lundi 4 avril 2016

MARIE-ANTOINETTE(s)

VIBRANTE VISION D'UNE PERSONNALITÉ COMPLEXE
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WEEK-END "MARIE-ANTOINETTE EN SON THÉÂTRE"

Non je ne suis pas devenue un fervente défenseur de Marie-Antoinette, mais il faut reconnaître que le destin de cette femme a interpellé de nombreux auteurs et a suscité de nombreuses créations ces dernières années, notamment le film de Sofia COPPOLA. J'avais beaucoup aimé le MARIE-ANTOINETTE, LA DERNIÈRE HEURE de Bunny GODILLOT l'été dernier. Alors lorsque lors de la Gladparty opus 6 en janvier dernier j'ai gagné des places pour le weekend "Marie-Antoinette en son Théâtre" au Théâtre Montansier de Versailles j'étais doublement heureuse. Tout d'abord parce que j'allais explorer à nouveau le parcours de cette personnalité charnière de l'Histoire de France, ensuite parce que ce serait dans le théâtre où j'ai vécu mes premières émotions théâtrales il y a bien longtemps, lors d'une sortie scolaire. Mais recentrons-nous sur le spectacle.

LA SOLITUDE D'UNE REINE

Pauline SUSINI a choisi de commencer par le procès de la reine mal-aimée pour raconter sa vie, ses espoirs, ses rêves. De l'enfant arrachée à son pays et à sa famille pour épouser le Roi de France à la mère éplorée, de la jeune femme avide des plaisirs de la vie à la femme politique, de l'adolescente confrontée à la raideur du protocole à la femme délaissée par un mari falot, de la délurée du hameau à la condamnée à l’échafaud. Comme le dit la citation de Stefan SWEIG reprise dans le programme, aucune volonté d'idéaliser le personnage historique, mais la volonté de replonger l'individu dans le contexte historique, social, économique, en montrer sa fragilité, ses forces.

Trois comédiennes s'emparent tour à tour du personnage à différentes étapes de sa vie, explorant toute la complexité d'une femme dont l'histoire transmet une image négative la rendant parfois seule responsable des difficultés économiques et politiques qui secouèrent la fin de la royauté. Trois comédiennes pour illustrer un sentiment, un trait de caractère, une contradiction, une impulsion d'une femme plongée dans une situation qui la dépasse, dans un monde qui nie son identité, dans une société en pleins bouleversements.

Célia ROSICH, Kristina CHAUMONTSarah AMROUS  se complètent harmonieusement. Elles endossent alternativement le rôle-titre mais aussi, avec Baptiste RAILLARD,  ceux des hommes et des femmes qui jalonnèrent sa vie : ses dames de compagnie, sa mère l'impératrice, son beau-frère Charles, le Roi, le peuple, les comédiens qui la raillaient, les révolutionnaires. Seul l'accusateur restera invisible.

Le décor épuré laisse place à une simple chaise, celle de l'accusée. La voix off de l'accusation retentira à plusieurs reprises, comme pour ramener le public, spectateur du procès, à une certaine réalité. Les souvenirs de Marie-Antoinette, ses pensées sont nimbés d'une atmosphère onirique créée par l'harmonie des créations vidéo, sonore et lumière de Corentin SCHRICKE et Fanny GAUTHIER. Soudain la Galerie des Glaces fait irruption dans le procès, une fantasmagorie nous emporte dans une rêverie, avant de nous replonger dans les horreurs de certaines accusations.


OSER LA CRÉATION CONTEMPORAINE

Il faut saluer le travail de Geneviève DICHAMP, qui codirige le Théâtre MONTANSIER avec Frédéric FRANCK, et notamment sa volonté de promouvoir la création contemporaine. Un pari réussi avec un spectacle d'une grande qualité artistique, résolument moderne, qui utilise les outils numériques avec intelligence, mettant en valeur un texte de qualité et des interprétations d'une grande sensibilité

Cette création s'inscrivait dans un weekend spécial qui inscrivait également à son programme une conférence d'Evelyne LEVER sur l'Affaire du Collier de la Reine, des danses baroques en costumes par les associations BAL A VERSAILLES et LES TROIS MUSES, et une seconde création théâtrale LA LÉGÈRETÉ FRANÇAISE imaginant les échanges entre le peintre Elisabeth VIGEE-LEBRUN et son modèle. L'occasion de rappeler que le lieu fut inauguré par Marie-Antoinette et Louis XVI le 18 novembre 1777.

En bref : une mise en scène contemporaine et une écriture moderne qui permet de plonger dans les pensées et les souvenirs d'une personnalité complexe. Trois comédiennes pleines de charme et de sensibilité accompagnées par un comédien faisant preuve d'une belle palette de jeu. Une scénographie sophistiquée pour une ambiance qui mêle onirisme et angoissante réalité. Un travail à encourager et que j'espère voir programmé rapidement sur d'autres scènes.

C'EST OU ? C'EST QUAND ?
Théâtre MONTANSIER
13 Rue des Réservoirs 78000 Versailles
Le 2 avril à 21h / le 3 avril à 15h

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