DANS L’INTIMITÉ D'UN COUPLE MYTHIQUE
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GLOIRE ET DECHEANCE
New York 1920. Scott FITZGERALD vient d'épouser Zelda SAYRE, une jeune femme du sud pleine d'esprit, dont l'Amérique va faire son icone. Elle avait 18 ans quand il se sont rencontrés. Lui vient de publier son premier grand roman, "L'Envers du paradis". L'argent et l'alcool coulent à flot, la ville résonne des accents du jazz, cette musique joyeuse qui emporte se jeunesse dans un tourbillon de vie et d'insouciance au lendemain d'une longue guerre qui a déchiré la Vieille Europe. Ils sont jeunes, beaux, riches, plein de vie. La vie, la gloire, la fortune s'ouvrent devant eux.
Dans la chambre d’hôtel de Scott et Zelda c'est l’effervescence La bouillonnante Zelda n'a de cesse de tenter Scott pour qu'il lui fasse un enfant. Lui, le mâle, tantôt résiste, tantôt cède à sa féline et malicieuse tentatrice.
Elle se voudrait comédienne, danseuse, écrivain, exister en tant que femme libre. Il la veut sa muse, son inspiratrice, sa femme, mais surtout pas sa rivale. Il est le plus grand écrivain américain de tous les temps, celui qu'Ernest Hemingway vient consulter pour recueillir ses conseils avisés.
Cannes, quelques années plus tard. Scott est en mal d'inspiration. Zelda trompe son ennui dans les eaux bleues de la Méditerranée et dans les bras de son amant, tandis que la nurse s'occupe de leur fille surnommée Scottie. La musique qui rythmaient leurs vie n'est plus qu'un souvenir, et l'alcool qui continue à couler n'est plus qu'un poison qui gangrène leur vie de couple.
Scott voit sont égérie, épuisée par les années de fête et de nuits blanches sous l'emprise de l'alcool, sombrer peu à peu dans la schizophrénie. L'inspiration lui manque. Il n'est plus que l'ombre du talentueux écrivain qui faisait rêver les jeunes filles. Il a du céder sa place sur le podium à celui qu'il a propulsé vers la première place, HEMINGWAY, l'ami fidèle.
La troisième partie, très courte, nous montre Zelda à l'asile. Scott n'est plus. Seul son ombre plane dans cet esprit perturbé qui se refuse à croire que cette passion dévorante n'existe plus que dans sa mémoire, et alors qu'elle s’entraîne en vain et martyrise son corps dans son délire de devenir une grande ballerine.
Elle mourra en ayant néanmoins réussi à écrire un livre, "Accordez-moi cette valse", roman autobiographique paru en 1932, elle dont Scott pillait les journaux intimes pour y trouver l'inspiration de ses propres romans.
FORMIDABLE ÉVOCATION
Je suis sortie de la salle sous le charme de ce couple mythique et éblouie par la prestation de Sara GIRAUDEAU. J'avais déjà été touchée par sa fragilité, sa grâce et sa fermeté dans "Colombes" où elle jouait en 2010 aux côtés de sa mère Annie DUPEREY. Son jeu s'est encore affiné. Elle est malicieuse, aérienne, féline, vive, glisse comme un serpent entre les bras de son partenaire dans la première partie. Son jeu se fait plus tendu dans la seconde partie, sa gestuelle évoluant très subtilement au rythme de la progression de la folie de Zelda. Elle est enfin bouleversante dans le monologue de la troisième partie. Elle démontre à nouveau qu'elle est une très grande comédienne.
Julien BOISSELIER est un Scott FIZTGERALD très touchant. Il incarne à la perfection la vanité de l'écrivain, son sentiment de supériorité, sa jalousie, sa force et sa fragilité face à cette femme sans laquelle il ne peut vivre et qui en même temps le conduit sur la pente dangereuse de l'alcool et de la déchéance. Il est très émouvant dans la deuxième partie quand s'exprime son désarroi face à son impuissance à sauver Zelda. Les expressions de son visage montrent à quel point il est ancré dans le rôle.
Jean-Paul BORDES est du coup un peu trop en retrait dans le rôle d'Ernest HEMINGWAY. Un peu écrasé par le duo GIRAUDEAU / BOISSELIER il ne m'a pas paru très crédible dans la première partie. Mais, comme son personnage, il reprend le dessus dans le deuxième partie et tire honorablement son épingle du jeu. La place un peu trop secondaire de faire-valoir qui lui est donnée est mon seul regret.
UNE MISE EN SCÈNE TRÈS RÉUSSIE
Pour évoquer ces personnages de fiction inspirés de la vie des vrais protagonistes, Renaud MEYER a fait le choix d'une mise en scène évoquant à merveille les années 20. Ainsi trois musiciens jouent en live, sur scène, nous plongeant complètement dans cette atmosphère de fête et de nostalgie qu'est l'univers du jazz des années folles.
Les décors sont également très réussis. La chambre de la première partie est presque entièrement occupée par un lit imposant d'un style Art déco. La terrasse de la deuxième partie nous emmène sur les rives de la Méditerranée. Le tout est mis en valeur par un éclairage ciselé.
En bref : Coup de cœur pour cette histoire d'amour et de folie. Un must de la saison.
Photo : le Parisien
C'EST OU ? C'EST QUAND
Théâtre de la Bruyère
5 Rue La Bruyère - 75009 Paris
Renseignements au 01.48.74.76.99 et sur www.theatrelabruyere.com.
La bande annonce en cliquant ICI
Vidéo sur les coulisses de la pièce en cliquant ICI
Vu le 16 octobre 2013 - Théâtre La Bruyère
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