NOUVEL HORIZON
Le regard de Corinne
Une femme, entre deux âges, vêtue de noir, entre en scène, seule, son carnet à la main. Elle
fait le tour de ce théâtre laissé à l'abandon. La nature a repris ses droits, l'herbe pousse à
travers le plancher, le vent traverse ce lieu hanté par ses souvenirs, les rideaux, encore
présents, ondulent.
Elle marche, semble réfléchir. Elle fait le bilan peut-être…Elle ne peut plus exercer son
métier de souffleuse, il n'existe plus. Alors quoi? Accepter la proposition de l'auteur
d'inventer un spectacle autour d'elle? Pourquoi pas.
Elle parcourt la scène qu'elle accepte de partager avec les comédiens, sans pour autant prononcer une parole. Ainsi, elle prend possession de ce nouvel espace, elle qui a toujours été dans l'ombre, dissimulée.
Apparaissent alors à tour de rôle 5 acteurs et c'est un enchaînement de scénettes dont
certaines sont des évocations de son expérience passée.
De souffleuse, elle devient chef d'orchestre. Elle les guide, les oriente sur scène. Tout
doucement, elle prend place dans la lumière.
Parfaitement ignorante de l'œuvre de Tiago Rodrigues, j'ai découvert un auteur d'une grande
poésie. Nous sommes en immersion durant le spectacle avec ce vent dont on entend le
souffle et qui nous donne des frisons, on a presque froid. Ce jeu d'ombre et de lumière,
accentué par le mouvement des rideaux, ajoute à la nostalgie.
L'auteur rend hommage à Cristina Vidal, inspiratrice de cette pièce. Il lui taille un rôle dans
ce nouvel horizon théâtral et la met au centre des regards. Tout naturellement, elle devient
visible de tous et s'approprie l'espace dont elle avait, jusqu'ici, une toute autre perception.
Seul bémol : la pièce est sous titrée car jouée en portugais. Je ne le savais pas, je n'avais
pas envisagé de voir ce spectacle. Je dois dire que cela m'a gêné. Je n'ai pas pu pleinement
profiter et apprécier le jeu des comédiens car trop occupée à ne pas perdre une miette de la
traduction.
Mais peut-être qu'au contraire, il fallait lâcher l'écran pour ressentir pleinement ce spectacle.
Sopro Beatriz Bras et Cristina Viocal |
Sopro, de Tiago Rodrigues, avec Beatriz Bras, Cristina Vical, Isabel Abreu, Joao Pedro Vaz, Sofia Dias, Vitor Roriz, Scénographie et lumière Thomas Walgrave, costumes Aldina Jesus, son Pedro Costa, assistante à la mise en scène Catarina Rolo Salgueiro, traduction en français Thomas Resendes
C'EST OU ? C'EST QUAND ?
Dans le cadre du Festival d'Automne
Théâtre de la Bastille - Paris
12 novembre - 8 décembre 2018
Le commentaire de Christine : Ce Sopro je l'attendais depuis Avignon 2017, n'ayant pas pu le voir alors. Un empêchement de dernière minute et je propose ma place à Corinne, sans lui donner aucune information sur le spectacle autre que le fait que c'était le plus beau spectacle du Festival d'Avignon 2017 et que j'avais adoré Antoine et Cléopatre. Son commentaire le lendemain : "je n'étais pas prête, c'est un peu tôt pour moi, mais quelle poésie dans ce spectacle". Quant à moi il ne me reste plus qu'à espérer que Sopro sera à nouveau programmé pas trop loin de chez moi la saison prochaine.
Crédit photo @Boris Horvat
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