lundi 7 novembre 2016

LE THEATRE COMME OUTIL DE MEDIATION ET DE PREVENTION DE LA RADICALISATION



Utiliser le théâtre pour parler de prévention contre la radicalisation c'est le pari de la pièce "Djihad" mais aussi de Yannick, acteur de terrain en banlieue parisienne. Dans les salles ou dans les lycées comment le théâtre libère-t-il la parole des jeunes sur un sujet sensible ?


PRÉVENTION : des mots à l'action, avec quels moyens?

Après l'attentat contre Charlie Hebdo le gouvernement a lancé un plan d'action contre la radicalisation et le terrorisme. Yannick Rudelle est directeur adjoint du pôle prévention de la mairie de Limay. Cette commune de l'ouest parisien compte 16000 habitants et est à 3 km de Magnanville où le 13 juin 2016 deux policiers étaient victimes d'un attentat islamiste.

Le projet élaboré par Yannick dans le cadre de ses missions est la création par une classe de terminale d'un spectacle sur la citoyenneté et la radicalisation. Pour ces jeunes de banlieue qui n'ont pas accès au théâtre, la pratique de cet art est un défi. Il faut apprendre la technique théâtrale (s'exprimer, gérer son corps, l'espace, la relation aux autres). Dans une deuxième phase ils écriront le spectacle qui sera présenté en juin aux autres élèves du lycée. Le projet s'inscrit dans le cursus des étudiants et sera noté.


Si la prévention de la radicalisation est un axe majeur de l'action du gouvernement les fonds manquent pour la mise en oeuvre. Dans les Yvelines, département fortement touché par la radicalisation, la préfecture n'a obtenu que 20% des sommes annoncées. Sur celles-ci environ 16000 euros ont pu être dégagés pour les actions de terrain, somme intégralement attribuée à la seule ville de Trappes. La majorité des fonds est affectée au fonctionnement, (affiches, numéro vert, séminaires de formation). Yannick doit batailler pour faire exister son projet par ailleurs très bien reçu par les administrations locales et par les lycéens qui s'impliquent avec enthousiasme et fierté.

ISMAEL SAIDI : "ma pièce pour réveiller les consciences"

Ecrit par Ismaël Saidi, un ancien policier belge, "Djihad" raconte sous forme de tragi-comédie le parcours de trois belges sur la route du Djihad. Depuis sa création le 26 décembre 2014 plus de 55000 personnes dont 27000 lycéens ont vu le spectacle. Il est à l'affiche des Feux de la Rampe et fait salle comble depuis septembre 2016. Déclaré d'utilité publique en Belgique, il était programmé le 30 octobre en ouverture de la conférence de l'Unesco sur la radicalisation des jeunes. 300 lycéens de Trappes qui ont pu le découvrir en avril 2016. Sous l'égide du ministère de l'Education Nationale il va être présenté dans 80 établissements scolaires...mais pas dans le bassin mantois. Yannick n'a pas encore le budget pour faire venir la troupe à Limay.

Ismael Saidi est lucide: ce spectacle populaire n'a pas la prétention de changer les mentalités. Mais il permet de libérer la parole. Chaque représentation est suivie d'une heure de débat. Loin des médias, sans jugement ni sanction les spectateurs profitent de ce temps d'échange pour s'exprimer. Un temps indispensable pour que les choses sortent.

Suivant depuis longtemps le spectacle de Ismaël Saidi j'espère que Yannick bouclera le budget qui permettra d'offrir aux jeunes du Lycée Condorcet la double satisfaction de créer une pièce de théâtre et d'aller voir "Djihad".



Pour en savoir plus :

Guide interministériel de prévention de la radicalisation
- Prévenir la radicalisation : le site Eduscol de l'Education Nationale
Le théâtre arme de dissuasion massive par Odile Tremblay dans le journal québécois Le Devoir
- Toutes les infos sur le spectacle Djihad le spectacle
-  Relire ma critique de la pièce sur le blog Le Théâtre Côté Coeur

Article écrit dans le cadre du mooc "écrire pour le web" de Rue89 

2 commentaires:

  1. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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  2. Merci pour cet article!
    La pièce "Djihad" est en bonne voie de faire escale à Limay!
    Je suis impatient de voir la pièce, d'entendre les débats et de rencontrer I. Saidi!

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