DE LA DESTINE ET DE LA VIE !
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Avec sobriété et une pointe de légèreté Armel Roussel construit un un spectacle qui cache derrière un grain de folie une jolie réflexion sur le sens de la vie, seul ou en groupe, sur la filiation et la destinée, avec une dizaine de comédiens au naturel éblouissant.
AMSTRONG, MERCKX, LA LUNE, UN VELO, MAX ET JULIA
Auriez-vous imaginer rapprocher le destin du coureur cycliste Eddy Merckx de celui de l'astronaute Niel Amstrong ? Cela vous semble incongru ? Et pourtant ! Sur le plateau nu les comédiens, venant du public et des coulisses, prennent place, saluent le public, commencent à nous interpeller. Arrive un spectateur en retard. Le groupe l'intègre dans son accueil. Un poème, une histoire qui commence à se dérouler. Des destins qui se croisent. Il y a Pierre et Angèle, les parents de Max, et un point de départ : le 20 juillet 1969. Ce jour-là l'auteur Jean-Marie Piemme raconte avoir assisté à deux événements retransmis par la télé : la première victoire d'Eddy Merxck dans le Tour de France et le premier pas d'une homme sur la lune. Max est alors enfant. Plus tard il y aura Julia, et sa bande d'amis. Des histoires d'amour, de filiation qui croise la grande Histoire, celle qui s'écrit avec un grand H, celle qui marque à jamais l'inconscient collectif de toute un génération.
Eddy Mercxk a marché sur la lune, c'est une histoire d'hommes et de femmes confrontés à la difficulté de vivre en groupe, en couple, seul, et qui sont rattrapés par un moment historique qui va marquer profondément la société, changer les êtres et le peut-être le cours de l'histoire. En tout cas qui changera le regard que chacun porte sur sa vie et sur le monde.
UN FORMIDABLE TRAVAIL DE TROUPE
La mise en scène d'Armel Roussel est fluide, énergique, brillante. Les comédiens s'emparent successivement des différents rôles, sans que ceux-ci soient définitivement attribués à l'un ou à l'autre. Ils nous emportent dans le tourbillon de la vie, sur les pas de ces jeunes gens qui ont des rêves qui se fracassent parfois contre la réalité de la vie, les transformant en désillusions. Dans ce mouvement où acteurs, personnages et spectateurs sont comme les vies qui s'entrecroisent. Un spectacle qui parfois décontenance le spectateur, lequel se laisse happer par ces sauts de puce, ces bonds en avant ou en arrière dans le temps, pour finir par être totalement séduit par ces destins croisés dans lesquels il se retrouve. Un spectacle qu'il est impossible de raconter, qui se vit et se découvre.
Au détour de ces destins ou règne un joyeux grain de folie, on s'interroge sur le sens de la vie. Que reste-t-il de Mai 68 ? Qu'avons-nous fait de la planète ? Que sont nos rêves devenus ? Qu'est-ce qui nous pousse (ou pas) à la révolte ? Pas de nostalgie ni de leçon, juste une réflexion, des constats qui ne se veulent ni accusateurs ni moralisateurs, et surtout une grosse dose de fraîcheur et d'optimisme.
Il y a surtout un formidable travail de troupe. Tous sont d'un naturel éblouissant. Dans ce travail choral les scènes s'enchaînent avec fluidité. Un accessoire et celui qui était Max devient Pierre, ou Julia. Sans parler de la bande son extrêmement bien réussie. Un jeu collectif, à l'unisson, passionnant, qui nous porte et nous donne envie de continuer à croire en nos rêves.
En bref : Armel Roussel s'empare avec fougue du texte de Jean-Marie Piemme et nous interpelle sur le vivre ensemble et le sens se nos vies. Un travail de troupe brillant porté par onze comédiens au naturel étonnant. Un grain de folie, un brin de fraîcheur et une grande bouffée d'optimisme. Du beau théâtre.
C'EST OU ? C'EST QUAND ?
C'était au Théâtre Paris Vilette
Parc de la Vilette 75019 Paris
Jusqu'au 2 décembre
C'est au Théâtre des Tanneurs à Bruxelles jusqu'au 16 décembre 2017
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