâtre de boulevard, mais c'est pour mieux en prendre les codes pour les casser nous a expliqué Bruno MADINIER. Jean-Luc REVOL réfute également cette catégorisation qu'il juge "un peu vieillotte", estimant que le boulevard revient à la mode, notamment si l'on pense au succès de "Potiche" ou de "Huit Femmes" au cinéma ces dernières années. Et c'est la deuxième raison pour laquelle j'irai voir la pièce. Parce que le boulevard "classique" ce n'est pas vraiment dans mes préférences (même si je comprends que l'on puisse aimer). Alors quand on m'annonce qu'il va y avoir du contre-pied, des surprises dans une pièce à tiroirs pleine de mots d'esprit, qu'il va y avoir du "détournement pour surprendre le spectateur dans l'inconnu", j'accepte le pari et réponds "présente".

La troisième raison pour laquelle je serai au Théâtre Saint Georges dès les premiers jours de représentation c'est parce que j'ai ressenti beaucoup de sincérité dans l'enthousiasme mis par tous les comédiens à nous parler de ce projet, lequel a mis deux ans et demi à se monter. Jean-Luc REVOL dit qu'il est "une prise de risque inattendue de la part du Saint Georges".

UNE EQUIPE ENTHOUSIASTE

Raphaëline GOUPILLEAU, qui sera Mathilde, a été d'une rare générosité et je la remercie pour qualité des échanges qu'elle a pris le temps d'avoir avec nous. L'entrain et la fougue avec lesquels elle nous a parlé de Mathilde m'a donné envie d'aller à la rencontre de cette femme qui a besoin d'embellir sa vie pour la pimenter et qui pour cela n'hésite pas à mettre sa famille et ses amis dans des situations...que j'ai hâte de découvrir.

Anne BOUVIER, Christophe GUYBET, Thomas MAURION et Valérie ZACCOMER complètent cette joyeuse équipe dont il va falloir attendre le 25 janvier 2014 pour découvrir toutes les aventures. Personnellement j'ai déjà réservé mes places pour le 28 Janvier. La pièces aura déjà été jouée près de 80 fois avant d'arriver sur Paris puisqu'elle est à l'affiche notamment à Lyon en Novembre et Décembre 2013, ce qui permet à Bruno MADINIER de dire "On sera confortable dans ce qu’on jouera, ce qui est au fond un très bon système, car la concurrence est rude. Dès le premier soir, il faudra être au taquet ! ». Rendez-vous est pris pour ce qui promet d'être une des pièces à voir en cette rentrée de janvier 2014

C'EST OU ? C'EST QUAND ?
Théâtre Saint Georges
51 Rue Saint Georges 75009 PARIS
Métro Saint Georges
Tel : 01 48 78 63 47

Du mardi au samedi à 20h30 - Martiné à 17 le samedi.

Et n'oubliez pas les offres "1er aux premières" - du 25 janvier au 31 janvier 2014

mercredi 18 décembre 2013

LA CHAMBRE A JAZZ

DEUX ARTISTES DANS LA TOURMENTE DE LA GUERRE

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UNE JEUNESSE DES ANNÉES 30

Nous sommes au printemps 1936. Années d'espoir dans une France travailleuse qui voit certains de ses rêves aboutir grâce au Front Populaire. L'humeur est joyeuse. Les garçons sont rêveurs. Les filles sont belles. A la terrasse d'un café deux jeunes hommes tournent la tête charmés par la même jeune femme qui passe. Ils engagent la conversation. L'un s'appelle Ferdinand LAURENTIN. Il est guitariste, antillais, débordant de joie de vivre, et amoureux des femmes. L'autre, Sébastien RIVIERE, est un étudiant sans le sou très réservé qui vient d'être mis à la porte par sa logeuse. Ferdinand invite Sébastien à partager son appartement. Une longue amitié va naître entre ces deux hommes si différents. Les mots de Sébastien vont se poser sur la musique de Ferdinand et ils vont connaître le succès dans les cabarets parisiens. Mais survient la guerre, l'occupation, et Thérèse, l'amour de toute une vie.

QU'AURIONS NOUS FAIT A LEUR PLACE ?

Comme souvent lorsqu'un film, un livre, une pièce de théâtre évoque la période de la France sous l'Occupation, chacun se demande "A sa place qu'aurai-je fait ?". Bien malin qui peut répondre avec certitude. Ferdinand et Sébastien sont deux jeunes gens, insouciants, plus ou moins impétueux, rattrapés par l'Histoire dans un de ses moments les plus tragiques. Leur jeunesse, leur soif de vivre vont être bousculés par des événements qui ont changé le monde à tout jamais. Et qui vont les changer eux aussi.

La pièce baigne dans cette légèreté des jeunes années de ses deux protagonistes. Dans une Europe dont l'horizon s'obscurcit de plus en plus leur duo et leurs chansons gardent une certaine fraîcheur, une certaine gaieté, jusqu'au jour où...

RE-CRÉATION

L'auteur Dominique BARNIER explique que lorsque "La chambre à Jazz" à été créée au début des années 90 l'objectif était de "faire un travail de mémoire, (d')utiliser cette pièce comme une machine à remonter le temps et nous resituer, nous, enfants d'une génération indemne de conflit armé dans cette période troublée qui se situe entre l'avènement du Front Populaire et la fin de la deuxième guerre mondiale". 



Vingt ans se sont écoulés depuis sa première création. Depuis se sont ajoutés à la longue course de l'Histoire la guerre en Yougoslavie, le Rwanda, le 11 septembre 2001, la Syrie, autant de faits qui font que le "plus jamais cela" devient le "pourquoi encore ça ?". La pièce est devenue une interrogation non plus sur notre mémoire mais "notre capacité à lire le monde".

Coproduite par la Ligue de l'Enseignement, Fédération des Yvelines, c'est un message aux jeunes générations (mais aussi aux moins jeunes) qui permet à Dominique BRANIER de dire que "La Chambre à Jazz n'est pas seulement une lumière du passé mais bien plus un phare pour comprendre aujourd'hui et construire demain".

On pardonnera donc aisément les imperfections d'une création pour se laisser porter par le jeu juste de Robert GEORGES et d'Aurélien GOUAS (vu dans l'excellent "La vie de Galillée" au Lucernaire la saison dernière et qui a ici des faux airs de Thierry FREMONT). La mise en scène de Jean-François JUMEAU et la scénographie jouent astucieusement de l'espace pour création différents univers avec peu de choses et notamment des panneaux mobiles tantôt miroirs, tantôt transparence. Le tout est au service du beau texte et des chansons de Dominique BRANIER.

Crédit photo : avec l'accord de "d'un acteur l'autre", co-producteur avec Couleurs en jeux.


En bref : Une pièce à diffuser dans les lycées, mais qui mérite également une plus large distribution

C'EST OU ? C'EST QUAND ?
6 Avenue Maurice Ravel 75012 Paris
Métro : Château de Vincennes


Du 31 mars au 12 avril 2015

du mardi au samedi à 20h30
dimanche matinée à 15

C'était Vendredi 6 décembre et samedi 7 décembre 2013 salle du Colombier à Magnanville (78)
Ce sera le 11 janvier 2014 à 20h30 à l'Avant-Scène à Rueil Malmaison (92)
et j'espère en 2014 et au-delà dans d'autre salles à Paris et en Province.

Mise à jour du 09/03/15

L'OUBLI DES ANGES

UN OPÉRA DANSE HYPNOTIQUE

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SONDER L'INDICIBLE MYSTÈRE DE LA MORT

Avec "L'oubli des Anges", le Théâtre Laboratoire Elizabeth CZERCZUK nous donne à sonder l'indicible mystère de la mort dans une expérience sensorielle unique qu'il faut accueillir.


Un homme perd l'être aimé, celle avec laquelle il ne fait qu'un. Cette perte soudaine, brutale, injuste, inacceptable. L'incompréhension. La colère. Le déni. La douleur qui s'empare de tout son être. Sous le regard de l'Ange il commence son travail de deuil. Son chant s'élève. Une voix, un cri sans fin qui me happe dès les premières notes pour ne plus me lâcher jusqu'au silence qui suivra la dernière note, le dernier mot, le dernier mouvement, le dernier figement.

Ce cri de douleur réveille celle qui gît nue sur la pierre. Est-ce son corps ou son âme qu'il éveille ? Elle s'anime, se découvre qui n'est plus vivante. Mais est-elle déjà complètement partie ? Il lui adresse un requiem d'amour auquel son corps à elle répond par les derniers soubresauts, rappels des moments de passion qu'ils ont partagés. La douleur l'enchaîne lui. Les pas se font lourds. Avancer ! Pourquoi ? Pour qui puisqu'elle n'est plus là et que quelle que soit la direction que prennent ses pas, jamais plus ils ne le guideront vers un endroit où elle l'attend. Commence une longue course qui semble sans fin. "Et moi je continue à respirer". 
Perdus au milieu de la marche funèbre où les vivants sont plus morts que les morts et les morts plus vivants que les vivants, ces deux corps qui ne faisaient qu'un se cherchent, s’agrippent, se lâchent. Comme une lutte invisible entre deux corps qui ne faisaient qu'un et qui tentent de rejoindre ce qui est devenu inaccessible.

La musique se fait mystique, prend des airs d'opéra mais aussi de rythmes tribaux et sataniques. J'ai eu l'impression d'être en apnée pendant tout le spectacle, ne reprenant mon souffle que quelques secondes après que les lumières ne se soient rallumées.

HYMNE A L'AMOUR

Comme dans "Et jamais nous ne serons séparés", j'ai ressenti le refus de dire "au revoir", la même peur que l'oubli s'installe avec le temps et que le souvenir ne soit plus, qu'un matin tout ce qui a été n'ait complètement disparu, comme si cet autre n'avait jamais existé "On ne meurt un jour que de se souvenir". Mais ce refus n'est pas que celui des vivants, mais aussi celui de celle qui part. Son âme qui refuse de quitter son corps, qui refuse de le quitter lui, jusqu'à la libération finale. Une scène finale en forme de fuite, de tourbillon inéluctable qui nous emporte les uns après les autres, et dont il semble qu'elle ne va jamais s'arrêter, avant de stopper brutalement. La boucle est bouclée. Celle qui gisait sur la pierre sous son linceul, celle qui luttait comme pour retenir cette dernière particule de vie, la moindre ébauche d'un souffle perd le combat et cède à l'Ange.

L'oubli des Anges est un spectacle d'une pudeur et d'une grâce infinies par une scénographie et des jeux de lumière qui révèlent et accompagnent une performance impressionnante. Le texte est un soutien à une prestation technique dansée et chantée puissante et captivante.

Le spectacle est un univers d'une sensualité et d'une sensibilité intenses. Je me suis laissé gagner par la souffrance de ces deux êtres qui chacun d'un côté de la ligne qui sépare la vie de la mort éprouvent une déchirure, un renoncement. Mais s'il est ici question de douleur extrême dans un spectacle qui ne laisse pas indifférent et qui bouleverse, on ne sort pas déprimé. Le message final n'est pas un repli dans le désespoir mais un hymne à la vie. Lorsque à la fin elle ôte les chaînes qu'elle a lui a mis aux chevilles au début du spectacle, elle lui signifie l'acceptation de sa propre mort et lui redonne sa vie à lui, lui qui ne veut plus croire qu'il ait encore un avenir. Elle se libère aussi des liens qui la retiennent à la terre comme un dernier cadeau d'amour.
Géraldine LONFAT, danseuse longiligne livre avec pudeur et grâce une interprétation d'une extrême sensibilité et d'une très grande beauté. Elle mène le groupe avec une force et une énergie étonnantes. La voix de ténor de Nicolas Gravier jointe à celle du choeur crée un ensemble homogène, captivant, déroutant, dérangeant.

Mais "L'oubli des anges" ne se raconte pas. Il se ressent. Il nous prend par les sens de la vue et de l’ouïe et nous amène à retrouver au fond de nous-même des émotions plus ou moins conscientes, plus ou moins avouées, plus ou moins enterrées, nous amène à nous interroger sur le lâcher-prise.

Il s'inscrit dans une pentalogie intitulée "Les âges de la vie", réunissant également danse, chant et théâtre. Les quatre spectacles qui lui feront suite feront revivre des moments précis de la vie de ce couple, en remontant dans le temps, rappelant des passages de ce premier opus. Je suis curieuse et impatiente de voir la suite. Ce projet artistique s'étalera sur 5 ans.

En bref : Un OTNI à voir pour sa beauté, la très haute qualité des performances. Un spectacle très esthétique, déroutant et dérangeant pour un public averti. Une oeuvre poétique captivante qu'il faut accueillir. Une réflexion sur le lâcher-prise face au deuil mais aussi face aux pertes du quotidien.


Pour en savoir plus
Auteur : Stéphane ALBELDA, Géraldine Lonfat, André Pignat
Artistes : Géraldine LONFAT, Nicolas GRAVIER, Maris BROCHE, Kwatar KEL, Ophélie COMINA, Thomas LAUBAUCHER, Paul PATIN
Mise en scène : André PIGNAT, Géraldine LONGAT  (Interview en cliquant ICI)

Distribution Hébertot 2017
Géraldine Lonfat, David Faggionato, Thomas Laubacher, Sylvia Roux, Daphné Réa Pellissier

C'EST OU ? C'EST QUAND ?
Studio Hébertot
78 Boulevard des Batignolles 75017 Paris
Du 9 au 20 mai 2017
du mardi au samedi 21h - dimanche 15h



Vu octobre 2013 - Théâtre Laboratoire Elizabeth Czerczuk
Dernière mise à jour 01/05/2017