vendredi 24 février 2017

SCÈNES DE LA VIE CONJUGALE

COUPLE AU CŒUR DE LA CRISE
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Au Théâtre de l'Oeuvre Safy NEBBOU et Jacques Fleschi adaptent le film d'Ingmar Bergman avec le couple Raphaël Personnaz / Laetitia Casta dans le rôle du couple qui chavire. Une mise en scène épuré pour un texte fort sur la fragilité du couple.

UN BONHEUR PARFAIT

Marianne et Johann forment un couple idéal. Mariés depuis 10 ans ils ont de belles situations professionnelles, deux beaux enfants, des familles aimantes et aimées, un cadre de vie agréable. Mais à bien y regarder l'interview où ils se présentent on voit à certains regards, à certains silences, que le beau vernis commence à craqueler.

C'est Marianne qui ouvre le tir, sans vraiment se rendre compte qu'elle vient d'ouvrir la boîte de Pandore. Parce qu'elle n'a pas envie de ce traditionnel dimanche en famille. Pour une fois elle ne souhaite qu'une chose : rester dans les bras de Johann pour un dimanche de tendresse. Pas forcément pour le sexe, mais pour une pause, un moment de douceur non programmé. Mais lui n'est pas si enthousiaste. Alors que Marianne nous apparaît froide dans la rigidité de son confort bourgeois qui ne lui a jamais permis de réellement s'exprimer, Johann se fait plus sanguin, plus désabusé aussi.

En 6 panneaux nous traversons 20 années de l'histoire de ce couple qui ne sait plus comment s'aimer. Nous assistons à la déliquescence de leur amour, à leurs luttes internes et physiques, les suivons le long de leur parcours vers une autre vérité, un chemin de croix qui les mènera vers la sérénité, la tendresse, et une nouvelle forme de bonheur.


C'EST QUAND LE BONHEUR ?

Ingmar BERGMAN a souvent interrogé le couple, la famille. Avec SCÈNES DE LA VIE CONJUGALE il dresse le portrait d'un couple en crise, confronté à la quête moderne du bonheur. Ils ont tout pour être heureux. Ils font tout pour y croire. Mais le vide abyssal de ce bonheur parfait se cache derrière une vie trop bien réglée, dans ses moindres détails. L'ennui n'a pas tardé à pointer le nez. Un nouvel enfant serait-il la clé d'une passion retrouvée ? L'herbe est-elle plus verte ailleurs ? Le couple peut-il exister sans le sexe ? Lorsque Paula s'incruste au milieu de ce couple parfait le verni craque, les faux-semblants s'effacent, les sentiments éclatent, les personnalités profondes vont pouvoir se révéler.

Johann (Raphaël PERSONNAZ) se fait odieux, goujat pour ne pas dire parfait salaud. Derrière le gendre / père / fils idéal se cachait un monstre de lâcheté qui trouve tellement facile de blesser l'autre par les mots, par le mépris, par l'indifférence affichée. Il quitte Marianne pour Paula. Mais Paula n'est pas celle qu'il pensait et bientôt il expérimente la solitude de la vie avec l'autre, au point de vouloir revenir vers Marianne. L'homme un peu macho par lâcheté et par cynisme découvrira le pouvoir des sentiments.

Marianne (Laetitia CASTA) fera un chemin inverse. Au fil des moments importants de cette désunion, lui décline tandis qu'elle rayonne de plus en plus. Dans la scène finale il a trouvé sa petitesse dit-il alors qu'elle a trouvé sa grandeur. Et chacun a alors accédé à sa vérité et à sa sérénité. Entre-temps elle aura souffert, traversé des déserts d'amour, affronté ses démons, délié ses chaînes pour enfin se trouver, libérer ses émotions et les accepter. La femme parfaite mais sans relief s'est transformée en une femme mûre qui a confiance en elle. Lui a accepté ses propres limites, ses faiblesses, et avec humilité accepte enfin que l'amour puisse être de l'affection et de la tendresse.

SOBRIÉTÉ ET ÉPURE

Par leur jeu tout en sincérité et en sobriété ils forment un couple beau et sensible. Laetitia Casta n'est pas seulement belle, d'une beauté froide au début à une sensualité révélée, affirmée et apaisée à la fin de son parcours. Raphaël PERSONNAZ brille en gendre idéal qui se fragmente. Pas de passion dans ce couple trop propre sur lui. Mais comme le dit Johann : on ne nous apprend pas à gérer nos sentiments. Les barrages sont hauts à franchir, traces d'une éducation trop lisse, d'un cadre social trop figé. 

La mise en scène de Safy NEBBOU est épurée. La scénographie est simple, faite d'un décor aussi neutre que possible pour laisser la place au jeu des comédiens et au texte. Le bois du cadre et la forêt dans la brume qui illustre le fond de scène créée un univers bourgeois, rigide, carré, lisse. Une épure qui est transcendée dans la scène finale, toute en émotion et en finesse. Un happy-end comme le voulait le réalisateur suédois.


Scènes de la vie conjugale d'après le film d'Ingmar Bergman, adaptation de Safy Nebbou et Jacques Fleschi, mis en scène par Safy Nebbou, avec Laetitia Casta et Raphaël Personnaz


En bref : Une adaptation théâtrale avec une mise en scène épurée qui laisse la place au texte et au jeu des comédiens. Un voyage au cœur d'un couple en crise. La mort et la renaissance d'un amour. Une interprétation sensible dans une ambiance froide et bourgeoise.

Retrouvez toutes les informations spectacle et réservations sur le site des Théâtres Parisiens Associés en cliquant ICI


C'EST OU ? C'EST QUAND ?
55 Rue de Clichy 75009 Paris
du 3 février au 30 avril 2017
du mercredi au samedi à 21h - samedi et dimanche à 17h


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